Cette année encore Marc Benioff est venu lui-même animer à l'américaine l'événement Salesforce World Tour Paris, organisé à la Porte de Versailles ce 25 juin. Le fondateur et CEO de Salesforce.com avait confirmé l'an dernier l'importance du marché français pour sa société, même si ses équipes locales ne souhaitent toujours pas préciser le nombre de clients en France. Ses logiciels SaaS de relation client (CRM) sont notamment utilisés par Schneider Electric, Renault, Pernod Ricard ou SNCF. Cette fois, le dirigeant américain a annoncé l'ouverture d'un second centre de R&D, installé dans ses locaux parisiens où il accueillera demain la secrétaire d'Etat au numérique, Axelle Lemaire. Le renforcement de ses investissements en France se concrétise également par le rachat du cabinet Kerensen Consulting. Partenaire historique de Salesforce, la société basée à Paris intervient sur le conseil opérationnel orienté métiers avec un effectif de plus de 200 personnes. Elle a notamment cofondé le réseau mondial CCAN (Cloud Computing Acceleration Network) qui réalise des projets autour de Salesforce, elle-même ayant déjà réalisé plus de 400 projets de CRM. Kerensen dispose également de compétences sur les applications SAP qui s'intègrent fréquemment avec celles du spécialiste en CRM cloud.
En France - comme à San Francisco -, Salesforce joue la surenchère sur l'affluence générée par ses événements. La société assure que 9 000 personnes se sont enregistrées sur l'édition 2015 du World Tour Paris. Un score qui semble énorme comparé à ceux de manifestations comparables. Outre-Atlantique, sur Dreamforce 2014, ce sont 145 000 personnes qui s'étaient inscrites, selon l'éditeur.
Cloud Analytics (Wave) en français
L'une des autres annonces réservées au World Tour Paris a porté sur l'arrivée en français (le 15 juillet) du service d'analyse de données Cloud Analytics, lancé en octobre 2014 sous le nom de Wave. Alexandre Dayon, président, responsable de l'offre produits de Salesforce, a fait son apparition dans une chemise hawaïenne (clin d'oeil à Wave) et harnaché d'équipements Petzl, l'un des clients français mis en avant cette année, spécialisé dans le matériel de spéologie. Pour celui qui participa en son temps à la création de Business Objects, les outils de BI qui nécessitent de recourir à des bases de données relationnelles pour faire des analyses ne conviennent plus aux besoins actuels. Avec Cloud Analytics, « nous prenons en charge la complexité du service », a-t-il expliqué lors d'un point presse. « Nos datacenters utilisent des technologies de type Hadoop, nos clients n'ont pas à s'en inquiéter » et on peut accéder à ses stocks et au détail de ses ventes à partir de son smartphone ou de sa montre, a-t-il indiqué. Le service propose des API Rest pour développer des applications personnalisées. « Les principaux éditeurs d'ETL, comme Informatica, proposent des connecteurs pour transporter les données ».
Marc Benioff avec Rachel Picard, DG Voyages SNCF, sur la scène du World Tour Paris 2015. (crédit : M.G.)
Alexandre Dayon a rappelé que Salesforce avait participé au lancement de l'Apple Watch avec une application analytique conçue pour cette montre connectée. Ce matin, en séance plénière, il a illustré l'utilisation mobile des fonctions d'analyse avec la création d'un dashboard affichant sur smartphone un inventaire de Petzl (12000 lignes et 34000 objets) récupéré depuis une application SAP. « Vous pouvez enrichir vos dashboards d'actions métiers et développer par exemple une application qui permettra de déclencher un mouvement de stock pour transférer des produits entre deux stocks », a complété Alexandre Dayon. Cloud Analytics est le 6ème cloud de l'éditeur après Sales, Services, Marketing, Communities et Apps. Il est testé par plusieurs clients français, mais aucun ne l'utilise encore en production. L'ensemble des six clouds est maintenant présenté sous le nom de « Customer Success Platform ».
Marketing de précision et collaboration avec Microsoft
Parmi les fils conducteurs de sa présentation du jour, Marc Benioff a insisté sur le « marketing de précision », illustré par les témoignages de Voyages SNCF et de la filiale allemande de Coca-Cola qui a développé une application personnalisant la relation client en s'appuyant sur les réseaux sociaux. De son côté, Rachel Picard, directeur général de SNCF Voyages, a décrit Salesforce comme « la tour de contrôle du client », exploitée par les vendeurs dans ses boutiques et utilisée par les contrôleurs à partir de tablettes. Elle a également rappelé que l'app « Garantie des gares » fonctionnait sur Salesforce. Celle-ci permet aux voyageurs de signaler des pannes, par exemple sur les escalators, pour déclencher une intervention rapide de réparation.
Il y a quelques semaines, la société de Marc Benioff a défrayé la chronique par des rumeurs de rachat. Microsoft aurait été intéressé mais le prix demandé (70 Md$) était trop élevé. Interrogé sur le sujet lors d'un point presse, Alexandre Dayon n'a pas voulu commenter mais il a confirmé que Salesforce travaillait de manière très proche avec Microsoft sur les produits. « Le nouveau CEO Satya Nadella a changé la culture de son groupe », a-t-il rappelé en ajoutant que les clients de Salesforce lui demandaient de bien intégrer ses solutions aux produits de Microsoft et vice-versa. « Ce développement commun se fait vraiment dans une logique de demande des clients. Nous travaillons activement sur Office et sur la messagerie. Lorsque vous rédigez un mail, vous avez à portée tous les objets Salesforce ». Une autre intégration se fait avec Power BI qui propose l'accès au CRM dans ses sources de données. Dans le cloud Azure, les data pipes intègrent Salesforce. Enfin, le dernier terrain de collaboration concerne la disponibilité de Salesforce1, la plateforme de développement des apps, sur les Windows Phone.