Depuis son rachat par big blue pour un montant de 34 milliards de dollars, Red Hat tient à afficher sa relative indépendance. « Red Hat est désormais une filiale d’IBM, et nous avons contribué à la modernisation de leur portfolio, mais nous travaillons d’égale à égale avec les autres entités du groupe », nous a indiqué Jean-Christophe Morisseau, country manager de Red Hat France lors d’un point presse en septembre dernier. Une question délicate quand on sait que l’entité Kyndryl, la spin-off d'IBM spécialisée dans les services d'infrastructures managés, sortira du groupe fin 2021 et deviendra une société de services informatiques distincte. « Kyndryl sera une GSI (Global System Integrator) comme les autres Capgemini, Accenture... Nous avons déjà des discussions avec Atos pour travailler avec IBM et Red Hat ». Cette séparation permettra aux deux entreprises d’innover et de travailler avec de nouveaux partenaires. Kyndryl fait exactement ce que faisait l'entité Global Technology Services, c’est-à-dire externaliser la gestion des infrastructures IT des entreprises, une des grandes spécialités d’Atos, Capgemini étant un peu plus focalisé sur le logiciel. Rappelons qu’en France, c’est Philippe Roncati qui pilote l’activité de Kyndryl.
Très impliqué dans les projets cloud hybrides avec OpenShift, Red Hat propose trois versions de sa plateforme applicative : le moteur Kubernetes Engine de base, la plateforme de conteneurs et, désormais Platform Plus. Red Hat propose également quatre options de gestion de Kubernetes, hébergées sur Microsoft Azure, AWS, IBM Cloud et OpenShift Dedicated, lequel peut être lui-même hébergé sur AWS ou Google Cloud. Étant donné que de plus en plus d'entreprises réalisent que la gestion de K8 est compliquée, les fournisseurs de cloud cherchent à rivaliser sur la simplicité, les fonctionnalités et le choix. Selon le rapport « 2021 State of Cloud » de Flexera, 30 % des entreprises interrogées utilisent déjà OpenShift d'une manière ou d'une autre, ce qui en fait la quatrième option gérée la plus populaire derrière les trois grands fournisseurs de cloud. L’intégration de Red Hat permet à IBM, qui était pourtant un gros contributeur du projet Kubernetes, de renforcer son portefeuille containers : « ça les a remis dans la course Kubernetes », assure le dirigeant. « S’il y a trois ans, les DSI français ne comprenaient pas l’intérêt de Kubernetes, les choses ont bien changé, c’est une réelle opportunité pour Red Hat grâce à cette co-construction avec IBM ».
Une forte empreinte dans le secteur public
En France, Red Hat travaille essentiellement avec des grands comptes : des banques, des industries et des telcos, mais Jean-Christophe Morisseau note une vraie accélération sur le secteur public avec de bonnes discussions avec l’Anssi et la Dinum. « Le pack Red Hat/OpenStack connaît une grosse activité sur le public avec une tendance à la standardisation ». Il n’y aurait pas encore d’effet IBM sur l’activité de Red Hat, mais une facilité à ouvrir les portes. Les grandes banques sont toutes clientes de Red Hat, et des projets sont, par exemple, en cours à la Banque de France. Interrogé sur les pratiques de la Société Générale, qui entend maîtriser ses plateformes open source avec des compétences internes, un représentant de Red Hat France pointe un problème de support à long terme. En France, Red Hat emploie 400 personnes avec 100 commerciaux et 300 développeurs. Ces derniers étant en fait hébergés et gérés par la corp. Questionné sur les vases communicants entre IBM et Red Hat en France, Jean-Christophe Morisseau assure que personne n’a été récupéré dans le cadre du plan social de big blue dans l’hexagone. « J’ai une dizaine de personnes provenant d’IBM, mais ils sont arrivés avant le rachat ».