2016 a été une grande année pour Microsoft. Les premiers casques HoloLens ont été livrés aux développeurs, Windows 10 a passé sa première année sans heurts (mais pas sans controverse), et la firme de Redmond a fait son entrée sur le marché des ordinateurs de bureau avec un superbe tout-en-un tactile. Ces annonces, certes importantes, ont fait de l’ombre à d’autres annonces clefs sans doute moins impressionnantes, mais qui ont le potentiel de changer Microsoft – et le monde - au cours des années à venir. Voici 5 annonces que vous avez peut-être manqués cette année.
De nouveaux outils bots pour créer des partenaires de conversation
Fin mars, lors de la conférence développeurs Build 2016, Microsoft a présenté un projet de plate-forme de conversation informatique. L'idée est assez simple : parce que les interfaces utilisateur classiques sont difficiles à comprendre d’entrée de jeu, autant laisser les gens parler directement avec les ordinateurs. En pratique, cela signifie que l’entreprise développe des robots intelligents en même temps que son assistant virtuel Cortana. Ainsi, en mars 2016, Microsoft a livré un Bot Framework open source qui permet aux développeurs d’intégrer facilement des fonctions de chatbots ou conversation automatisée, compatibles avec différentes applications de chat, comme Skype, Facebook Messenger, Kik et d'autres. À la fin de l'année, Microsoft a dévoilé plusieurs fonctionnalités de bot, notamment un service appelé QnA Maker. Basé sur Azure, ce service permet aux entreprises de télécharger des documents FAQ et de les utiliser comme base pour permettre à un bot de répondre aux questions des utilisateurs. À l'heure actuelle, les bots ne représentent pas une activité importante, mais il est clair que Microsoft va continuer à construire des outils bots dans l’objectif de les faire adopter par le plus grand nombre. Il sera intéressant de voir si cela aboutit vraiment quelque part.
Un matériel spécialisé pour accélérer la mise en réseau, l'apprentissage machine et plus encore
En début d’année, pendant le salon Ignite d’Atlanta, Microsoft a partagé quelque chose de vraiment spécial. Ainsi, la firme de Redmond a révélé qu'elle avait déployé des centaines de milliers de circuits logiques programmables FGPA sur l'ensemble de son infrastructure cloud afin d'accélérer des tâches clefs. Les FPGA permettent aux développeurs de configurer des circuits pour prendre en charge des tâches particulières plus rapidement que les autres types de processeurs. Déjà, Microsoft les utilise pour accélérer la mise en réseau SDN définie par logiciel entre les instances de calcul dans Azure. La fonction, désormais accessible gratuitement dans Azure en version bêta sous le nom d'Accelerated Networking, permet aux utilisateurs de bénéficier de vitesses de transfert pouvant atteindre 25 Gb/s (bits par seconde) pour une latence comprise entre 25 et 50 microsecondes. Déplacer les fonctions SDN hors du serveur permet également de libérer du hardware pour le traitement informatique. Les FPGA sont également utiles pour réaliser certaines tâches d'apprentissage machine, et Microsoft les utilise pour son propre compte : dans un avenir proche, l'entreprise va doter certains de ses services cloud basés sur l’apprentissage machine de cette accélération à base de puces FPGA.
Satya Nadella créé une division entièrement dédiée à l’AI
Fin septembre, Microsoft a annoncé la création d'une division AI & Research. Cela peut sembler bizarre à première vue en terme organisationnel, mais cela montre vers quels secteurs d’activité s’oriente Microsoft. Cette division, dirigée par Harry Shum, le directeur de Microsoft Research, emploiera plus de 5 000 ingénieurs. Le département de recherche interne de Microsoft a été à l'avant-garde de certaines des innovations majeures de l'entreprise, par exemple ses API Cognitive Services et son service Skype Translator. Ces projets sont tous importants pour l'avenir de Microsoft. Les API Cognitive Services permettent aux développeurs d’ajouter facilement à leurs applications des fonctions d'apprentissage machine. Skype Translator peut aider le service de messagerie et d’appel vidéo à rester compétitif face à une horde de challengers. En créant cette division, Microsoft investit massivement dans ce qu'il considère comme l'avenir de l'informatique.
Visual Studio et PowerShell deviennent multi-plateforme
Beaucoup de gens développent pour les plates-formes de Microsoft, et, pendant l’année écoulée, deux des principaux outils de développements sont devenus multiplateforme. Microsoft a rebaptisé Xamarin Studio en Visual Studio pour Mac, pour montrer que l'environnement de développement intégré de Windows avait désormais son équivalent Mac. De plus, Microsoft a lancé PowerShell pour Linux, offrant ainsi aux professionnels des opérations habitués à cette ligne de commande scriptable un ensemble d'outils capables de fonctionner à l’extérieur de Windows. À ce stade, le changement de nom de Xamarin Studio n'est pas beaucoup plus qu'un habillage, mais c’est un signe avant-coureur de ce qui pourrait arriver. Si Microsoft avait voulu mettre fin à Xamarin Studio et ne plus investir dans son produit, il aurait pu en conserver le nom et le laisser mourir lentement. Mais ce n’est pas ce qu’a fait l'entreprise.
Bash arrive sous Windows et Microsoft s’affirme dans l’open source
Microsoft a tout intérêt à étendre la portée de son framework de programmation .NET et d'autres outils de développement à des plateformes autres que celles qu’il contrôle. Et il faut s’attendre à d’autres évolutions de ce genre en 2017. L'expansion de Visual Studio et de PowerShell cette année a été en partie possible parce que Microsoft a cédé certains composants de .NET en open source. L’adoption du logiciel open source est une stratégie globale de l’entreprise. En septembre, GitHub a révélé que Microsoft comptait plus de contributeurs à ses projets open source que toute autre société, ce qui est très loin de l'approche historique de l'entreprise. En novembre, le titan technologie a rejoint la Fondation Linux en tant que membre platinum. Fin mars, Microsoft a annoncé qu'il ajouterait la ligne de commande populaire Bash (Bourne Again Shell) à Windows en construisant un sous-système Linux complet pour l'OS avec l’aide de Canonical, le créateur d’Ubuntu. C'est un grand changement pour une entreprise dont le CEO qualifiait Linux de cancer.
À l'époque, Jim Zemlin, directeur exécutif de la Fondation, avait déclaré que selon lui, que Microsoft avait vraiment intérêt à soutenir l'open source. « Il le doit », avait-il même déclaré. « Dans un monde où tout se retrouve dans le cloud, où tout le monde possède un ordinateur, il y a trop de logiciels à écrire. Même avec tous ses ingénieurs, Microsoft ne pourrait pas répondre seule à la demande », a-t-il dit. « Ce n’est pas possible ». Alors, que se passera-t-il pour l’entreprise en 2017 ? L’intelligence artificielle, l’open source et les bots devraient encore occuper une place clé dans la stratégie à venir de Microsoft.