En un mois, sous la pression des groupes d'utilisateurs, SAP a modifié deux fois sa politique de licences logicielles. Mais, même s'ils ont obtenu plus de flexibilité, les clients devront se plier à certaines restrictions. Dans un communiqué envoyé par courriel hier, SAP a indiqué que ses clients pourraient désormais échanger des licences logicielles sur site (et les frais de maintenance associés) avec ceux d'autres produits du portefeuille de SAP. Cependant, l'éditeur exige que les frais de maintenance des nouveaux contrats soient « au minimum, du même niveau », explique notre confrère d'IDG News Service, Chris Kanaracus.
Selon la nouvelle politique, les clients peuvent également résilier partiellement leurs licences et leurs frais de maintenance associés sans avoir à les reporter sur de nouveaux produits. Toutefois, dans certains cas, cela peut ne pas présenter vraiment d'intérêt. En effet, les licences conservées dans une famille de produits donnée seront soumises à ce que SAP appelle « le recalcul de la base de maintenance ». Les familles de produits concernées sont Business Suite, les bases de données et les solutions technologiques, dont l'analytique, ainsi que les outils mobiles.
Le recalcul de la maintenance peut ne rien changer
Comment cette disposition va-t-elle se traduire sur le terrain ? Par exemple, si un client avait 100 licences dans une famille de produits et s'il veut en enlever 10, les 90 licences restantes seront évaluées en fonction du prix payé au moment de l'achat. Ensuite, sur la base de ce tarif, on déduira la remise normale accordée en fonction du volume, si le client y a droit, a expliqué Jens Bernotat, vice-président Strategy & Business Development Maintenance Go-To-Market, SAP. Le prix obtenu servirait alors de base pour calculer les frais ramenés aux 90 licences.
Si un client a obtenu au départ une remise très importante sur les 100 licences, on peut imaginer qu'il se retrouve avec des frais de maintenance plus élevés pour les 90 licences restantes. Ce à quoi SAP répond que dans ce cas, le montant de sa maintenance ne bougerait pas. En aucun cas, un client qui arrêtait certaines de ses licences ne pourrait voir augmenter sa facture totale de maintenance, selon lui.
En juillet, SAP avait proposé de passer à des licences cloud
Par ailleurs, l'éditeur justifie le choix de regrouper les produits en familles séparées. « SAP propose un large éventail de solutions et nous avons aussi bien des clients qui piochent dans les trois familles de produits que des clients qui ciblent plus spécifiquement un sous-ensemble de produits », a expliqué SAP dans son communiqué. « C'est pour en tenir compte que nous avons regroupé les solutions par familles de produits. Cela nous parait juste parce si nous les avions regroupées en une seule, le calcul du prix de maintenance de base aurait dû porter sur l'ensemble du portefeuille SAP, et pour tous les contrats ».
Le changement de politique décidé par SAP intervient peu de temps après l'annonce d'un programme en vertu duquel les clients peuvent échanger des licences sur site avec des licences de produits figurant dans son portefeuille d'applications basées dans le cloud. [[page]]Cependant, cette politique suppose « une augmentation des investissements dans les solutions cloud de la part de SAP, compte tenu de la forte valeur ajoutée de ce nouveau scénario hybride », avait déclaré SAP lors de cette annonce. Selon Jens Bernotat, « dans l'ensemble, ces changements offrent aux clients la flexibilité dont ils ont besoin pour prendre des décisions IT stratégiques. Nous devons trouver un bon équilibre entre mener nos affaires et permettre à nos clients de mener les leurs ».
Attention aux besoins futurs, le prix peut augmenter
Les sceptiques pourraient aussi dire que SAP veut éviter de laisser filer ses clients vers d'autres solutions, peut-être également moins chères, comme celles de Workday et de Salesforce.com, et d'éviter de perdre trop d'argent, car les recettes de maintenance restent très lucratives. Les groupes d'utilisateurs ont accueilli positivement les nouvelles dispositions prises par SAP, jugeant que leurs actions de lobbying auprès de l'éditeur avaient été efficaces. « SAP fait un autre pas dans la bonne direction. Ces modifications montrent que l'entreprise a entendu nos demandes en ce qui concerne la flexibilité », a déclaré dans un communiqué Philip Adams, président du groupe d'utilisateurs SAP en Irlande et au Royaume-Uni.
Cependant, SAP ne permet toujours pas aux clients de mettre de côté temporairement les licences qu'ils n'utilisent pas, fait néanmoins remarquer Philip Adams. « C'est pourquoi les clients doivent bien réfléchir et estimer s'ils auront ou non besoin plus tard des licences qu'ils n'utilisent pas aujourd'hui. Car une fois résiliées, lesdites licences ne pourront pas être reprises. Et si un client doit racheter plus tard les licences pour un produit qu'il a abandonné, il ne pourra certainement pas bénéficier des mêmes remises que celles obtenues lors de l'achat initial ».
Planifier plus efficacement les investissements
Cependant, les entreprises durement touchées par la crise ces dernières années « pourraient trouver la politique de SAP très attractive, si la réévaluation se traduit par une baisse de leurs frais de maintenance ». Cette « coopération constructive » de SAP avec les utilisateurs a donné un « excellent résultat dont tous les utilisateurs à travers le monde pourront bénéficier », a estimé dans un communiqué Andreas Oczko, président du groupe d'utilisateurs de langue allemande SAP (DSAG).
« Les responsables des entreprises utilisatrices des produits SAP peuvent maintenant mieux réagir aux changements rapides des conditions économiques - nouvelles zones d'affaires ou nouveaux contextes économiques, fluctuations dans les personnels ou changements dans l'organisation de l'entreprise - et planifier plus efficacement leurs investissements dans les logiciels SAP, des sujets sur lesquels nous travaillons ensemble depuis un certain temps », a déclaré Andreas Oczko.