Un milliard de dollars : c'est la somme que consacre IBM au rachat d'Informix Software, l'activité bases de données d'Informix Corporation. La transaction, plutôt inattendue, se fera en numéraire. Pour IBM, l'objectif est clair : "Nous voulons apparaître comme la seule alternative face à Oracle sur le marché des bases de données distribuées", affirme Marc Dupaquier (photo), vice-président monde de l'IBM Software Group, Data Management Sales. Le géant américain héritera d'une base installée d'une centaine de milliers de clients, parmi lesquels les opérateurs Deutsche Telekom et Verizon ainsi que Sabre (réservation aérienne) et Sears Roebuck (chaîne américaine de grands magasins).
Un constat s'impose : Informix n'a pas pu réaliser son rêve d'une base de données fédératrice, le projet Arrowhead, rassemblant ses technologies. "Informix manquait d'argent pour le faire", estime Marc Dupaquier. "IBM, qui réalise 2,5 milliards de dollars sur la partie Data management, a les moyens de mener cette politique à terme."
La marque Informix disparaîtra du paysage informatique, mais dans le cadre d'une transition douce. "Nous maintiendrons tous les produits au moins jusque fin 2003. Plusieurs nouvelles versions de RedBrick ou de Dynamic Server sont prévues. En fait, nous remplaçons Arrowhead par le projet Blue Arrowhead : les technologies Informix seront partiellement intégrées à DB2 v8 (fin 2002) et la fusion sera complète dans la version 9, fin 2003". L'harmonisation des grilles tarifaires sera également un chantier d'envergure, IBM facturant DB2 au processeur et Informix disposant de plusieurs modèles de licences. "Dans l'immédiat, nous ne changeons rien ; les clients communs y gagneront quand même, grâce aux ristournes sur le volume", explique Marc Dupaquier. "Quant aux offres conjointes, il faudra attendre l'approbation définitive du rachat, cet été".
Par ailleurs, IBM a également annoncé un partenariat avec Ascential Software, l''autre moitié d'Informix Corp., dans le domaine des entrepôts de données. Le produit DataStage du second sera intégré à Warehouse Manager du premier, un outil complémentaire à DB2 pour la gestion de datawarehouses.
Une diversification peu probante
Cette acquisition marque pour Informix la fin d'une période tourments de plusieurs années. L'éditeur a du se rendre à l'évidence en 1999 que les bases de données ne faisaient plus recette : cette année-là , Dataquest le créditait d'une part de marché mondiale de 4,3 %, alors que ses principaux concurrents, IBM et Oracle, atteignaient les 30 % et Microsoft 13 %. Pour ne rien arranger, Informix est épinglé http://www.weblmi.com/news/2000/20000113%2D3.htm par la Securities and Exchange Commission, le gendarme américain des opérations financières, pour falsification de ses comptes en 1997 et 1998. Informix tente alors une diversification dans le commerce électronique et le décisionnel. Pour enrichir son catalogue de solutions, l'éditeur se permet deux acquisitions en 1999 : Cloudscape http://www.weblmi.com/news/1999/990917%2D5.htm, éditeur d'une base de données écrite en Java pour l'informatique mobile et celui, lourd, d'Ardent Software http://www.weblmi.com/news/1999/991202%2D5.htm, spécialiste des entrepôts de données et de l'ETL (extraction, transformation et chargement de données). Mais la greffe prend difficilement.
Durant l'été 2000, la crise est évidente. Le PDG Jean-Yves Dexmier est remercié ; lui succède Peter Gyenes, ancien patron d'Ardent Software. Le changement de stratégie ne se fait pas attendre : licenciement de 10 % des effectifs, scission http://www.weblmi.com/daily/2000/0810/sgbd.htm de la société en deux entités : l'une, Informix Software, consacrée aux bases de données, l'autre, Ascential Software, pour les activités liées à l'e-business. Certes brutale, la manoeuvre a été payante : au premier trimestre 2001, Informix est de nouveau bénéficiaire (14 millions de dollars), bien que son chiffre d'affaires ait régressé de 18,5 % à 97,2 millions de dollars.