SAP a décidé d'apporter son savoir-faire technologique à Planet Finance, l'association créée par Jacques Attali il y a dix ans pour soutenir les acteurs du micro-crédit dans le monde. Pour l'éditeur de logiciels de gestion, il ne s'agit pas d'une action localisée mais d'un partenariat globalisé, sur trois ans, qui va inclure l'ensemble de la communauté SAP. C'est le PDG de la société, Léo Apotheker, qui l'a annoncé hier mercredi 17 juin à Paris, conjointement avec l'ancien conseiller du président François Mitterand. Depuis plusieurs mois, le fournisseur d'ERP affiche sa volonté de s'impliquer sur les questions de développement durable, tant au travers de ses logiciels que par la réduction de son empreinte carbone. Cette fois, il veut participer à des actions sociales menées contre l'extrême pauvreté et contribue à un premier projet en Afrique, dans le nord du Ghana, visant à améliorer le revenu des producteurs de beurre de karité. « En travaillant avec les opérateurs mobiles, nous espérons améliorer la chaîne de valeur qui va du récoltant aux grands acheteurs internationaux, expose Léo Apotheker. Nous pouvons apporter des pratiques de gouvernance, des programmes d'éducation et de formation ». L'engagement financier et technologique de SAP aux côtés de Planet Finance comporte en fait trois volets. Redévelopper le logiciel de gestion de dossiers de crédit Pour commencer, d'ici fin 2009, l'association disposera pour ses propres processus de gestion d'une suite intégrée (gestion financière, des ressources humaines, des projets et des connaissances, ainsi que fonctions décisionnelles), fournie gratuitement par l'éditeur. Active dans une soixantaine de pays, l'organisation de Jacques Attali dispose en effet d'un réseau international de 38 bureaux. Ensuite, SAP va aider à redévelopper le logiciel Microfit que l'association propose aux institutions de micro-finance (de moyenne et grande taille) pour gérer leurs dossiers de crédit. Cette future version devrait être fournie en mode SaaS (software as a service) pour en réduire le coût d'accès. Ce sont très probablement les équipes des offres en ligne SAP Business ByDesign et SAP on-demand qui plancheront sur ce sujet. « L'un des facteurs bloquants de la micro-finance, c'est le taux d'intérêt », explique Jacques Attali. Le micro-crédit coûte cher car il implique de nombreuses interventions. « L'impact des nouvelles technologies permettra de réduire le taux d'intérêt. Il faut permettre aux plus petites institutions de micro-finance de réduire leur frais de fonctionnement. » En optimisant les processus de gestion des dossiers de prêt. Doper l'activité à la base de la pyramide économique [[page]]Enfin, dans le troisième volet du partenariat, SAP s'illustre, comme de nombreux autres grands acteurs des TIC, par la participation à des projets concrets de développement d'entreprises dans les pays pauvres. Le projet mené au Ghana est un programme pilote qui sera porté à une plus large échelle en cas de succès. « C'est l'un des pays les plus prometteurs d'Afrique, affirme Jacques Attali. La moitié de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté, mais cette proportion est beaucoup plus élevée dans d'autres pays. » 90% des femmes de la région nord ramassent des noix de karité. L'objectif du programme est de permettre à ces femmes de se constituer en groupe et de se former pour organiser efficacement la récolte, la transformation et la vente du beurre de karité servant en cuisine et en cosmétologie. Chaque groupe sera équipé d'un téléphone portable pour s'informer sur les cours du marché des produits, faciliter le suivi du négoce et s'affranchir ainsi des intermédiaires manquant de sérieux. « Vis-à-vis des femmes, les intermédiaires captent la richesse sans apporter de valeur, explique Léo Apotheker. Nous voulons aider ces femmes à mieux vendre leurs produits en s'organisant de manière un peu plus industrielle. L'un des moyens que nous avons pour le faire, c'est la technologie. » Le PDG de SAP rappelle les progrès réalisés en Afrique, depuis plusieurs années, sur l'infrastructure de téléphonie mobile. « On va s'appuyer sur cette infrastructure pour permettre aux acteurs économiques locaux de prospérer. Notre partenariat vise à fournir les moyens pour doper l'activité à la base de la pyramide économique. » Le dirigeant veut néanmoins « rester modeste ». « Nous démarrons par un projet pragmatique qui peut améliorer la situation de personnes qui sont dans la pauvreté absolue ». SAP aimerait entraîner son écosystème à sa suite SAP a également l'ambition d'entraîner l'ensemble de son écosystème dans son sillage, sous diverses formes « dons, fourniture d'expertise... ». S'il est encore trop tôt pour évaluer l'enthousiasme des partenaires, Léo Apotheker constate qu'il y a beaucoup d'engouement autour de ce projet. « Il y a 1,4 million de personnes dans notre communauté. Si nous parvenons à susciter leur intérêt, nous aurons créé une belle vague. » Le PDG de SAP rappelle qu'il compte parmi ses clients les toutes premières entreprises d'agro-alimentaires et de cosmétiques. « Toutes veulent un modèle plus responsable. Et nous sommes capable d'être l'intermédiaire entre ces grandes entreprises et les petites pour augmenter la chaîne de valeur ». Interrogé sur le montant de l'effort financier consenti par SAP dans son partenariat avec Planet Finance, Léo Apotheker n'a pas souhaité répondre. Il se contente de renvoyer sur le rapport publié en mai par sa société où figure le montant des sommes investies dans les projets de responsabilité sociale (rubrique Corporate Social Responsability). Jacques Attali, de son côté, assure que « la somme est conséquente ».