SentinelOne a officialisé son intention de s'introduit en bourse. Comme toute société souhaitant être cotée à Wall Street, ce spécialiste de la cybersécurité a dû fournir à la SEC, le gendarme américain des marchés financiers, une présentation détaillée de son activité. L'occasion d'en savoir beaucoup plus sur un éditeur qui n'a, jusqu'ici, pas l'obligation de publier ses comptes. Le document de 180 pages confirme en premier lieu le dynamisme des ventes de son offre de protection des terminaisons réseau. Au cours de son exercice 2021 (clos le 31 janvier), l'entreprise a vu ses revenus progresser de 100,2% sur 12 mois et atteindre ainsi les 93,1 M$. Mais, dans le même temps, ses pertes se sont aussi creusées, passant de 76,6 M$ lors de l'exercice 2020 à 117,6 M$ un an plus tard.

Une plateforme qui se démarque de celles des concurrents

SentinelOne fournit une plateforme XDR (Extended Detection and Response, ou détection et réponse étendues) couplée à de l'intelligence artificielle. Elle permet aux entreprises de repérer des malwares sur divers équipements allant des serveurs jusqu'aux notebooks des collaborateurs. L'éditeur est en concurrence avec de plus gros acteurs que lui, tels que CrowStrike ou Palo Alto Networks. Sa solution de distingue par une fonction grâce à laquelle il est possible de remettre un système dans l'état où il se trouvait avant une atteinte à sa sécurité « en un seul click ».  

Pour commercialiser son XDR, l'éditeur fondé en 2013 compte désormais quasi exclusivement sur son réseau de partenaires, notamment constitué de distributeurs, de revendeurs, de MSSP, ou encore d'OEM. L'an dernier, il a contribué à hauteur de 96% au chiffre d'affaires de SentinelOne. Ce sont 4 points de plus que lors de l'année fiscale précédente. Dans le monde, les deux partenaires les plus importants du fournisseur sont le VAD français Exclusive Networks et le revendeur américain SHI International. A travers le premier transitent 19% du chiffre d'affaires de l'éditeur, contre 13% pour le second.  

4 700 entreprises clientes, +74% en un an

Lors de l'exercice 2021, 30% des ventes de SentinelOne ont été réalisées à l'international, soit 3% de plus en un an. Cette proportion doit encore augmenter, puisque des investissements et des embauches sont récemment intervenus pour concrétiser des plans d'expansion en Asie-Pacifique, en EMEA et en Amérique Latine. A la fin avril 2021, l'entreprise employait 850 personnes dont plus de 450 sont basées aux Etats-Unis. En près de quatre trimestres, ses effectifs ont ainsi grimpé de 89%. SentinelOne le doit principalement à sa croissance organique et, dans une moindre mesure, au rachat de la startup Scalyr en février dernier pour 155 M$. Celle-ci conçoit des outils d'analyse de logs. Côté portefeuille clients, SentinelOne revendique 4 700 entreprises utilisatrices de sa solutions à travers 80 pays. Elles étaient 2700 un an auparavant.

Pour l'heure, SentinelOne n'a pas encore communiqué sur le nombre d'actions qu'il va mettre en vente. Le produit qu'il tirera de son entrée en Bourse servira notamment aux développement de produits, à couvrir des coûts administratifs généraux, et à supporter des dépenses en capital. Une partie pourrait aussi être utilisée pour réaliser des opérations de croissance externe ou investir dans des technologies, des solutions ou des entreprises complémentaire.

Un marché boursier accueillant pour la cybersécurité

Des fonds, SentinelOne en a déjà récolté beaucoup. Depuis sa création, l'éditeur a réalisé 8 tours de table qui lui ont permis de lever 696,5 M$ au total. Son entrée prochaine en bourse intervient à un moment plutôt favorable pour les entreprises de son marché. Il y a deux mois, la société américaine KnowBe4 (formation de sensibilisation à la cybersécurité) a tiré 152 M$ de son entrée au Nasdaq. Fin avril, Darktrace levait de son côté l'équivalent de 230 M$ à la bourse de Londres. Pour connaître le même succès, SentinelOne devra convaincre les investisseurs de l'accompagner alors que l'entreprise ne fait pas encore une priorité de la réduction de ses pertes.