Annoncée hier, l’acquisition de la technologie de jumeau numérique tient une part importante dans le projet de rachat intégral de l’éditeur britannique de logiciels industriels et d'ingénierie Aveva par la société française d'automatisation industrielle Schneider Electric pour 10,7 milliards de dollars. Depuis 2018, Schneider est actionnaire majoritaire d'Aveva, après le rachat d’environ 60% des actions de la société par le biais d'une fusion inversée qui a fait basculer l'activité de logiciels industriels de Schneider dans l'entreprise britannique. Le nouvel accord d'acquisition, quand il sera conclu, se traduira par un transfert de toutes les actions de la société britannique à Schneider.
L'idée est de poursuivre l'intégration des capacités de jumeau numérique d'Aveva - utilisées pour simuler des processus et aider à concevoir et à maintenir des systèmes industriels complexes - et de la vaste plate-forme de données agnostiques au sein du portefeuille de Schneider, même si, dans un communiqué, la société d'automatisation industrielle a exprimé son intention de laisser à l’éditeur une relative indépendance. Notamment, les équipes d'Aveva ne seront pas fusionnées avec celles de Schneider Electric, ses logiciels continueront à être basés sur des architectures ouvertes et, selon le communiqué, la société britannique continuera à fonctionner de manière assez autonome. « Schneider Electric souhaite qu'Aveva reste un groupe juridique distinct doté de son propre conseil d'administration », a précisé l'entreprise française. « Schneider Electric est particulièrement conscient de l'importance de maintenir la culture logicielle distinctive d'Aveva à l'avenir », a-t-elle ajouté.
Le hub de données OSIsoft pour l'intégration des systèmes
L'acquisition par Aveva, en 2021, d'OSIsoft, le fabricant d'un hub de données en temps réel pour l'analyse et la surveillance des informations sur les processus industriels et commerciaux, est un élément clé de l'accord. Ce hub de données constitue la base de l'intégration étendue entre les systèmes des deux sociétés, qui utilisent un modèle de cloud hybride pour extraire des informations des datacenters et des équipements opérationnels afin de les utiliser dans des applications telles que l'analyse et la visualisation. Schneider Electric a fortement insisté sur la nature « agnostique » des offres logicielles phares des deux entreprises, rendue en partie possible par la plate-forme OSIsoft. La possibilité de recueillir des données provenant d'un large éventail de sources différentes – depuis les machines d'une usine jusqu’aux systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation d'un datacenter, etc. - et de les normaliser automatiquement pour les utiliser dans des applications d'analyse ou de surveillance est très précieuse, car elle permet aux offres combinées de la société de s'adresser à un éventail tout aussi large de secteurs verticaux différents. Le partenariat entre Schneider et Aveva a déjà permis la création de plusieurs nouvelles offres, notamment, en 2020, une offre de gestion de datacenters multisite basée sur le logiciel Unified Operations Center d'Aveva et la plateforme d'intégration IoT EcoStruxure de Schneider. L'opération de rachat devrait être finalisée en 2023. Après l'annonce, l'action Schneider a progressé de 1,86% à la Bourse de Paris pour clôturer à 118,18 dollars. Deux actionnaires d’Aveva (Mawer Investment et M&G Investments) ont déjà manifesté leur mécontentent et s’opposent à ces conditions de rachat.