Responsable d'une équipe composée d'une vingtaine de personnes, Jérôme Filippini a commencé par expliquer sa mission de directeur interministériel des systèmes d'information et de communication de l'État (Disic) en affirmant qu'il n'était pas là pour simplement émettre des avis et des préconisations, mais bien pour coordonner les différents services. « En France, il a été décidé de créer la Disic, une structure de coordination quand d'autres pays, comme le Canada, on fait d'autres choix avec une DSI unique, une direction informatique centralisée qui alimentera les ministères. » Nos expériences à l'étranger nous démontrent que la DSI centrale est l'élément clef pour moderniser les services de l'État » nuance toutefois Silvano Sansoni.
« La Disic est une vraie autorité et pas seulement un outil de coordination, précise adroitement l'amiral Pénillard. Quand il y a une grande réorganisation, un DSI dans chaque ministère me semble préférable. Le Disic conduit l'orchestre». On revient de loin et on avance, précise le Disic, pour qui 3 choses on radicalement changé : « placer auprès du 1er ministre, le Disic peut provoquer les arbitrages nécessaires, notre structure est encore légère avec une vingtaine de personnes et je n'anime pas le club des DSI publics. Nous devons auditer, expertiser et recommander des avis qui ne sont pas toujours bienvenus dans les ministères, mais la crédibilité de la Disic dépendra la qualité de ses avis. Nos attributions sont uniques, nous pouvons arrêter un projet ou demander de le faire autrement.» Parmi les programmes supervisés par la Disic, citons la création d'un réseau unique entre les ministères, la rationalisation du parc de datacenters pour préparer le grand cloud privé de l'État... Pour valider ces projets, Jérôme Filippini explique avoir validé une feuille de route non auprès des différents DSI publics, mais directement par leur patron dans les ministères.
Faire mieux avec moins
Au ministère de la Défense, l'amiral Pénillard avoue très adroitement qu'ils leur manquaient un ennemi, un aiguillon intrinsèque pour progresser : « aujourd'hui, je ne vois rien d'autre que la pression financière et la cybercrimalité. C'est une formidable opportunité que nous pouvons exploiter pour avancer. Nos SI ne sont plus défendables sans une simplification de nos systèmes stratifiés ». Une simplification qui est passée par une cloudification des services. « Nous sommes passés de 1500 à une quarantaine de serveurs pour 4500 applications. La virtualisation des applications a permis de les rendre plus mobiles. Nous n'avons pas de grand changement à venir, mais il faut reconnaître que chacun des métiers fait la même chose que les autres. Chorus s'est pas exemple imposé à tout le monde. Il est aujourd'hui nécessaire d'aligner les processus et de mieux formaliser les besoins des métiers.
Mais le principal enjeu dans le secteur public reste la baisse des budgets. « L'obsession comptable est partout et notamment dans la formation des agents publics. La mobilité des fonctionnaires est un des principaux freins dans les ministères, un frein à l'innovation. Il est nécessaire de s'adapter à ce qui va changer de plus en plus, ajoute l'ancien DSI du ministère de l'Intérieur, Jérôme Filippini. Il est également nécessaire d'attirer les talents et d'avoir les moyens de les recruter. De les garder ensuite avec une rémunération au mérite ».
Illustration principale : de gauche à droite, Silvano Sansoni, directeur secteur public chez IBM, Jérôme Filippini, DSI de l'État rattaché Secrétariat général du Gouvernement, et l'amiral Christian Pénillard, Disic du ministère de la Défense.