(Source EuroTMT) A force de répéter en boucle qu'ils sont prêts à racheter à Vodafone sa participation de 44 % dans SFR, les dirigeants du conglomérat que forme Vivendi ont fini par convaincre les analystes que l'opération était déjà programmée. Et ce alors même que du côté Vodafone, le géant britannique n'a jamais semblé être très ouvert à envisager une telle opération qui le ferait sortir de l'un des principaux marchés européens.
Pour autant, la banque JPMorgan vient ainsi de publier une note fouillée sur l'intérêt pour Vivendi de prendre le contrôle à 100 % de sa filiale télécoms. Et pour les analystes de la banque d'affaires, il n'y a aucun doute. Une telle opération pourrait intervenir dès la finalisation de la vente de la participation de 20 % détenue dans NCB U.

Une opération dont le bouclage dépend de l'issue que donneront les pouvoirs publics américains au projet rachat par Comcast de la filiale audiovisuelle de General Electric. Comme les dirigeants des deux groupes américains espèrent pouvoir finaliser cette opération avant la fin de l'année, un accord entre Vivendi et Vodafone pourrait donc intervenir fin 2010 ou début 2011, selon le scénario de JP Morgan.
Pour la banque d'affaires, en appliquant le ratio de valorisation actuel des valeurs télécoms, évalué à 5 fois l'Ebitda 2010, à SFR, l'opérateur télécom vaudrait au moins 20 milliards d'euros, sur la base d'un Ebitda attendu pour cette année de 4 milliards, contre 3,967 milliards en 2009.

Une acquisition au prix fort

Les 44 % de Vodafone pourraient donc coûter à Vivendi quelque 6,2 milliards, mais le banquier donne une fourchette jusqu'à 8 milliards si l'opération se fait sur une base de 6 fois l'Ebitda 2010. Des montants à rapprocher du pactole que Vivendi devrait empocher s'il vend ses 20 % de NBC U, soit 5,8 milliards de dollars (4,7 milliards d'euros).
Si le groupe français devrait alors alourdir son endettement pour financer ce rachat, le coût serait largement supportable. Son ratio dette nette sur Ebitda passerait alors à 2,6, contre 1,8 avant le rachat, mais son résultat net progresserait de 16 % et le résultat par action de 18 %, avant les éventuels réductions fiscales permises par une détention à 100 % de SFR qui pourraient s'élever à 313 millions d'euros.

Outre l'intérêt pour les actionnaires d'une telle opération, qui pourrait aussi se traduire par une augmentation du niveau de résultat distribué, JPMorgan souligne que la détention à 100 % de SFR par Vivendi aurait aussi des conséquences positives pour Canal +, en facilitant les synergies entre les deux filiales. 

Photo : Franck Esser, PDG SFR (D.R.)

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Si l'Autorité de la Concurrence a limité les synergies possibles entre les deux entités lors du rachat par le groupe audiovisuel de TPS, les accords conclus entre Vivendi et Vodafone empêchaient aussi l'entrée de Canal + sur le marché du triple-play. Un SFR détenu à 100 % par Vivendi permettrait alors à la chaîne cryptée de se lancer sur le marché du haut-débit en louant les infrastructures de l'opérateur télécom, ce qui pourrait se traduire par une augmentation de l'Ebitda de Canal + pouvant atteindre 21 %, selon JPMorgan.

Un scénario intéressant mais qui passe sous silence toutefois un point crucial : quelles seraient les réactions des concurrents de SFR et des pouvoirs publics (Arcep, Autorité de la Concurrence) face à l'arrivée de Canal + sur le marché du haut débit, compte tenu du poids de la chaîne dans la télévision payante ?