Le Procureur de la République vient de requérir une peine de 3 ans d’emprisonnement dont 18 mois ferme à l’encontre de Stéphane Richard, actuel PDG d’Orange, dans le cadre de l’affaire de l’arbitrage entre Bernard Tapie et Le Crédit Lyonnais sur la vente d’Adidas. Au moment des faits, en 2008, Stéphane Richard était directeur de cabinet de Christine Lagarde, alors ministre des Finances. Dans cette affaire, il représentait la ministre qui avait pris la décision de passer par un tribunal arbitral pour ce dossier. Contre Bernard Tapie, 5 ans de prison ferme ont été requis. Il s’agit de la dernière semaine d’audience du procès relatif à cet arbitrage. Devant le juge, Stéphane Richard a minimisé son rôle et exprimé n’avoir été que la voix de Madame Lagarde dans cette affaire.
Cette épée de Damoclès placée au-dessus de la tête du PDG d’Orange inquiète dans les rangs du premier opérateur de télécommunications français. Contacté par téléphone, Sébastien Crozier, président de la CFE-CGC Orange, le confirme. « Nous essayons de comprendre comment le personnel le ressent et les premiers retours sont dans la même veine, les réquisitions sont tout de même assez violentes et les salariés sont choqués, d’autant qu’il s’agit d’une affaire externe à la société », nous a-t-il rapporté. Cette inquiétude renvoie les salariés du groupe à la crise qu’ils ont traversée au moment de la succession de suicides intervenus dans les rangs de leur entreprise, alors France Télécom, entre 2008 et 2009, à la suite d’une réorganisation qui s’était accompagnée de méthodes de management très controversées.
Le président qui a conduit un projet d'entreprise chez Orange
Dans le procès actuellement en cours de l’arbitrage entre Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais, « lorsque vous écoutez le réquisitoire, le Procureur général dit que les coupables ne sont pas là », poursuit Sébastien Crozier. « Les salariés d’Orange ne veulent pas changer de président, Stéphane Richard est celui qui a ramené la paix sociale et ils lui sont reconnaissants pour cela. C’est lui qui a tenu le cap du navire pour que l’on ne sombre pas face aux turbulences, après la période post-suicides et l’arrivée de Free », ajoute le président de CFE-CGC Orange. « C’est le président qui a conduit un projet d’entreprise, notamment avec le déploiement de la fibre qui génère une dynamique. Changer de capitaine n’est pas leur demande ».
Le procès s'achève vendredi prochain. En 2016, lorsque Christine Lagarde s'était elle-même exprimée sur l'arbitrage, devant la Cour de justice de la République, elle avait de son côté dit avoir fait confiance à son directeur de cabinet.