Les logiciels de gestion de contenu doivent jongler avec la diversité des terminaux qui accèdent aux pages web, du smartphone à la montre connectée en passant par l’affichage grand format. La start-up française Strapi, qui vient de lever 9,1 M€, a pris cette complexité à bras le corps en développant un CMS headless, littéralement CMS « sans tête » qui décorrèle le back-end du front-end en livrant le contenu à travers une API basée sur Node.JS. Celle-ci est donc indépendante des outils de front-end qui peuvent être choisis librement par les développeurs, ceux-ci se tournant vers React, Angular, Next.js, Gatsby, Vue.js ou Nuxt.js. Ce type d’architecture qui sépare le front-end du CMS est désigné sous le nom de JAMstack (JavaScript, API et Markup). Dans ce paysage, les CMS headless reposant sur une API reliant aux contenus prennent la main. Strapi est une solution open source publiée sous licence MIT qui s’appuie déjà sur une communauté active de 400 contributeurs (13 000 soumissions de code) et affiche un million de téléchargements et plus de 300 plugins publiés sur npm (node package manager). On trouve sur GitHub plus de 4 000 projets liés à Strapi.
Le tour de table de série A de 9,1 M€ a été conduit par Index Ventures, avec la participation d’investisseurs indépendants, spécialistes de l’open source, dont Augusto Marietti, CEO et CTO de Kong (connectivité en cloud hybride), et Marco Palladino, CTO de Sentry (solutions d'APM). Ce financement intervient 6 mois après une première levée d’amorçage de 3,7 M€ réalisée avec Accel et Stride. Strapi a été créé en 2016 à Paris par Pierre Burgy, son PDG, Aurélien Georget, directeur produit, et Jim Laurie, directeur technique. Avec leur API prolongée d’une interface d’administration, l’équipe veut rendre le web plus rapide et plus sécurisé en maîtrisant les coûts pour faciliter la gestion des contenus web dans un contexte où les sites ont du mal à absorber les volumes croissants à manipuler.
L'interface Content Manager. (agrandir l'image)
Faire croître la communauté
Avec les fonds levés, Strapi entend avant tout faire croître la communauté qui la porte et développer les fonctionnalités les plus demandées sur la feuille de route publique de son produit. La start-up prévoit aussi de redoubler d’efforts sur ses tutoriels. L’architecture de son CMS headless est conçue autour d’un système de plug.in et l’équipe a créé un composant React, Buffet.js, pour permettre de créer d’autres plug.in sur la même base. Il faut également renforcer les efforts sur ce système de plug.in, explique Strapi.
Deux versions du produit sont disponibles : une version communautaire et une version Entreprise. Pour établir un modèle économique durable, l’éditeur open source va par ailleurs développer un ensemble de fonctionnalités payantes, là aussi fournies sous forme de plugins, pour aider les équipes marketing et produits à maîtriser la gestion de leurs contenus à grande échelle. Dans ce domaine, Stapi a récemment noué un partenariat avec Platform.sh qui permet de gérer les grandes flottes de sites web.
La start-up française a également l’intention de s’établir outre-Atlantique en ouvrant son premier bureau à San Francisco où elle a recruté Victor Coisne, ancien chef de la communauté Docker, au poste de vice-président du marketing.