« Red Hat a choisi de concentrer ses efforts de virtualisation autour de la machine virtuelle sur Kernel KVM, » a déclaré Tim Burke, vice président de l'ingénierie pour la plate-forme Red Hat.Dans cette version, «la virtualisation a été l'objectif essentiel et nous avons considéré l'infrastructure qui pouvait être intégrée à nos services cloud» souligne Tim Burke. Pour être efficient dans les environnements cloud, l'OS RHEL 6 alloue dynamiquement les données au sein du noyau. Une fois les machines virtuelles chargées dans le système d'exploitation, l'administrateur peut spécifier la quantité de mémoire, le nombre de cycles de traitement et la quantité de bande passante qu'il souhaite attribuer à chaque machine.

L'autre fonctionnalité s'appelle le Completely Fair Scheduler (SCF), auquel revient la responsabilité de « répartir de manière plus dynamique les charges de travail entre les tâches » en redistribuant plus uniformément les ressources processeurs entre toutes les applications. Le système emprunte les techniques logiciels de Red Hat pour exploiter les services sans tolérance de latence, comme il accomplit aussi un travail plus sophistiqué de planification des priorités, en hiérarchisant les tâches, de la plus haute à la plus faible priorité » affirme Tim Burke. Des fonctions d'économies d'énergie ont également été ajoutées. Ainsi, l'infrastructure d'horloge a été réorganisée et force l'activité « ticketless » du noyau. Auparavant, ce dernier devait dialoguer avec le processeur 1 000 fois par seconde pour l'empêcher de passer en mode veille et ainsi économiser l'énergie. La fonctionnalité « tickless » repose un système de minuteries accordées au hardware, autorisant le processeur à se mettre en veille pendant des périodes où il n'y a pas d'autres tâches à effectuer.

L'espace occupé par les fichiers système a été amélioré pour être plus adapté aux ensembles de données importants. C'est notamment la première version de RHEL à utiliser ext4 comme fichier système par défaut, en place du ext3 auparavant. Le système d'exploitation peut maintenant exécuter des fichiers système d'une taille allant jusqu'à 16 téraoctets.

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Il sait également effectuer une vérification système plus rapidement, impliquant une amélioration des temps de récupération lors d'arrêts inopinés. Pour les données de très grande taille, la solution de Red Hat propose une option pour mettre à niveau le fichier système du format XFS au format SGI qui peut prendre en charge des capacités allant jusqu' à 128 To.

Une décision cohérente

Au regard de l'implication de Red Hat dans le cloud computing, sa décision de laisser de côté Xen peut paraître surprenant. Mais ces dernières années, l'entreprise a apporté de plus en plus de soutien à KVM. Pour rappel, en 2008, Red Hat avait acquis l'éditeur de logiciel de virtualisation Qumranet, dont les développeurs sont en grande partie à l'origine de KVM. « L'une des raisons pour lesquelles Xen a été abandonné » expose  le responsable, « est que la société ne peut dédoubler tous ses efforts pour maintenir deux hyperviseurs, une tâche exigeante qui réclame beaucoup d'implications. C'est le cas par exemple avec les serveurs équipés du processeur Nehalem d'Intel livré récemment qui apporte certaines fonctionnalités de virtualisation et implique la modification des deux logiciels. »

Simon Crosby, co-fondateur de XenSource et actuellement directeur de la technologie de la plateforme logicielle chez Citrix, a déclaré qu'il n'était pas surpris par la décision de Red Hat d'abandonner Xen. « Il est logique de ne soutenir qu'un seul code source, et Red Hat n'a pas contribué à enrichir le code Xen depuis plusieurs années ». Il fait remarquer que « avec Xen, Red Hat n'a pas eu beaucoup de chance sur le marché de la virtualisation. Ils ont même été vraiment mauvais sur le marché entreprise. Maintenant, ils ont cinq ans de retard par rapport au reste de la communauté ». Ce dernier a également noté que l'adoption de KVM par Red Hat va dans le sens opposé des autres acteurs du marché de la virtualisation serveur, et notamment Citrix et VMware. Ces derniers se tournent aujourd'hui vers des solutions d'infrastructure virtuelle allégées, pour lesquelles toutes les fonctions serveurs sont virtualisées. En revanche, KVM s'appuie sur le noyau de l'OS, et fonctionne uniquement sous machines virtuelles tournant sous Linux. «C'est une option Linux-first » souligne Simon Crosby.

Dans tous les cas, le passage à KVM nécessitera un certain travail de la part des utilisateurs actuels de Red Hat Entreprise Linus qui devront faire migrer leurs machines virtuelles Xen vers KVM (ou les obliger à installer Xen séparément). « Pour donner accès à des invités Xen RHEL 5 sur RHEL 6, il faut lancer un outil de conversion et de migration» a précisé Tim Burke.