La sélection de 8 start-ups technologiques de l’agro-alimentaire, dont trois françaises, qui s’apprête à intégrer l’accélérateur parisien SAP.io Foundry résulte d’un examen approfondi qui a conduit SAP.io à solliciter 120 start-ups du domaine au niveau mondial, sur 900 repérées au total, nous a expliqué Sébastien Gibier, directeur de SAP.io. Cette 6ème promotion s’est nettement internationalisée par rapport aux précédentes qui avaient déjà évolué à l’échelle européenne. En dehors des 3 start-ups françaises de l’agritech retenues, Connecting Food, Procsea et Sencrop, les 5 autres sont respectivement basées en Allemagne, Agrora, en Israël, Clarifruit, au Canada, Milk Moovement, et aux Etats-Unis pour les deux dernières, Grain Chain et Heavy Connect. SAP.io Foundry Paris appartient lui-même à un réseau de 9 accélérateurs SAP dans le monde, dont 4 sont en Europe, 2 aux Etats-Unis et 3 en Asie.
De nombreux utilisateurs de SAP en France sont directement liés au monde de l’agriculture et des industries agro-alimentaire. « C’est un sujet local sur lequel nos clients cherchent à innover et à se transformer, mais c’est également un sujet mondial, comme pour beaucoup d’autres industries, avec des domaines interconnectés, que ce soit le transport, la production agricole ou l’élevage, c’est pour cela que nous allons chercher des start-ups un peu partout dans le monde », explique Sébastien Gibier. « L’internationalisation illustre aussi le côté maturité de nos programmes SAP.io », ajoute-t-il. Trois champ d’application sont couverts par les start-ups agritech sélectionnées : d’une part, la ferme digitale et l’analyse des données pour l’aide à la décision, d’autre part la traçabilité et la conformité, et enfin, la chaîne d’approvisionnement responsable.
Sencrop, un écosystème de capteurs IoT
Arrivées au minimum au stade de la levée de fonds en série A, les 8 start-ups sélectionnées par SAP.io sont des entreprises déjà bien engagées sur leur marché avec de grands clients et des technologies abouties. Sur la partie ferme digitale, l’éditeur israélien Clarifruit apporte des outils de contrôle qualité sur les produits frais, en particulier sur les fruits. « A partir de dispositifs de caméras et d’intelligence artificielle, ils vont pouvoir analyser si le fruit est de bonne qualité, assez mûr et propre à la consommation », décrit le directeur de SAP.io Foundry Paris.
L’Américaine Grain Chain fournit de son côté une plateforme de suivi de la production agricole. Sa solution combine la blockchain et l’IoT pour vérifier et exécuter automatiquement les contrats dits intelligents et créer des flux de travail entièrement numérisés. Quant à la Française Sencrop, « déjà très reconnue et développée », souligne Sébastien Gibier, « elle apporte un écosystème de capteurs IoT qui peuvent aussi bien mesurer des informations sur la qualité du sol ou sur la météo, pour mixer ces données avec des données de production et fournir à l’agriculteur de l’aide à la décision ». Sencrop a levé 8,4 M€ en janvier 2019 et compte 65 employés.
L'une des applications de Sencrop permet d'anticiper les conditions météo en association avec les indicateurs définis par l'agriculteur : alertes gel, semis, traitement, irrigation... (Crédit : Sencrop).
Suivi réglementaire et chaîne d'approvisionnement
Sur les questions de traçabilité et de conformité de la production agricole et alimentaire, l’éditeur américain Heavy Connect simplifie le suivi réglementaire pour des agriculteurs régulièrement confrontés aux contrôles sanitaires. La société française Connecting Food propose de son côté une solution de traçabilité basée sur la blockchain pour suivre les produits de bout en bout depuis la production agricole jusqu’à leur arrivée en magasin. « C’est une start-up extrêmement visible », indique le directeur de SAP.io. Elle a levé 3,2 M€ il y a un an. Parmi ses clients figure notamment Delmond L'Originel qui certifie ses magrets de canard avec la solution.
Accessible par un scan depuis l'appareil photo d'un smartphone (sans chargement d'une app), la web app de Connecting Food peut être personnalisée par les marques. (Crédit : Connecting Food)
Sur le sujet de la supply chain durable, on trouve la start-up allemande Agrora qui intervient sur les achats, couvrant tout autant les matières premières que les matériels pour le monde agricole. « Elle va permettre une plus grande fluidité dans l’optimisation de la chaîne d’approvisionnement pour l’agriculteur », explique M. Gibier. Au Canada, Milk Moovement intervient pour sa part sur le transport et la récolte du lait avec un service cloud. « Ils ont réalisé une application spécialisée sur cette chaîne de production du lait, très complexe, qui fait intervenir énormément d’acteurs ». Enfin, la start-up Procsea, basée à Rennes, s’est attachée à numériser toute la chaîne de valeur des produits frais venant de la mer. « Ils fournissent leur logiciel aussi bien aux pêcheurs qu’à la criée, aux grossistes et aux restaurants, et cela au niveau européen », expose M. Gibier. « C’est une très belle entreprise qui se développe rapidement sur un domaine qui est très hétérogène », rappelle-t-il en évoquant, comme pour l’application Milk Moovement, des acteurs qui ne sont pas forcément connectés en permanence et qui ont beaucoup de contraintes. Plus de 250 000 transactions ont été réalisées sur la plateforme Procsea en 4 ans. La société bretonne a réalisé fin 2019 une levée de fonds de 6,5 M€ (sa 3ème).
Le logiciel de Procsea permet aux grossistes d'agréger les offres des fournisseurs et d'automatiser les flux logistiques et financiers. (Agrandir l'image / Crédit : Procsea)
Objectif : intégrer le SAP Store
Pour ces entreprises matures qui ont déjà pour la plupart des clients SAP, il s’agit maintenant de passer leur développement au stade supérieur en nouant un partenariat stratégique avec l’éditeur allemand. Elles s’engagent dans un programme d’accélération de 10 semaines dont la première partie va consister à identifier le module SAP complémentaire à leur logiciel et à créer l’intégration technique entre les deux applications. « Nous allons également les aider à travailler sur le discours de complémentarité et de valeur pour approcher le client avec une histoire commune », précise Sébastien Gibier. La deuxième partie du programme va les amener à rencontrer le réseau de partenariat de l’éditeur d’ERP : grands cabinets de conseil et intégrateurs. « On va leur permettre de bien comprendre comment travailler efficacement avec SAP d’un point de vue partenarial et comment approcher nos clients à travers des workshops ». Des ateliers de design thinking sont également prévus entre start-ups, clients et experts SAP sur le futur de l’agriculture de l’élevage. « L’objectif de ces 10 semaines, c’est que la start-up atterrisse dans le SAP Store qui est la marketplace des solutions complémentaires à SAP ». Géré par une entité indépendante, le SAP Store référence l’ensemble des composants externes que les clients peuvent acheter, en ayant la garantie que l’intégration technique est validée entre les solutions.