Syntec Informatique regrette le manque de SSII et d'éditeurs de taille moyenne
Le syndicat professionnel des SSII et éditeurs de logiciels livre les premières conclusions de son observatoire sur la concentration dans le secteur des logiciels et services.
En 2003, le cabinet d'études Gartner prévoyait une forte
concentration des SSII pour les deux années suivantes. La moitié d'entre elles devait connaître les délices d'un rachat. La prédiction ne s'est pas vérifiée. En France, le secteur des logiciels et services nargue les analystes en résistant à la vague internationale de concentration, comme le montre la dernière étude publiée par le Syntec Informatique.
Chaque année depuis dix ans, en moyenne, 89 opérations de rachats sont menées dans les logiciels et services en France. Elles portent sur des entreprises d'un chiffre d'affaires (CA) de 16 millions d'euros (ME) en moyenne. Au total, toujours par an et en moyenne, ces opérations de concentration se montent à 1,4 milliard d'euros. Plus qu'à ces chiffres généraux, les enseignements de l'étude tiennent à l'analyse par métier et par taille d'entreprise.
Par métier d'abord, une conclusion s'impose : les éditeurs se concentrent de plus en plus, alors que les SSII restent toujours rétives au mouvement. Chez les éditeurs, le nombre d'opérations menées a doublé ces deux dernières années pour atteindre 43 opérations en 2007. En valeur, la tendance est un peu faussée avec le « big deal » du rachat de Business Objects par SAP l'an dernier. En réalité, le mouvement est dû essentiellement à de petits éditeurs français non cotés qui rachètent d'autres petits éditeurs non cotés.
Les SSII se concentrent moins que les éditeurs
Concernant les SSII, la tendance à la concentration est encore plus faible, et elle concerne là aussi essentiellement de petites entreprises. La majorité des concentrations se fait dans les SSII de moins de 7,5 ME de CA annuel. Sur l'ensemble de la période considérée, 71% des opérations de concentration, dans les SSII, se font dans celles de moins de 7,5 ME de CA. [[page]]
Pour bien saisir la différence entre SSII et éditeurs, l'étude montre ainsi que les SSII concentrent 61% des opérations de rachat réalisées au cours de la décennie alors que les éditeurs n'en mènent que 32%. Mais en valeur, les éditeurs font 55% des « deals » alors que les SSII tombent à 38%. Le troisième secteur membre du Syntec Informatique, celui du conseil en technologie représente 7% des opérations en nombre et 7% aussi en valeur.
Voilà pour le constat. Il reste à comprendre. Prudent, le Syntec Informatique a simplement identifié des freins et des moteurs à cette concentration. Sur le premier point, le secteur est très disséminé du fait de la facilité à créer une entreprise, à s'installer sur une niche de marché, à agir en sous-traitance de grandes SSII. Ce dernier marché dit de « second niveau » permet aux SSII régionales de contourner les politiques de déréférencements menés par les grands comptes à l'encontre des petits acteurs.
En sens inverse, il note quatre points qui favorisent la concentration : la pression sur les prix, le recours à l'offshore, l'arrivée de nouveaux acteurs (SSII étrangères, opérateurs de télécoms), la recherche d'économies d'échelle qui tendraient à renforcer des acteurs de plus grande taille.
Forte natalité des petites SSII
On assiste donc, selon Romain Hugot, président de la Commission Economie-Marché du Syntec Informatique, à une consolidation du marché plutôt qu'à une concentration. A l'évidence, le syndicat le regrette. Le secteur n'arrive pas à créer des acteurs de taille moyenne capables d'affronter la concurrence. En matière de logiciels et services, la France est la terre bénite des petits éditeurs et des petites SSII. Le secteur reste d'ailleurs très nataliste souligne l'étude. Il est facile de créer son entreprise, mais 80% des sociétés créées restent inférieures à dix salariés et ont du mal à se développer.
Le syndicat compte sur les pouvoirs publics pour aider la profession à monter en régime. Avant les présidentielles elle avait élaboré un Livre Blanc. Aujourd'hui, elle table sur le Plan numérique de Nicolas Sarkozy, dont l'annonce a été repoussée d'une semaine, pour aider à constituer des entreprises de taille moyenne en France, ce qu'on appelle des entreprises de « mid market ».