L'annonce par Salesforce.com du rachat d'Heroku, qui propose une plateforme PaaS (Platform as as service) pour la conception d'applications en Ruby, vient confirmer que le spécialiste du CRM veut se positionner comme guichet unique pour le développement dans le cloud. La gamme de services d'Heroku va passer sous la marque Salesforce.com. La plateforme sert de socle à plus de 100 000 applications écrites dans le langage Ruby, très répandu. « C'est un positionnement vers les développeurs d'applications de prochaine génération, en particulier de logiciels pour réseaux sociaux et appareils mobiles », a déclaré Ray Wang, directeur général et analyste de Constellation Research.
La technologie Heroku va compléter la plate-forme Force.com de Salesforce.com (surtout utilisée par les éditeurs de logiciels indépendants et les entreprises pour développer des applications métiers transactionnelles), ainsi que le partenariat récemment entre VMForce et VMware pour le développement Java en entreprise. Salesforce.com, qui dispose également de technologies pour développer des sites web et des applications départementales, a annoncé ce mardi la création d'un nouveau service Database.com. Une fois l'opération de rachat terminée (la finalisation est prévue pour l'an prochain), Heroku sera le tout dernier membre à intégrer le pool des technologies de développement baptisé Force.com 2.
Des tarifs basés sur le temps d'utilisation du service
Heroku déploie des applications Ruby à l'intérieur de conteneurs appelés « dynos » dont chacun fonctionne de façon indépendante sur une grille (Dynogrid). Les Dynos savent encapsuler la logique d'application, le framework de développement, le middleware, le serveur d'application, la machine virtuelle et d'autres couches. Le nombre de dynos exécutés pour une application donnée, a un impact direct sur la performance globale de l'application, indique le site web de Heroku qui détaille le mode de fonctionnement.
Comme d'autres offres PaaS, Heroku applique également des tarifs rapportés au temps d'utilisation. « Certains développeurs se plaignent que le service coûte cher, mais vous en avez pour votre argent », estime Michael Coté, analyste chez Redmonk. « Il existe des offres moins chères, mais dans ce cas, vous avez juste une infrastructure cloud seule, qui n'inclut aucun service réel, ni middleware. »
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L'annonce de l'achat de Heroku par Salesforce.com donne un sens au lancement de Database.com laquelle permet aux clients d'utiliser son infrastructure de base de données sous-jacente. Il ne fait pas de doute que Salesforce.com va faire la promotion de Database.com auprès des clients d'Heroku afin de les inciter à l'utiliser comme vitrine pour leurs applications. Mais Heroku offre déjà sur sa plate-forme un service de base de données basé sur PostgreSQL. « C'est vraiment important, pour nous et pour Salesforce.com, qu'il n'y ait pas de changement en ce qui concerne notre base installée », a déclaré James Lindenbaum, le co-fondateur de Heroku dans une interview téléphonique à notre confrère D'IDG NS, Chris Kanaracus. « Nous voulons absolument continuer à la supporter, avec l'objectif de proposer davantage de choix au fil du temps. Cette base sera un des choix possibles. »  Heroku ne prévoit pas non plus de quitter son hébergement actuel chez Amazon Web Services. « Nous tenons absolument à rester là où nous sommes. Nous allons probablement étendre nos hébergements à d'autres datacenters et à d'autres fournisseurs, mais les décisions serons prises en fonction des choix d'utilisation du client », a déclaré James Lindenbaum.
Des points communs entre Salesforce.com et Heroku
Parker Harris, co-fondateur et vice-président exécutif de la technologie chez Salesforce.com, a confirmé que l'accord prévoyait que le transfert se ferait sans interruption de service pour les clients actuels de la plateforme PaaS rachetée. « Notre objectif est de reprendre sa stratégie et sa mission, de l'enrichir et d'accélérer son succès. Heroku continuera à être Heroku. Et davantage encore », a t-il écrit dans billet de blog.
« Il y a des parallèles évidents entre les entreprises », a ajouté le responsable de Salesforce.com. D'abord, le support de l'architecture multi-tenant et la même vision sur ce que doit devenir le cloud computing. Ensuite, l'engagement « quasi religieux » d'Heroku pour construire un service intelligent, qui fonctionne bien. Enfin et surtout, le dévouement d'Heroku pour ses développeurs - les clients de son service - m'a beaucoup impressionné.
Heroku : des applications plus techniques que celle de Salesforce
L'analyste Michael Coté voit tout de même quelques différences culturelles entre les deux sociétés, « mais cela ne l'emporte pas sur les aspects positifs potentiels », estime-t-il. « La base d'applications de Heroku est de toute évidence un peu plus technique que celle de Salesforce, plus professionnelle. Mais Salesforce veut clairement entrer dans le développement d'applications plus générales, et Heroku cadre bien avec cet objectif », a t-il ajouté. « Heroku a récemment réalisé un tout nouveau système de gestion du cycle de vie des applications (ALM) pour les logiciels Ruby exécutés dans le cloud. S'ils parviennent à l'étendre pour le faire fonctionner avec les API (interfaces de programmation) de Salesforce, les bases de données, et la plate-forme Force.com, cela profitera aux deux communautés. »
Mais Salesforce.com regarde aussi clairement au-delà du développement d'applications et cherche à accroitre son influence auprès des entreprises, souligne également Michael Coté. Il fait remarquer la récente annonce d'un service de gestion informatique RemedyForce, en partenariat avec BMC. « Salesforce essaie d'avoir une plus grande emprise sur le monde IT en balayant tout ce à quoi peut ressembler un « département IT » dans un monde Cloud/SaaS, » juge l'analyste de Redmonk.
SalesForce.com rachète Heroku et sa plate-forme PaaS Ruby
Avec Heroku, l'éditeur Salesforce.com s'offre une plateforme pour développer en ligne des applications Ruby.