Plus de 1 000 personnes étaient attendues sur cette journée qui n’est autre que le rendez-vous annuel d’OVHcloud avec ses clients, ses partenaires et ses prospects. En amont, le fournisseur de cloud a réuni la presse pour son point annuel. Pour l’occasion, Octave Klaba (fondateur et président), Michel Paulin (directeur général) et Thierry Souche (directeur technique) sont revenus la trajectoire d’OVHcloud, mais aussi les dernières nouveautés et la feuille de route pour les années à venir. Et c’est Octave Klaba qui ouvre le bal : « Nous sommes dans une économie où les données ont toute leur importance et nous observons à quel point le cloud est au fondement même de ce nouveau monde économique » affirme-t-il, avant d’ajouter : « Nous pensons qu’il faut proposer des solutions aux start-ups et entreprises avec un autre paradigme que les acteurs américains ou chinois, avec une approche plus respectueuse. Il s’agit de donner toute la confiance nécessaire aux utilisateurs pour s’approprier les outils cloud ».
Et si OVH a autant sa place dans le monde que des acteurs comme AWS, Google Cloud Platform ou Azure, il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’un acteur français. Pour se démarquer, le roubaisien n’hésite pas à jouer la carte de la souveraineté numérique. « Les préoccupations autour des privacy des données ne font que s’amplifier » affirme Octave Klaba. Certes, mais pour autant nombreuses sont les entreprises françaises qui font le choix d’adopter des cloud américains. Sur ce sujet, c’est Michel Paulin qui préfère en parler : « Nous avons un programme très ambitieux avec 38 datacenters dans 17 lieux dans 9 pays. Aujourd’hui nous nous positionnons comme un acteur européen, conforme à ses lois et d’une certaine façon à ces valeurs. Dans le top 10 mondial, nous sommes le seul européen, malheureusement, et nous préférerions avoir plus de compétiteurs européens avec nous aujourd’hui face à ces acteurs-là ». Et pour étayer son propos, le directeur général d’OVHcloud avance quelques chiffres : « Nous sommes un acteur avec une couverture mondiale. Nous faisons 51 % du chiffre d’affaires en dehors de France et chaque trimestre cela croît ». Sans surprise, le deuxième pays où OVH est le plus présent n’est autre que les Etats-Unis. L’entreprise indique que 22 % de son chiffre d’affaires est d’ailleurs réalisé hors Europe.
Etoffer l'offre SecNumCloud
A date, OVHcloud revendique plus de 80 clients utilisant ses infrastructures qualifiées SecNumCloud. Poursuivant sur cette lancée, l’entreprise veut donc toucher davantage d’acteurs – qu’il s’agisse aussi bien d’entreprises que d’acteurs du secteur public – tous soucieux de la protection de leurs services et de leurs données, notamment contre les lois extraterritoriales. Ainsi, l’acteur européen du cloud a annoncé aujourd’hui l’ouverture, courant décembre, d’un troisième datacenter certifié SecNumCloud à Gravelines, dans le Nord de la France. Ce dernier viendra compléter les deux autres existants basés à Roubaix et à Strasbourg. Et l’entreprise ne compte pas s’arrêter là puisqu’elle annonce qu’une offre bare metal SecNumCloud est en préparation et « le groupe vient de débuter pour ce qui la concerne la procédure de qualification auprès de l’Anssi ». Par la suite, OVH prévoit d’étendre cette qualification « à ses offres IaaS et PaaS en commençant par ses solutions PaaS de l’univers Public Cloud », incluant Kubernetes, les bases de données, la data Platform et les solutions IA les plus récentes. A terme, ce sont les 40 produits du portfolio Public Cloud d’OVHcloud qui seront proposés à la certification, précise Michel Paulin.
40 produits dans le portefeuille Public Cloud
« Nous avons 900 ingénieurs aujourd’hui qui développent des services chez OVHcloud dans 8 blocs : big data, network, compute, quantum, AI, database, storage, security. Nous disposons d'un portefeuille complet et nous continuons à nous étendre géographiquement avec pour objectif d’atteindre 150 sites dans le monde » poursuit Michel Paulin. Et ce portefeuille est divisé en « 4 univers » selon OVH, à savoir private cloud, public cloud, bare metal, web cloud. Selon Thierry Souche, directeur technique d’OVHcloud, l’entreprise affirme être capable de couvrir pratiquement tous les cas d’usages avec cette quarantaine de produits. Sur la partie compute, on note que de nouvelles instances de calcul font leur apparition – Compute et GPU – bénéficiant de la puissance des processeurs AMD EPYC. Elles s’adressent à différentes charges de travail, exigeant aussi bien un équilibre puissance de calcul/mémoire et stockage (B3), une haute performance avec un grand nombre de cœurs (C3) ou des performances mémoire (R3). A noter l’apparition d’un certain nombre d'instances à base d'accélérareurs GPU Nvidia – les H100, A100, L40S, L4, A10 et H100 SXM5. « Vous pouvez préréserver H100 aujourd’hui à des prix compétitifs » glisse Michel Paulin.
Toujours dans les nouveautés, on trouve également une offre de base de données managée MongogDB qui « proposera un palier gratuit afin que les développeurs puissent rapidement démarrer, tester et explorer MongoDB ». Une interface de sécurité émerge également dans le portfolio. Présent sous la forme d’un tableau de bord, ce service représente les principaux événements de sécurité interceptés par les algorithmes de mitigation anti-DDoS. Par ailleurs, un service managé pour la gestion des clés vient protéger les données client depuis les services et apps OVHcloud. Et l’étendue du portefeuille ne s’arrête pas ici.
« Tout ce qui est en vert est nouveau » précise Thierry Souche. (Crédit : C.S.)
IA et big data façonnent l’avenir
S’ils apparaissent dans les derniers, l’IA, le big data et le quantique ont toutefois une place très importante. « Sur l’IA, beaucoup de clients n’ont pas envie de s’occuper de toute la partie en amont mais veulent des outils clés en main » indique Thierry Souche. Et pour y répondre, OVH a donc dévoilé AI App Builder, disponible aujourd’hui en version alpha. Cette solution managée serverless permet de construire des apps et des chatbots basés sur ce qu’OVH appelle une « IA générative contextualisée ». Cette dernière s’appuie sur des modèles de fondation, modèle dans lequel les clients injectent leurs jeux de données privatifs dans un environnement cloud garanti sécurisé. « On garantit que le LLM utilisé va intégrer les compétences métiers propres et que les données ne se baladent pas » affirme Thierry Souche.
En parallèle, la solution AI Endpoints fait son apparition afin de faciliter l’accès aux modèles d’IA « à usage générique à haute performance via des endpoints » précise l’entreprise. Avec, l’IA devient une commodité dont le client n’a plus besoin de se soucier et qui ne requiert donc pas de compétence spécifique. « L’objectif est que tout le monde puisse l’utiliser sans avoir de compétences spécifiques en deep learning ou réseau neuronal » glisse le fondateur d’OVHcloud à propos de ces solutions d’IA. Enfin, notons Data Platform, une solution low-code de gestion complète de la donnée disponible pour l’heure en version preview. « Dans le domaine de l’analytique, il y a un véritable enjeu de démocratisation du data processing, surtout pour les petites et moyennes entreprises. Il y a une barrière à l’entrée » constate Octave Klaba. En réponse à cette problématique, OVH a donc conçu cette « interface low code pour ceux qui n’ont pas les compétences nécessaires ». A l’aide d’une cinquantaine de connecteurs disponibles, les utilisateurs peuvent donc collecter, stocker, structurer, analyser et visualiser les données. Et OVH n’hésite pas à s’afficher clairement en concurrent : « On se positionne un peu en concurrence avec Databricks et Snowflake » avance Octave Klaba.
La Data Platform est une « interface low code pour ceux qui n’ont pas les compétences nécessaires » selon les mots d'Octave Klaba. (Crédit : C.S.)
« 150 local zones dans les trois prochaines années »
Et ce point ne saurait être complet sans quelques mots sur le développement de l’entreprise sur le plan international. Générant désormais plus de la moitié de son chiffre d’affaires hors de France, OVHcloud continue d’ouvrir des régions un peu partout dans le monde et d’améliorer les sites par la suite. Ainsi, un nouveau site doit voir le jour à Sydney, SYD3, d’ici au printemps 2024. En Inde, le datacenter de Mumbai profitera prochainement de capacités additionnelles. Outre-Atlantique, le Canada profitera d’un nouveau datacenter à Toronto, TOR1, lequel est prévu pour une ouverture en mars 2024. Le site BHS9, actuellement en construction à Beauharnois, ouvrira en 2025 pour un déploiement additionnel de capacité.
Mais l’annonce la plus importante concerne l’ouverture, en France, de la première région 3-AZ servant Paris avec des sites séparés de 10 à 30 km et bénéficiant d’alimentation et d’un réseau différent. « Cette résilience profitera aux scénarios les plus critiques avec un lancement prévu pour le premier trimestre 2024 » précise l’entreprise. La région 3-AZ proposera initialement des serveurs dédiés Bare Metal. Et OVH ne compte pas s’arrêter là. Evoquant l’acquisition du fournisseur allemand Gridscale, il indique qu’il va s’appuyer sur la technologie de ce dernier pour ouvrir des « local zones ». Dans un premier temps, ce sont environ 18 Local Zones qui ouvriront en Europe (EMEA), aux États-Unis et dans le reste du monde, les deux premières étant situées à Madrid et Bruxelles avec un déploiement prévu dans les semaines à venir. 6 local zones sont ainsi prévues aux États-Unis pour réduire la latence notamment. A terme, OVH ambitionne d’ouvrir « 150 Local Zones dans les trois prochaines années ». L’entreprise promet que ces zones offriront un ensemble de service avec notamment : compute, file, block et réseau incluant les IP publiques. Michel Paulin estime qu’il s’agit d’aller chercher des clients locaux sur cette offre, avec « l’ambition d’être dans tous les pays » ajoute Octave Klaba. Pour l’instant, l’entreprise ne communique pas sur les investissements financiers que cela représente.