SAP a annoncé hier une série de fonctionnalités de copilotage et de gouvernance de l'IA pour ses offres Datasphere et Analytics Cloud (SAC). Jurgen Mueller, directeur technique et membre du conseil exécutif de l'éditeur, a qualifié ces innovations, qui comprennent un partenariat élargi avec le spécialiste de la gouvernance des données Collibra, de « saut quantique » dans la capacité de l'entreprise à aider les clients à conduire une transformation efficiente de l'entreprise grâce aux données. « La feuille de route du groupe apporte une couche sémantique importante aux données d'entreprise et crée une base essentielle pour la mise en œuvre de cas d’usage basés sur l'IA », a déclaré l'analyste Robert Parker, vice-président de la recherche sur l'industrie, les logiciels et les services chez IDC.
Construit sur l'offre Business Technology Platform (BTP), et dévoilé il y a un an par SAP en tant que service de données complet, Datasphere apporte une expérience unifiée pour l'intégration des données, le catalogage des données, la modélisation sémantique, l'entreposage des données, la fédération des données et leur virtualisation. Datasphere met en œuvre le concept de « Business Data Fabric », une architecture de gestion des data qui ajoute une couche d'informations intégrée et sémantiquement riche au paysage de données existant, et fournit un accès transparent et évolutif aux données sans duplication, tout en conservant le contexte et la logique de l'entreprise. Les annonces faites hier par SAP prolongent cette approche.
Un partenariat renforcé avec Collibra
L'entreprise étend son partenariat avec Collibra pour intégrer cette plateforme AI Governance à ses ressources de données pour faciliter la gouvernance des données pour les ressources de données non-SAP dans les environnements des clients. « Le système de catalogage présent dans Datasphere permet de cataloguer, de gérer les métadonnées et tous les actifs de données SAP visibles », a déclaré JG Chirapurath, directeur du marketing et des solutions chez SAP. « Les clients commencent aussi à apporter d'autres données provenant d'autres applications ou sources de données, mais ce serait un non-sens pour nous de dire que notre catalogue doit comprendre tous ces corpus ou données, ce que sait très bien faire Collibra ». Avec ce partenariat élargi, les clients peuvent l'utiliser comme « catalogue de catalogues », celui de Datasphere étant également géré par la plateforme Collibra.
« Tout cela crée un fabric de données d'entreprise, où les données sont gérées en fonction de leur signification », a ajouté JG Chirapurath. « Il est possible de collaborer sur ces ensembles, de sorte que des partenaires comme Collibra, Databricks, Google BigQuery, DataRobot, ou Confluent peuvent faciliter l’usage de ce fabric de la manière la plus significative dans le contexte qui est le leur »., a-t-il expliqué. « Ce partenariat montre que SAP veut travailler sérieusement avec les ISV, ce qui n'a pas toujours été le cas », a estimé pour sa part David Menninger, SVP et directeur de recherche chez Ventana Research d’ISG. « Cela devrait encourager les clients. Presque tous ont une architecture d'information qui s'étend au-delà de SAP, et même si les produits de l'éditeur allemand sont très performants en matière de données, Collibra a construit toute son architecture autour de la gestion et de la collaboration avec divers produits ».
Intégration de l'IA générative
Outre la gouvernance, SAP a également annoncé l'intégration de SAC, sa solution de planification et de veille stratégique de l'entreprise, à son copilote d'IA générative, Joule, lequel peut désormais automatiser la création et le développement de rapports, de tableaux de bord, de plans, etc. Avec cette combinaison, la société espère apporter un système unique de gestion des données et des analyses avancées pour la planification inter-organisationnelle. JG Chirapurath a fait remarquer que les planificateurs disposeront à présent d'un outil unique qui transcende les silos de données pour la préparation, la modélisation et la planification des données. La nouvelle fonctionnalité Compass de SAC permet de réaliser des simulations complexes via une interface de discussion que les planificateurs peuvent utiliser pour évaluer les résultats prédictifs et ajuster les variables contrôlables. « Dans SAC, Joule va être capable d'élaborer des plans financiers ou d'autres types de plans sur demande », poursuit JG Chirapurath. L'automatisation de Joule dans SAC s'appuie sur les nouvelles capacités du moteur vectoriel de HANA Cloud. Les embeddings vectoriels représentent les données (y compris les données non structurées telles que le texte, les images et les vidéos) sous forme de coordonnées tout en capturant leurs relations sémantiques et leurs similitudes. HANA Cloud Vector Engine, dévoilé il y a quelques mois, est un moteur multi-modèle capable de stocker et d'interroger des embeddings vectoriels comme n'importe quel autre type de données. « Les données des applications SAP sont en grande partie tabulaires, de sorte que l'intégration vectorielle est importante pour introduire des référentiels non structurés comme les grands modèles de langage dans le graphe de connaissances global », a fait valoir Robert Parker d'IDC.
JG Chirapurath a également expliqué que lors de l'entraînement de l'IA, il ne suffit pas de travailler avec des données relationnelles. Pour véritablement exploiter le potentiel d'un copilote d'IA, celui-ci doit être capable d'accéder à des données non structurées comme les PDF et les courriels, et de les comprendre. C’est le cas par exemple si l’on veut demander à un copilote de générer un tableau de bord montrant toutes les factures. « En tant qu'objet de l’entreprise, les factures peuvent se présenter sous forme de courriel ou de document PDF, ou encore de fichier texte », poursuit JG Chirapurath. « SAC doit être capable de comprendre toutes ces choses et de fournir des liens vers ces objets. Cette combinaison de SAC et de Joule, qui fonctionne désormais en mode natif avec HANA et ses capacités de base de données vectorielles, constitue une proposition de valeur beaucoup plus attrayante pour les clients ». M. Menninger, de Ventana Research, est du même avis. « À première vue, les fonctionnalités SAP GenIA d' Analytics Cloud semblent être similaires à d'autres types de capacités de copilotage, comme les interfaces de chat pour les données et les analyses », a fait remarquer le dirigeant. « Mais ce qui rend les fonctionnalités de SAP uniques, c'est leur capacité à utiliser Joule avec les fonctionnalités de planification dans SAC, non seulement pour interroger les données, mais aussi pour créer de nouveaux modèles de planification ainsi que des scénarios ».
Des copilotes dans tout le portefeuille
Le géant des progiciels ne se contente pas d'intégrer Joule à SAC. L'entreprise met son copilote à la disposition de toute sa gamme d'applications SaaS. « Joule s’adaptera au contexte d'une application ou d'un produit dans lequel la tâche est exécutée », a insisté JG Chirapurath. « Dans l'application SuccessFactors, Joule se comportera comme un assistant RH. Dans la plateforme de développement d'applications, Build, il se comportera comme un assistant de développeur, générant du code ». Selon David Menninger, l'IA générative libère la puissance des ERP et des applications logicielles similaires en transformant fondamentalement la manière dont les utilisateurs interagissent avec eux. « Les applications ERP et autres exigent que les gens pensent comme des ordinateurs, qu'ils comprennent comment ils fonctionnent et qu'ils encadrent leurs interactions d’un mode de fonctionnement structuré », a-t-il ajouté. « Une interface de chat utilisant l'IA générique permet aux utilisateurs de le faire d'une manière beaucoup plus naturelle en utilisant des interfaces conversationnelles. Plutôt que de demander à l'utilisateur de comprendre le fonctionnement de l'application, la GenIA permet à l'ordinateur de comprendre ce que veut l'utilisateur ».