Il y a trois ans, Talend implantait un centre de recherche et développement à Nantes avec l’intention de recruter 100 développeurs en 2 ans. L’objectif fut dépassé, à 120 personnes fin 2018, aujourd’hui 130, avec des besoins de croissance qui ne faiblissent pas. L’éditeur français spécialiste des big data déploie donc un peu plus ses ailes au coeur de la région Pays de la Loire. Il y a quelques jours, la société créée en 2005 par Bertrand Diard et Fabrice Bonan (et cotée au Nasdaq depuis 2016) a inauguré son nouveau centre de R&D, toujours situé dans le quartier de la Création, consacré par Nantes aux nouvelles technologies, ainsi qu’aux métiers d’art et de design. « Un quartier en effervescence qui est vraiment à notre image et où nous souhaitions rester », nous a exposé Pascal Babin, le directeur du centre de R&D de Talend.
Le déménagement n'a demandé que quelques mètres puisque les nouveaux locaux - 2600 m2 sur 6 étages - se trouvent juste de l’autre côté de la rue. Cette fois, il est question d’y accueillir 250 personnes d’ici 2022 (150 dès la fin de cette année), à 90% des développeurs et des spécialistes de l’intelligence artificielle, mais des postes seront aussi ouverts sur des fonctions annexes aux profils technologiques. L’environnement tout juste inauguré offre beaucoup de place aux collaborateurs, depuis les lieux réservés aux réunions informelles jusqu’aux zones d’interactivité pouvant accueillir des équipes importantes. « Les nouveaux usages et façons de collaborer nous ont amené à créer de nouveaux espaces de réunion », explique le directeur du centre.
Beaucoup de recherche en data science
En trois ans, Talend a créé à Nantes un laboratoire d’expérience utilisateur où ses clients peuvent tester ses produits pour contribuer à les améliorer, ainsi qu’un laboratoire de recherche en machine learning et en intelligence artificielle que l’éditeur va renforcer en amont de ses développements. « Ce sont des technologies qui évoluent très vite et nos clients ont de plus en plus besoin de pouvoir adresser leurs problématiques en temps réel avec de très gros volumes, il faut développer de nouveaux algorithmes, et faire beaucoup de recherche en data science », rappelle Pascal Babin. Comme à la création du centre R&D, les profils recrutés à Nantes par l’éditeur restent d’une part concentrés sur l’expérience utilisateur et le design d’UI, avec des développeurs d’interfaces front end, en Javascript et React. S’y ajoutent de très nombreux profils de développeurs back end. On trouve d’autre part des spécialistes des technologies big data, Scala, Java. « Une grande partie des équipes est par ailleurs dédiée aux déploiements de nos solutions dans le cloud avec des profils devops », complète le directeur du centre. « Et puis autour de cela bien sûr, qualité, test, validation, etc. ».
« Sans oublier un service qui a été notre raison d’être à la création de Talend, c’est l’open source, nous sommes contributeurs sur les projets de la communauté Apache », rappelle Pascal Babin. « Les solutions de Talend s’appuient toujours sur l’open source et nous avons vocation à évangéliser sur ces technologies », souligne-t-il. Les équipes R&D nantaises contribuent ainsi au projet Beam (donation de Google à la communauté) sur lequel Talend appuie sa plateforme cloud. Beam permet d’exécuter des pipelines de traitement de données, en batch comme en streaming, sur Apache Apex, Flink et Spark et sur Google Dataflow. Les développeurs contribuent également à Apache Camel (framework d’échange de messages entre applications) et CXF (framework de développement de services web).
5 centres de R&D dans le monde
Outre Suresnes - où se trouve son équipe historique - et Nantes, Talend dispose de trois autres centres de R&D. L’un a été rapidement ouvert en Chine et les deux derniers sont issus d'acquisitions, à Bonn et tout récemment à Philadelphie, fruit du rachat de Stitch en novembre 2018, qui permettra à l’éditeur d’ajouter une brique à sa solution cloud. « L’équipe de Nantes travaille sur l’ensemble des briques logicielles de notre plateforme cloud et sur les produits on premise qui sont toujours à notre catalogue. Nous avons la chance de contribuer sur notre site à 90 à 95% des produits du portfolio de Talend », évalue Pascal Babin. « Nous ne travaillons pas de façon indépendante mais collaborons avec plusieurs centre de R&D ce qui favorise l’émulation dans un contexte international ». Si l’essentiel du « staff » nantais de Talend vient du bassin d’emploi local - l’éditeur s’y est installé pour bénéficier du vivier apporté par les nombreuses écoles d’ingénieurs de la région - on y trouve aussi des développeurs venant d’autres régions de France et, pour environ 5%, de l’étranger, tous recrutés d’abord pour les compétences qu’ils apportaient.
Une localisation attractive, des profils renouvelés
La recherche de profils technologiques reste un marché compétitif. Néanmoins, Talend parvient à trouver les compétences qu’il recherche. « Nous avons dépassé notre objectif de recrutement initial et, jusqu’ici, nous arrivons à proposer quelque chose d’unique en termes de carrière, de projet, de technologies utilisées qui font que l’on reste très attractif », constate Pascal Babin. La localisation du site y contribue. « Nous restons dans le centre ville de Nantes, cela permet à nos collaborateurs de pouvoir très facilement assister à des meet-ups, à des conférences, etc. ». Il rappelle que l’écosystème nantais propose un vaste panorama de salons, événements dans le domaine de la tech qui contribuent à l’attractivité de Talend même si le marché est plutôt tendu.
Interrogé sur les difficultés rencontrées dans cette quête, le directeur du centre en voit peu pour le centre nantais de Talend, si ce n’est celle de pouvoir recruter les personnes idéales pour les projets, à un moment donné. De plus en plus de profils se créent, dans la data science et sur la sécurité dans le cloud. « Ces profils sont plus difficiles à trouver aujourd’hui parce qu’ils n’existaient pas il y a peu. Le monde du développement change très rapidement, c’est une problématique que les écoles connaissent bien », pointe Pascal Babin. Il faut savoir s’adapter très vite pour pouvoir former les ingénieurs dans les technologies qui seront utilisées demain.