Changement de génération à la tête de l'opérateur historique, Stéphane Richard - 49 ans - remplace Didier Lombard - 68 ans. Le premier sera nommé directeur général le 1er mars en charge du groupe. Didier Lombard paie sa mauvaise gestion de la crise de confiance au sein du groupe.
France Telecom aura attendu la soirée pour officialiser la nouvelle : Stéphane Richard prend les rênes de l'opérateur historique. Il passera le 1er mars du poste de directeur général délégué au poste de directeur général en charge de la gestion opérationnelle du groupe. Didier Lombard paie ainsi sa mauvaise gestion de la récente crise de confiance au sein de l'opérateur et de la vague de suicides de ses employés. Didier Lombard devait originellement céder son poste de PDG et ses responsabilités au printemps 2011.
Pour réaliser ce passage de relais, les fonctions de PDG occupées jusqu'alors par Didier Lombard seront dissociées entre celles de président et celles de directeur général. Cette proposition sera faite officiellement au Conseil d'administration de l'entreprise du 24 février prochain, la dissociation des fonctions de Président et de Directeur Général étant effective à compter du 1er mars 2010.
Stéphane Richard, actuel Directeur Général Délégué, deviendra Directeur Général, en charge de la gestion opérationnelle du Groupe. A ce titre, il aura notamment la responsabilité de mettre en oeuvre le nouveau projet industriel ainsi que le nouveau contrat social qui seront présentés prochainement. Didier Lombard se verra en tant que président chargé de la définition des orientations stratégiques et technologiques du Groupe, des domaines qui l'ont toujours passionné, bien avant qu'il ne devienne le patron de l'opérateur.
Dans un entretien au Figaro en date du mardi 2 février, Didier Lombard analyse les événements de ces derniers mois. A propos de la série de suicides subis par l'entreprise, il admet qu'il "aurait certainement dû agir plus tôt", expliquant que la "relation très affective à l'entreprise explique pour partie les drames que nous avons connus." Quant à ses missions à court terme, il annonce qu'il s'"attachera à faire fonctionner le conseil d'administration. "
Photo : Stéphane Richard, nouveau directeur général de France Télécom (D.R.)
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Au passage, il rappelle que la lutte pour un opérateur télécoms se déroule au niveau des technologies, et que France Telecom a su prendre le virage de la voix sur IP qui n'était pas gagné d'avance. "Si nous avions fait de la résistance passive en nous cantonnant au réseau voix classique, les clients seraient partis ailleurs." Didier Lombard fixe également les lignes pour le nouvel opérateur : des réseaux puissants, évoquant au passage son débat à Davos avec Eric Schmidt, PDG de Google, dont il critique depuis des années la stratégie de "coucou" qui fait son business sur les coûteux réseaux des opérateurs.
Dans la foulée du communiqué de France Telecom, l'association ADEAS (Association de Défense de l'Epargne et de l'Actionnariat Salarié) s'est engouffrée dans cette nouvelle situation afin de partir à la chasse de la rémunération de Didier Lombard qu'elle juge « injustifiable. ». Selon l'association, la rémunération de Didier Lombard désormais âgé de 68 ans, a été de 1,6 millions d'euros en 2009. L'ADEAS soutient l'arrivée de Stéphane Richard et rappelle que le personnel de France Telecom est le deuxième actionnaire de l'opérateur en possédant près de deux milliards d'euros en actions.
Si cette association critique la politique «principalement financière menée par Didier Lombard » et avec qui le cours de l'action de l'opérateur « s'est effondré de 30% entre son arrivée et son départ, passant de plus de 24 € à 16,80 €. », elle reconnaît toutefois incidemment que les « dividendes servis permettent de maintenir une rentabilité acceptable pour les actionnaires » tout en critiquant le fait que ces dividendes « absorbent désormais la quasi-totalité du résultat, obérant d'autant les capacités d'investissement de l'entreprise. »
Didier Lombard pour sa part, toujours dans l'entretien au Figaro veut retenir que lorsqu'il est "arrivé, France Télécom croulait sous sa dette. Cinq ans plus tard, l'entreprise est toujours là , leader sur tous ses marchés en France. France Télécom est le 7ème opérateur mondial, présent dans 32 pays. En 5 ans, nous avons gagné 50 millions de clients : 3 % des habitants de la planète sont clients chez nous. La dette a diminué de 30 % et nous dégageons l'un des meilleurs rendements du CAC 40".