Rapprochement Yahoo-Microsoft : les analystes sont pour
Encore d'actualité ou non, les discussions sur un éventuel rachat de Yahoo par Microsoft sont favorablement accueillies par les analystes, qui ne voient que ce moyen pour contrer la domination croissante de Google sur le marché de l'Internet.
Pour les analystes, l'éventuel rachat de Yahoo par Microsoft est, davantage qu'une hypothèse, une question de calendrier. Les deux groupes, qui ont reconnu avoir eu des discussions par le passé, auraient récemment renoué le dialogue, ont rapporté en fin de semaine dernière le New York Post et le Wall Street Journal. Les deux acteurs espéreraient ainsi contrer la domination de Google sur le marché de la publicité en ligne. Le rachat de la régie publicitaire spécialisée DoubleClick par Google le mois dernier, au nez et à la barbe de Microsoft, pour 3,1 Md$, aurait accéléré les choses.
Selon la presse américaine, Yahoo et Microsoft envisageraient plusieurs possibilités, du partenariat au rachat pur et simple. Depuis, le Wall Street Journal s'est rétracté, indiquant que les discussions n'auraient plus cours « selon des sources proches du dossier ». Néanmoins, les analystes accueilleraient plutôt favorablement un tel rapprochement.
« Les discussions ont vraiment lieu », souligne Greg Sterling, du cabinet Sterling Market Intelligence. Pour lui, au vu du rachat de DoubleClick par Google, Yahoo et Microsoft ont besoin de faire quelque chose de « radical ». « Une alliance ne satisferait pas le marché, estime-t-il. Il faut un mouvement qui change radicalement le jeu. Sur le papier, une acquisition paraît bien. »
Une amélioration de l'image pour Yahoo, un risque pour Microsoft
Mieux vaut pour Microsoft et Yahoo apporter une réponse à la présence grandissante de Google le plus rapidement possible, commente de son côté Rob Enderle, d'Enderle Group. « Les deux sociétés se démènent pour concurrencer Google, qui est devenu incroyablement puissant dans le domaine de la publicité sur Internet. [Un rachat] est une réponse compétitive à la quantité de pouvoir que Google est en train d'amasser. » La direction de Yahoo pourrait d'ailleurs être amenée à considérer favorablement une offre, dans la mesure où les résultats ne sont pas bons, ajoute Rob Enderle.
Pour Jennifer Simpson, du Yankee Group, ce pourrait aussi être une bonne chose du point de vue de l'image de Yahoo. « Bien qu'étant un concurrent viable de Google, Yahoo n'est pas très bien placé en termes de perception par les gens de qui peut concurrencer Google. » Quant à Microsoft, cela lui permettrait d'avoir un pied dans la Silicon Valley, où se traitent les affaires, souligne l'analyste.
Microsoft profiterait aussi de l'expertise de Yahoo sur Internet, note Emily Riley, de Jupiter Research. « Microsoft s'est essentiellement consacré à ses produits logiciels, Windows et Office. Yahoo est très différent. C'est une société Internet jusqu'au bout des ongles. »
Bien sûr, disent les analystes, intégrer deux sociétés de cette taille, chacune avec sa propre culture, sera compliqué. Surtout, Microsoft aura à gérer un problème d'image, indique Jennifer Simpson, qui rappelle la façon dont est perçue la domination de Microsoft sur le marché. « Cela n'ira pas en s'améliorant si Microsoft achète une société Internet de la taille de Yahoo. »