Les capteurs avant analysent la route, le pare-brise affiche des contenus virtuels, tandis que l'ordinateur de bord se synchronise avec le smartphone pour lire les SMS et, en consultant l'agenda du conducteur, organiser au mieux les parcours en évitant les bouchons. Enfin, un système connecté à Internet permet de connaître les places de parking disponibles, avant d'effectuer le stationnement en mode automatique. Ce concentré de technologies a pris place à bord du BMW Vision ConnectedDrive. Ce concept, exposé sur le stand BMW du 81e salon de Genève, n'est pas destiné à la commercialisation. Mais il constitue néanmoins une impressionnante vitrine des technologies embarquées dans certains véhicules de série, et ceux qui arriveront sur les routes dans les prochaines années. Après l'électronique, les constructeurs automobile concrétisent aujourd'hui le passage de la voiture dans l'ère du numérique et du tout connecté. Progressivement, les dispositifs de pointe s'invitent dans le catalogue des marques, bien que souvent proposés en option.
BMW, Audi, Mercedes, ou encore PSA Peugeot Citroën, proposent ainsi, selon les modèles, des solutions pour se connecter à Internet depuis l'habitacle. Via une connexion WiFi, les passagers peuvent surfer depuis leur ordinateur portable, tandis que le pilote profite de services web sur son écran GPS (informations touristiques, annuaire en ligne, données pratiques, etc.).
Le constructeur américain Ford a de son côté exposé à Genève, mais également au CeBit, le salon des nouvelles technologies de Hanovre, son arsenal technologique SYNC. Cette interface, qui équipera prochainement la nouvelle Focus, permet de gérer de nombreuses fonctionnalités high-tech de bord. Elaboré avec Microsoft, ViaMichelin et Nuance, le spécialiste de la reconnaissance vocale, SYNC permettra de connecter à la voiture un baladeur audio, un DVD portable, ou une carte SD, mais aussi de comprendre en 19 langues jusqu'à 10.000 commandes dictées par le conducteur.
Illustration : BMW Connect Drive
Android et iPad
A Genève, le constructeur suédois Saab a présenté le prototype PhoeniX, première voiture « sous Android », la plateforme logicielle de Google, qui équipe déjà de nombreux smartphones et tablettes. A l'avenir, les Saab de série dotées du système multimédia IQon de cette PhoeniX pourront profiter de nombreuses applications. Les développeurs pourront accéder aux données recueillies par différents capteurs dans le véhicule, et Saab espère ainsi créer un écosystème de nouveaux logiciels pour alimenter ses prochaines berlines.
Les tablettes tactiles, grandes vedettes des derniers salons CES (Las Vegas) et MWC (Barcelone), ont également fait leur apparition dans les véhicules. Exemple avec le New Bulli, réinterprétation contemporaine du légendaire Combi Volkswagen, qui embarque un iPad. Connecté au circuit électronique de l'habitacle, les occupants pourront l'utiliser pour régler la climatisation ou activer les feux de détresse.
L'iPad est également présent dans le Range Rover Autobiography Limited Edition, luxueux 4x4 de Land Rover. Accroché à l'arrière des deux sièges avant, l'écran tactile offre divertissements, vidéos, Internet et applications aux passagers. Sur le concept-car Rinspeed Bamboo, la tablette HTC Flyer sous Android, fait carrément office de tableau de bord.
Illustration : Saab android iQon System
A terme, la voiture qui se conduit toute seule
Cette avalanche technologique profite également à améliorer la sécurité automobile. Certains constructeurs utilisent déjà des capteurs et des caméras pour assister le conducteur. L'Opel Eye, inauguré il y a deux ans sur l'Insignia, permet par exemple de lire les panneaux routiers et le marquage au sol pour en informer le pilote, lorsque celui-ci roule trop vite ou fait des écarts de trajectoire.
Chez Mercedes-Benz (nouvelle Classe E, Classe S 400 Hybrid, etc.), les capteurs sont implantés dans le poste de pilotage, afin de surveiller l'état de fatigue du pilote. Le dispositif analyse des dizaines de paramètres (oscillations du volant, clignements des yeux, etc.), et peut prévenir le risque d'endormissement et en avertir le pilote par des signaux lumineux ou sonores.
Autre cas concret, chez Volvo. Le constructeur suédois, dont les investissements en matière de sécurité sont conséquents, propose sur sa dernière berline S60 un système de détection des piétons par radar et caméra. Cette paire est capable de localiser un piéton ou un obstacle sur la trajectoire. En cas d'urgence, le dispositif avertit le conducteur. S'il ne réagit pas et que la collision est imminente, le système prend seul l'initiative de déclencher le freinage d'urgence. Cela permettrait d'éviter la collision à moins de 25 km/h, et de réduire autant que possible la vitesse d'impact (et donc la gravité des blessures), si la voiture roule plus vite.
A terme, c'est la voiture sans conducteur qui est promise par les constructeurs. Volvo, en partenariat avec l'Union européenne, a récemment réalisé le premier essai grandeur nature de conduite robotisée en convoi. Le concept est simple : sur autoroute, un conducteur professionnel mène un train de véhicules qui, grâce aux technologies embarquées, peuvent mesurer la distance de sécurité, et s'adapter à la position des autres voitures. Cette solution de conduite automatisée permettrait de réduire la pollution et les accidents liés à la fatigue.
Le géant de l'Internet Google se penche également sur le principe d'une voiture robot. En octobre dernier, des prototypes de "Google Car", bardés d'équipements de pointe (radars, capteurs sensoriels, caméras, GPS en 3D, télémètre laser, etc.), ont parcouru plusieurs milliers de km sur les routes californiennes sans faire intervenir le conducteur. Le tout, en respectant la signalisation routière, les arrêts aux feux tricolores, les limitations de vitesse, et le trafic urbain et autoroutier. Un seul incident fut déploré, lorsqu'une voiture de Google, arrêtée à un feu, a été percutée par l'arrière par un autre véhicule, avec conducteur.