Sans surprise, l'annonce de l'entrée en vigueur le 11 juillet dernier de la taxation des géants du numérique pilotée par Bercy avec à la manœuvre le ministre de l'Economie et des finances Bruno Le Maire, ne fait pas que des heureux. Le premier acteur à réagir - et non des moindres - n'est autre qu'Amazon qui en représailles n'a pas trouvé mieux que de répercuter l'addition sur les vendeurs qui utiliseront sa plateforme française pour écouler leurs marchandises à compter du 1er octobre prochain.
« A la suite de l’instauration en France d’une nouvelle taxe sur les services numériques au taux de 3%, nous souhaitons vous informer que nous serons contraints d’ajuster les taux de nos frais de vente sur Amazon.fr pour refléter ce coût supplémentaire. À compter du 1er octobre 2019, le montant des frais de vente que vous payez pour les ventes effectuées sur Amazon.fr augmentera de 3% », a indiqué le géant américain du e-commerce. « Cela pourrait mettre les petites entreprises françaises en position de désavantage concurrentiel par rapport à leurs homologues d'autres pays », a par ailleurs expliqué la société dans un courriel adressé à l'AFP.
Une « attitude minable » pour l'ONG Attac
Cette réaction d'Amazon n'a pas vraiment été bien perçue à Bercy qui espère que cette annonce servira d'électrochoc pour inciter les vendeurs à recourir à d'autres plateformes : « D'une part, les consommateurs prennent conscience qu'Amazon facture plus de 15 % de commission à ses partenaires de vente, c'est colossal ! Par ailleurs, cette riposte rend Amazon moins compétitif, et tant mieux, car son monopole nous inquiète. Cela permettra peut-être à d'autres plateformes de récupérer certains de leurs client », souffle-t-on du côté du ministère. De son côté, l'ONG Attac n'y allait pas par quatre chemins en n'hésitant pas à qualifier sur Twitter « l'attitude minable » d'Amazon.
La mise en œuvre de la taxe Gafa - qui touche toutes les entreprises réalisant un chiffre d'affaires minimum de 750 millions d'euros dans le monde et 25 millions en France - intervient dans un contexte où les relations franco-américaines se tendent. Le président des Etats-Unis, Donald Trump, a récemment qualifié cette taxe de « stupide » et menacé en « rétorsion » de taxer l'importation de vin français...
D'autres géants suivront-ils le même chemin qu'Amazon en augmentant leurs prix ? Google n'a pas encore réagi mais si tel était le cas, nulle doute que la polémique risquerait d'enfler au moment où l'on apprend que cette société n'a payé en France que 17 millions d'euros d'impôt soit autant qu'une... grosse PME française.