Rencontre avec Kirk Skaugen, vice-président en charge des plateformes serveurs chez Intel
Alors qu'Intel vient de renouveler ses processeurs Itanium et avant l'arrivée de nouvelles puces basées sur Penryn, le responsable de la division serveur lève un coin du voile sur les nouveautés techniques à venir.
Lemondeinformatique.fr : Vous venez d'annoncer une nouvelle mouture d'Itanium. Pourtant, le marché n'est-il pas largement dominé par les puces x86 ?
Kirk Skaugen : En terme de volume, oui le marché est adapté à nos processeurs Xeon. Mais dès qu'il s'agit d'applications critiques, Itanium est meilleur. Pour nous, c'est le remplaçant idéal des mainframes et des processeurs RISC. Et cette nouvelle version - Montvale - reprend d'ailleurs des fonctionnalités comme Core Level LockStep (permettant au processeur de valider son propre travail, NDLR) qui n'étaient jusqu'à présent accessibles que pour les mainframes. Et la prochaine mouture, Tukwala, prévue pour 2008, sera le processeur le plus rapide de la planète et comptera 2 milliards de processeurs.
Sur ces marchés, les utilisateurs étaient prisonniers d'un constructeur ou d'un système d'exploitation. Avec Itanium, ils peuvent choisir entre plusieurs constructeurs OEM, 12 systèmes d'exploitations et plus de 12 000 applications différentes. Du coup, nous avons déjà 140 000 serveurs déployés dans le monde, y compris dans 75 des 100 plus grandes entreprises mondiales.
Voyez-vous une segmentation toujours plus importante du marché des serveurs ?
Oui, désormais la performance pure n'est plus le critère principal. Pour les PME, ce sera le coût ; pour les grands datacenters, le rapport entre performance et la consommation ; et pour les mainframes, la fiabilité et la haute disponibilité. Ajoutez-y une tendance forte à la consolidation des serveurs et à la virtualisation, et vous obtiendrez un marché très fragmenté.
Comment y répond Intel ?
En intégrant de nouvelles capacités au coeur du processeur. Nous avions déjà certains processeurs dotés de capacités de sécurité et, avec vPro, d'outils de virtualisation. Nous allons augmenter les capacités de gestion de l'énergie de nos prochaines puces. Et au fil du temps, nous allons intégrer le rôle d'autres puces de la carte mère au sein du processeur principal. Moins il y a de puces sur la carte mère, moins la consommation électrique de l'ordinateur est importante. Ainsi Tukwila - pour la gamme Itanium - et Nehalem - pour la gamme Xeon - intégreront dès 2008 un contrôleur de mémoire.
Avec la multiplication des coeurs dans les processeurs, les développeurs doivent revoir leurs façons d'écrire des applications. Comment les y aidez-vous ?
10% des employés d'Intel sont des développeurs logiciels. Ils fournissent aux éditeurs des outils pour adapter leurs applications à nos processeurs, notamment pour gérer le multithreading. Avant, un changement de fréquence ne nécessitait pas de revoir son application. Dans les futurs Penryn, non seulement la fréquence augmente, mais le jeu d'instruction change, les coeurs - et les thread au sein de chaque coeur - se multiplient. Outre les outils fournis par Intel, nous travaillons également avec des universités et des écoles pour fournir des cours sur la programmation en parallèle.