SMSI : Les Etats-Unis ne lâchent rien sur le contrôle d'Internet
Les négociations préalables à l'ouverture du SMSI auraient débouché sur un compromis entre les participants : si l'Icann, l'organisme gouvernant le web sous tutelle de l'administration américaine, ne voit pas ses attributions modifiées, il se voit complété d'un forum censé représenté la communauté internationale.
A défaut d'aboutir à une réelle réforme, les participants aux discussions préalables au SMSI (Sommet mondial sur la Société de l'Information du 16 au 18 novembre à Tunis) ont débouché sur un compromis boiteux contentant surtout les américains. Les revendications contenues dans les différents projets ont ainsi été synthétisées pour donner naissance à un forum international. Les Etats-Unis respirent : l'Icann et son rôle central sont épargnés. L'Europe sourit : le forum oriente la gestion du web vers plus de coopération internationale.
Au final, l'annonce de la création de ce forum donne l'image d'une solution a minima, pensée davantage pour ménager les susceptibilités que pour véritablement changer l'ordre des choses. En dépit d'une composition légitime - représentants de gouvernements, membres de la société civile et du secteur privé - ce nouveau "machin" ne possèdera cependant pas de mission précise. On sait simplement qu'il sera chargé de dossiers comme la lutte contre le spam ou la cybercriminalité. Surtout, l'autorité du forum international ne prévaudra pas sur celle de l'Icann qui restera, de fait, sous l'égide de l'administration américaine, l'organe de gouvernance par excellence du réseau mondial.
Un compromis satisfaisant tout le monde, une réforme en trompe-l'oeil
En marge du SMSI, tous les observateurs et la grande majorité des participants s'interrogeaient et débattaient sur la pertinence du modèle actuel de gouvernance du web. Près d'une dizaine de projets prévoyant la réforme, l'aménagement ou la révolution du schéma axé autour de la toute puissance de l'Icann ont été déposés et âprement discutés par les 170 pays représentés au Sommet. Si tous ces projets avaient leurs caractéristiques propres et leurs particularités, on peut néanmoins établir une simple dichotomie : d'un côté les Etats-Unis, soutenus par les géants du secteur IT, entendent conserver leur gestion exclusive du web ; de l'autre, le reste du monde souhaite une internationalisation de la gouvernance. Et a une nouvelle fois échoué, les Etats-Unis - via le département du commerce, administration de tutelle de l'Icann - conservant toute ses prérogatives.