Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue un peu à l’écart des grands événements du Mobile World Congress (26 février au 1er mars), Rob Topol, le directeur général d’Intel en charge de la division 5G Business and Technology, Communication and Devices Group, a donné plus de détails sur les projets 5G de l'entreprise. Intel, qui ambitionne de devenir un acteur majeur sur ce marché, a déjà révélé son intention de collaborer avec Dell, HP et Lenovo pour livrer fin 2019 les premiers PC supportant la 5G dont la norme a été officiellement finalisée.
Arrivé chez Intel il y a 18 ans, Rob Topol a commencé sa carrière dans la fabrication avant d'intégrer le groupe de recherche et de développement dédié à la technologie sans fil. Comme il l’a expliqué, Intel a consacré une grande partie de l'année 2017 à la spécification 5G Non-standalone (5G avec le réseau 4G), à établir des contacts avec de futurs partenaires de l’industrie et à réaliser un certain nombre de tests pré-normes. « L’essentiel de notre travail a consisté à préparer l’IP sur le réseau et côté clients, de façon à basculer sur la nouvelle norme sans trop de changements dès qu’elle serait prête », a-t-il ajouté. « Après beaucoup de développement IP, nous avons décidé de passer directement à une solution multimode. En 2019, nous prévoyons de livrer une première plate-forme commerciale 5G : il s’agit d’une puce unique, tout mode du 2G au 5G», a-t-il déclaré. « En ce qui concerne l’année 2018, nous avons programmé de nombreux tests basés sur la nouvelle spécification radio (5G NR Standalone) et nous comptons achever nos recherches sur la 5G autonome ». Selon lui, « des entreprises vont commencer à déployer de la 5G Non-standalone et Standalone. C’est pour cette raison qu’Intel veut achever son travail sur la spécification Standalone cette année. Ensuite, l’entreprise passera à une seconde génération de produits XMM ».
Historique d'Intel, Rob Topol dirige l'activité 5G Business and Technology, Communication and Devices Group à Portland.
Des collaborations pour apporter la 5G aux PC
Intel a profité du dernier Mobile World Congress de Barcelone pour annoncer son intention de collaborer avec Dell, HP et Lenovo sur la première vague de PC compatibles 5G. Le fondeur a également annoncé une collaboration pluriannuelle avec Spreadtrum pour développer une plate-forme mobile 5G basée sur son modem XMM série 8000. Cette année, Intel compte aussi réaliser sa première démonstration d'interopérabilité publique 5G NR en coopération avec Huawei. Sur la question des partenariats OEM, Rob Topol a précisé que « ces collaborations ne seraient pas limitées au facteur de forme PC ». La firme de Santa Clara prévoit par exemple de faire de la co-ingénierie sur des variantes de PC. « Quant à notre partenariat avec Spreadtrum, il représente vraiment une opportunité de mise à l'échelle. L’entreprise est très implantée parmi les OEM locaux en Chine et nous pourrons associer notre modem multimodal au processeur d'application de Spreadtrum ».
Rob Topol précise qu’il fera d'autres annonces à ce sujet, mais « à ce stade, nous consacrons tous nos efforts à la mise en place d'une plateforme multimode solide. Pour être franc, il est un peu tôt pour dire quelles limites nous impose ce design. Nous travaillons encore sur les contraintes thermiques et de puissance du 5G et sur l’intégration des composants dans un appareil de petite taille. Des vitesses supérieures à 5 gigabits par seconde représentent un défi thermique important pour les fabricants. Nous étudions différents designs de référence et nous vérifions que nous pourrons les supporter », a encore expliqué le directeur général d’Intel. Celui-ci a également indiqué que le PC 2-en-1 exposé sur le stand de la MWC faisait appel à « une technologie de dissipation de chaleur très innovante ». « C'est pour cette raison que nous avons axé nos annonces sur la co-ingénierie ». Selon lui, « il serait très facile d'annoncer des partenariats OEM, mais il y a aussi un peu de travail à faire et nous sommes très heureux de le faire ». Ajoutant : « Ce problème ne concerne pas uniquement Intel, mais toute l’industrie ».
Rester dans le bon train de la 5G
À la question de savoir si l'entreprise éviterait de répéter les erreurs du passé - en particulier, son positionnement sur la 4G – Rob Topol a répondu que cette fois, la volonté d’Intel était de s’impliquer dans un co-développement de l'écosystème autour de la 5G. « Pour la 5G, sur laquelle nous travaillons depuis deux ans, nous avons appliqué d’autres méthodes. Par exemple, dès le départ, nous avons dédié une équipe distincte au travail de conception pour qu’elle puisse concentrer tous ses efforts à la normalisation et au prototypage préliminaire pour la 5G. Nous ne voulions pas que les équipes travaillant sur la 3G et la 4G soient dérangées, mais nous voulions aussi que notre travail sur la 5G se fasse de manière très ouverte : nouvelle architecture, nouvelles capacités. Plusieurs travaux ont donc été menés en parallèle et nous commençons à faire converger nos recherches. Je veux donc en premier lieu insister sur le fait que notre travail de développement sur la 5G a été très différent de celui sur la 3G et la 4G. Ensuite, nous avons beaucoup travaillé à développer des partenariats écosystémiques ».
Comme il l’a lui-même déclaré, « Intel a cherché la coopération plutôt que la concurrence et le conflit ». Un changement de stratégie qui, selon lui, a déjà donné des résultats. « Intel a d’ores et déjà réalisé plus de 25 tests avec des opérateurs réseaux et des opérateurs télécoms ». Mais, au-delà du déploiement de la technologie 5G en 2019-2020, Rob Topol affirme que les innovations apportées par la 5G permettront de changer non seulement les usages, mais aussi les façons d’interagir avec la technologie. « Je ne veux pas dire que la 5G n’est pas importante pour les smartphones, mais au cours des cinq prochaines années, vous pourrez utiliser des périphériques qui feront la même chose qu’un smartphone, mais sans avoir à les transporter dans votre poche ».