Parmi les acteurs affichant leurs forces au dernier salon Teratec, HP était particulièrement bien représenté avec des solutions innovantes et notamment son serveur connu sous le nom de code Moonshot. Nous vous avons déjà parlé à plusieurs reprises de ce serveur haute densité équipé de puces basse consommation destinées aux grands acteurs du web, mais, à Palaiseau, la démonstration portait cette fois sur le HPC. Si HP a dans ses cartons un projet baptisé Apollo, spécifiquement développé pour répondre aux besoins en calcul intensif, le châssis 4,3U du Moonshot 1500 peut accueillir un grand nombre de cartouches (processeurs, stockage, réseau...) développés par une douzaine de partenaires (voir la liste en matériel et en logiciels). Et sur le stand de HP, nous avons pu découvrir une cartouche développée par Texas Instruments combinant 4 serveurs ARM et 8 DSP, soit une puissance de calcul de 500 gigaflops pour une consommation de 70 watts. Soit avec 45 cartouches un maximum de 22,5 téraflops pour une consommation d'environ 3,15 kilowatts pour les cartouches.

La cartouche de TI repose sur des puces System-on-Chips (SoC) baptisées KeyStone II combinant des processeurs multicoeurs ARM Cortex-A15, des DSP C66x programmable en C et un switch Ethernet. Texas Instrument n'est pas le seul acteur du monde ARM à travailler avec HP, Calxeda développe également une cartouche avec 4 serveurs pour le châssis Moonshot, mais avec une consommation de 20 watts (5 watts par serveur en fait) sans prendre en compte la consommation de la mémoire (1,5 watt par Dimm). L'idée est ici de proposer des machines pouvant être presque totalement désactivées la nuit ou dans les périodes creuses. Pour l'instant, HP n'envisage pas de commercialiser des châssis mixtes, avec des cartouches x86 Atom et ARM même si techniquement rien ne l'empêche grâce au cloisonnement sur le bus système. Les clients ne seraient pas encore prêts à gérer ce type de plate-forme.


La plate-forme KeyStone II de Texas Instruments combinant des processeurs multicoeurs ARM Cortex-A15 et des DSP C66x.

Sur ce salon, nous avons pu également discuter avec Philippe Trautmann, directeur des ventes EMEA pour le HPC et les POD. 30 % de l'activité de HP dans le HPC provient du secteur public, la majeure partie est réalisée avec l'industrie, la défense, les sciences de la vie et la prospection minière (gaz et pétrole). Et comme chez les concurrents, Dell ou IBM , les lignes bougent avec une forte poussée d'Intel et Nvidia sur les accélérateurs même si l'installation d'un système hybride CPU avec GPU ou Phi n'est pas une affaire triviale. En fait tous les acteurs sont d'accord pour dire qu'il est nécessaire d'associer la bonne plate-forme au bon code. Avec un code maison, il est plus facile de partir sur des GPU ou des Phi. HP est d'ailleurs convaincu qu'il est possible de répondre aux besoins des clients avec des solutions dédiées si la masse critique est suffisante. Ce qui signifie développer des co-designs sur du DSP ou des ASIC avec des partenaires comme pour le projet Moonshot. Un pari ambitieux que seul un acteur avec les épaules très larges est capable de mener à bien. Dans le domaine du HPC, HP ne compte pas seulement sur le projet Moonshot mais mise également sur le programme Apollo, un serveur très haute densité (160 serveurs combinant des Xeon et des Xeon Phi dans une armoire)) capable de fonctionner dans une salle à 27°. Un système pétaflopique est attendu chez un client en septembre.

Toujours bien représenté à Teratec avec Marc Mendez-Bermond, expert solutions de calcul intensif, Dell fait partie des acteurs qui montent en puissance sur le marché du HPC. Dell a déjà livré 350 téraflops au premier trimestre en France sur les marchés public et privé (pétrochimie, sciences de la vie, industrie numérique et ingénierie) selon M. Mendez-Bermond. A l'étranger, Dell met bien sûr en avant le supercomputer TACC de l'université du Texas équipé de 6400 Xeon Phi. Un système affichant une performance de 5,1 pétaflops en calcul soit la 6e machine mondiale au Top500. En puissance absolue, le TACC monte jusqu'à 10 pétaflops sur le papier, mais les CPU ne sont presque pas utilisés pour le calcul. Seule 60 % de la puissance de calcul est disponible, celle des accélérateurs Xeon Phi. La prochaine génération d'accélérateurs d'Intel, les Knights Landing avec une fabric Ethernet permettront de travailler avec des systèmes beaucoup plus efficaces.

En pour accompagner ses clients sur des solutions Xeon Phi, Dell et Intel vont ouvrir un centre d'expertise à Bordeaux avec le concours de ClusterVision.

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