« C’est ici que tout a démarré en avril 2013 à Montreuil, dans ce local autrefois industriel. Nous avons démarré en même temps que l’École 42 et le Wagon » indique Frédéric Bardeau, président et co-fondateur de Simplon en guise d’ouverture de ce point organisé pour le 10e anniversaire du réseau d’écoles. « On a un pied dans chaque camp : le monde de l’impact et le monde de la technologie. Nos formations sont ancrées dans les quartiers » poursuit-il, avant d’ajouter « le saint graal c’est l’insertion professionnelle ». Frédéric Bardeau, qui a été nommé personnalité IT de l'année 2022 par les lecteurs de LMI, ne cache pas sa fierté face à ce qu’il a accompli. L’entreprise sociale et solidaire, spécialiste de la formation aux métiers du numérique, célèbre aujourd’hui ses 10 ans et dresse un beau bilan. Plus de 30 000 personnes ont été formées dans le monde et ont pu acquérir des compétences dans le domaine du numérique dans plus de 360 formations. En France, cela représente environ 14 000 personnes.
Pour ce faire, Simplon a notamment compté sur un investissement massif de la part de l’État, Pôle emploi, les régions, ainsi que des fonds philanthropiques. Un budget qui grimpe à 30 millions d’euros. Une équipe de 250 employés permanents et de 150 formateurs indépendants sont également pour beaucoup dans la réussite des écoles Simplon. Devenue une « fabrique de talents du numérique » pour les entreprises françaises, son réseau s’est largement agrandi ces dernières années, portant le nombre d’écoles à plus de 127 Fabriques (Ecoles et CFA) sociales du numérique en France (82 en propre dans l’Hexagone) et dans 22 autres pays. Preuve de son succès, Frédéric Bardeau précise que 70 % des diplômés trouvent un emploi dans les six mois. L’inclusion, qui a une place toute particulière dans le réseau des écoles Simplon est également bien représenté : 40 % de ses diplômés sont des femmes, 12 % sont des personnes en situation de handicap, et enfin 10 % sont des migrants.
Un réseau propulsé par des partenariats avec des géants technologiques
Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des télécommunications, présent à distance, n’a pas manqué de saluer l’initiative qui répond selon lui à l’objectif de « doubler le nombre de personnes formées d’ici la fin de la décennie » et à la « nécessité absolue de lutter contre l’illettrisme ». Il ajoute que l’« ambition a été atteinte dans les formations Simplon pour offrir une place conséquente aux femmes et arriver à la parité dans ces métiers ». Toutefois, pour réussir, le réseau d’écoles Simplon s’est tourné vers des géants technologiques pour multiplier les partenariats. À ce choix, Jean-Noël Barrot répond que l’organisation a réussi à « conserver l’âme de Simplon », avec une dimension sociale et solidaire qui lui est propre.
L’exemple le plus marquant est celui de Microsoft, qui, depuis 2018, s’est engagé avec Simplon. 50 écoles sur l’intelligence artificielle ont ainsi été créées, attirant plus de 900 personnes sur des formations variées, dont 31 % de femmes et avec un taux de sorties positives de plus de 98 %. Un résultat qui repose sur la responsabilité des entreprises comme l’affirme Jean-Philippe Courtois, executive vice-president and president, national transformation partnerships, Microsoft : « Cette réussite suppose que les entreprises s’engagent », ajoutant que « si les entreprises ne sont pas proactives, Elles vont être obsolètes ». Un point de vue que partage Aliette Leleux, présidente de la Fondation Accenture : « Accenture a du mal à faire du recrutement inclusif. Si l’on veut aller vers d’autres talents on a besoin de Pôle emploi et de Simplon par exemple ». Et pour cause : Accenture, multinationale présente dans plus de 120 pays, a pour habitude d’imposer de nombreux critères dans ses recrutements, notamment le fait d’être bilingue, une compétence que les apprenants chez Simplon n’ont pas toujours.
Table ronde (De G à D) : Muriel Barnéoud, directrice de l’engagement sociétal Groupe La poste, Jean-Philippe Courtois, executive vice-president and president, national transformation partnerships Microsoft, Oriane Cappella, vice-présidente responsabilité sociétale Ubisoft, Aliette Leleux, présidente de la Fondation Accenture, Isabelle Giordano, directrice de la Fondation BNP Paribas, et Frédéric Bardeau, président et co-fondateur de Simplon. (Crédit : CS)
Plusieurs initiatives à venir : le jeu vidéo et l’IA à l’honneur
France Compétences a récemment validé deux titres professionnels pour Simplon, de niveau bac +5 : « concepteur intégrateur d'applications de réalité virtuelle et 3D temps réel » ainsi que « expert en infrastructures de données massives (data engineering) ». Les deux formations seront proposées dès la rentrée prochaine afin de répondre aux dernières tendances autour du jeu vidéo, XR (réalité augmentée, mixte, assistée et virtuelle), métavers ou encore de l’intelligence artificielle et de la data. Une école dédiée à l'industrie française du jeu doit également voir le jour. Simplon a en effet remporté l’appel à projet France 2030 « La Grande Fabrique de l'Image » et compte établir une école exclusivement axée sur la formation des professionnels de l'informatique et de la technologie pour l'industrie des jeux en France.
Simplon compte par ailleurs poursuivre son partenariat avec le Groupe La Poste. Des programmes de reconversion professionnelle seront proposés pour développer une mobilité interne au sein du groupe. Des postiers pourront ainsi se tourner vers les métiers IT du Groupe, tels que systèmes et réseaux ou concepteurs développeurs. Pour Muriel Barnéoud, directrice de l’engagement sociétal, Groupe La Poste, « la data et l’IA, nous en avons besoin pour nos propres métiers - notamment en tant que banque, assureur, logisticien - et pour nos clients ». En 2016, La Poste a donc démarré par une montée en compétences de ses équipes. Aujourd’hui, elle compte 400 data scientists, une véritable réussite pour le Groupe.
Souhaitant également se positionner sur les problématiques RSE, Frédéric Bardeau a annoncé une promotion dite « de l'informatique et de l'intelligence artificielle vertes ». Cela fait suite à un appel à Manifestation d’intérêt « Compétences et métiers d’avenir » remporté par le réseau d’écoles sur le volet verdissement du numérique. Enfin, l’organisation veut poursuivre ses efforts en matière de soutien aux personnes en situation de handicap, sur le recyclage et l'amélioration des compétences des employés, et sur l'expansion de sa portée internationale. Simplon s’associe donc à des entreprises comme Accenture, BNP Paribas, ou encore Microsoft.
L’impact de l’IA sur l’emploi est déjà là
S’il y a bien un point qui marque les esprits, c’est que Simplon s’adapte très rapidement aux réalités du marché, notamment du point de vue de l’intelligence artificielle générative et l’immersif. Et si Jean-Noël Barrot tient à rappeler que l’État est aussi présent sur ces tendances via des investissements massifs dans l’IA, le travail réalisé par Simplon est conséquent. Lorsque l’on demande à Frédéric Bardeau quel est et pourrait être l’impact de l’IA sur l’emploi, ce dernier répond que l’impact est déjà là. « On reproduit l’environnement professionnel tel qu’il sera dans la réalité. On ne peut pas être en décalage avec les pratiques de l’entreprise » poursuit-il, avant de conclure « je ne crois pas au grand remplacement ».