Le Munci, association professionnelle française regroupant les membres des professions informatiques et télécoms (IT) dénonce avec virulence les propos tenus par Alex Türk, président de la Cnil (commission nationale de l'informatique et des libertés) et sénateur du Nord, lors de sa visite au Maroc le 24 janvier dernier. Si le Munci approuve la première partie du discours (à savoir le retard qu'accuse le Maroc en termes de protection des données), il fustige le reste. Alex Türk a en effet déclaré au journal marocain L'Economiste : « le patronat nous a expliqué que le pays compte passer le seuil des 100 000 emplois dans le domaine de l'offshore à l'échéance 2012 (contre 20 000 actuellement). C'est une excellente chose. Et la Cnil est là pour accompagner ce développement ». Le Munci s'est montré extrêmement surpris par cette dernière phrase. « Ce n'est pas le rôle d'un sénateur ni d'un représentant de la Cnil d'encourager implicitement l'offshore, que ce soit au Maroc ou dans un autre pays », s'indigne Régis Granarolo, président du Munci. Ces déclarations sont jugées comme « totalement irresponsables » par l'association, et ont suscité de vives réactions dans la communauté informaticienne. Le Munci rappelle également que l'offshore - qu'il s'agisse de délocalisations ou de relocalisations de postes - représente dans la plupart des cas [[page]]une « concurrence humaine sauvage, inacceptable et mal vécue par les informaticiens français, plus particulièrement vis à vis des jeunes diplômés de niveau bac+2 à bac+5 ». Régis Granarolo n'hésite pas à parler de « préjudice moral pour l'ensemble des professionnels IT français ». Le Munci a adressé aujourd'hui une lettre à Alex Türk, afin de lui demander des explications sur les propos qu'il a tenus au Maroc. En cas de réponse insatisfaisante, l'association se dit prête à monter au créneau, en organisant une campagne publique de courriers de mécontentement des informaticiens auprès de la Cnil et du Sénat, voire organiser une manifestation devant le siège de la Cnil et alerter le gouvernement. Ce bras de fer n'est pas sans rappeler l'affaire qui a opposé le Munci à Jean-Pierre Raffarin en 2003. L'ancien premier Ministre avait en effet remis la médaille d'or de la « personnalité indienne ou française dont l'action a contribué à renforcer les liens entre ces deux pays » au président d'Infosys, l'un des plus grands spécialistes indiens de l'offshore.