Dans une interview accordée à IDG India, Stephen D. Milligan, CEO de Western Digital, Siva Sivaram, vice-président excutif de Western Digital et Supria Dhanda – vice-président & directeur national de Western Digital India, offrent des éclairages sur les stratégies de fusions-acquisitions et de croissance de l’entreprise pour le futur.
Comment s’est passée l'intégration du portefeuille des multiples entités rachetées par Western Digital ?
Stephen Milligan : Voilà un certain temps que Western Digital pratique des fusions-acquisitions, et je suis assez satisfait de la façon dont se sont déroulées les diverses opérations. Notre objectif était de construire une plate-forme de stockage de données dans l'industrie et je pense que c'est ce que nous avons fait en grande partie. Je me réjouis aussi de la réaction des clients et du marché. Avec ces fusions-acquisitions, nous n’étions plus un simple vendeur de disques durs et de supports flash et nous avons eu besoin d’un peu de temps pour comprendre comment tirer pleinement parti de toutes les capacités dont nous disposions. Je crois que nous commençons à faire de nouvelles percées dans ce domaine.
WD compare aujourd’hui les données à un gisement de pétrole. Qu’est-ce qui, dans ce que vous apportez de nouveau, peut intéresser les marchés ?
Stephen Milligan : En premier lieu, nous voulions être sûrs de pouvoir offrir aux clients le portefeuille le plus complet possible de façon à répondre à l'ensemble de leurs besoins. Il nous fallait combler certaines lacunes du point de vue de l'offre de produits dans quelques secteurs plus relatifs du côté de SanDisk. Par exemple, nous n'avions pas d'offre d'appareils mobiles UFS. De plus, SanDisk n’était pas assez présent dans certains secteurs où Western Digital/HGST étaient traditionnellement plus forts. Jusqu'à présent, nous avons consacré la plus grande partie de nos efforts à cet aspect.
En quelques années, Western Digital a réussi à construire une gamme de baies fichiers, blocs et objets pour le stockage. (crédit : S.L.)
La question à laquelle il nous faut désormais répondre, c’est de savoir quels sont pour nous les nouveaux débouchés commerciaux. Plusieurs secteurs différents nous intéressent au plus haut point. Nous avons commencé à nous transformer pour devenir une entreprise d'infrastructure de données. C'est ce statut qui nous oriente vers nos nouveaux domaines d’intérêts. Par exemple, nous n'avons pas l'intention de concurrencer qui que ce soit dans ce secteur, mais le marché du traitement ou celui des processeurs a été dominé par deux acteurs historiques que sont Intel pour le datacenter et ARM pour les appareils mobiles. Quand on analyse les besoins de ce monde centré sur les données, ces technologies ou ces capacités de traitement ne répondent pas nécessairement à certaines de ses attentes. C’est pourquoi, nous sommes un fervent partisan des initiatives RISC-V qui permettraient d’un peu mieux y répondre.
Si vous n'avez pas l'intention de concurrencer Intel, quelle est votre position ?
Siva Sivaram : Western Digital favorise l'écosystème. RISC-V est une architecture [processeur] open source. Nous ne fabriquons et ne vendons pas de puces, sauf pour équiper nos propres appareils. Les puces que nous fabriquons et que nous vendons actuellement sont basés sur une architecture de type RISC-V. Mais pour que l’initiative RISC-V réussisse, nous avons besoin de plus de soutien. Et nous constatons qu'il y a beaucoup d’entrain et d'encouragement autour de cet écosystème. Nous avons soutenu une conférence collaborative à IIT Chennai pour laquelle nous n'étions même pas le sponsor principal, et à notre agréable surprise, la réaction de la communauté des développeurs a été extraordinaire.
Parlez-nous des initiatives RISC-V de Western Digital
Stephen Milligan : Nous envisageons d'utiliser le RISC-V, car si l’on considère l’ensemble des produits que nous avons livré, ceux-ci intègrent environ un milliard de cœurs. À l’avenir, nous comptons incorporer du RISC-V dans nos produits. Nous pensons que c'est une occasion intéressante, non pas pour pénétrer le marché des processeurs, mais pour bâtir l’écosystème que nous voulons favoriser. Plus nous aiderons nos clients à tirer plus de valeur de nos produits, plus le cycle deviendra virtuel et plus nous stockerons de données. Il se passe des choses intéressantes dans le domaine des fabrics de données, que nous explorons également, en particulier, les périphériques de stockage connectés à Ethernet.
L'informatique quantique est un mot à la mode, quoique futuriste. Envisagez-vous de faire d’importants investissements dans l'informatique quantique ?
Siva Sivaram : Nous investissons beaucoup dans les technologies évolutives qui doivent nous faire passer à l'étape suivante. Le quantique est une avancée révolutionnaire. Nous devons donc être prudents. Nous suivons ce qui se passe, et l’informatique quantique est toujours pour nous une opportunité viable pour l'avenir. Mais pas en tant que source de revenus pour nos prochaines projections à long terme.
Quelle est votre stratégie pour l’Inde ?
Stephen Milligan : Nous augmentons notre main-d'œuvre et nous allons maintenir cette forte tendance. Pour ce qui est des opportunités du marché, en d'autres termes, pour ce qui est de vendre plus de produits Western Digital en Inde, les perspectives sont très enthousiasmantes. Nous aimerions vraiment trouver un moyen d'aider l'Inde dans l'écosystème plus large. À mon avis, l’Inde a besoin ou souhaite mettre en place un secteur IT qui lui est propre et je pense que c'est une énorme opportunité pour le pays.
Supria Dhanda : Western Digital possède une grande expérience de travail dans différentes régions. En particulier, nous sommes très attentifs au partage des meilleures pratiques, nous assurer que nous délivrons un écosystème influent. De plus, l'Inde est un grand pays de R&D. Beaucoup d'acteurs locaux abordent ce sujet des données très différemment. Nous voulons favoriser cette approche, et bien sûr établir des partenariats pour aller de l'avant.