Avec un taux de réponse avoisinant les 80%, l'implication des salariés de France Télécom dans l'enquête du cabinet Technologia donne du poids aux résultats présentés lundi au siège de France Telecom. 80 000 salariés (sur 102 000) ont répondu aux 160 questions d'un questionnaire établi pour mieux cerner les éléments liées à leurs conditions de travail par catégorie professionnelle, âge, ancienneté, formation... Dans sa synthèse, le rapport de Technologia parle d'une "ambiance de travail tendue, voire violente" et désigne une "grande défaillance du management." Privés "d'une colonne vertébrale solide de management, les personnels de France Télécom semblent plus que jamais orphelins de sens, de leaders," commente finalement l'enquête. Certains constats sont sans appel. Seuls 39% des répondants se disent "fiers d'appartenir au groupe France Telecom ?", contre 96% il y a 5 ans. Les salariés jugent aussi que leurs conditions de travail se sont nettement dégradées. A la question " Depuis quelques années, vos conditions de travail se sont-elles : améliorées ; restées inchangées ; dégradées ?", ils sont 65% à estimer qu'elles se sont "dégradées" et 30% à estimer qu'elles sont restées inchangées. Les écarts de réponse entre les groupes (hommes/femmes, par tranches d'âge, fonctionnaires/contractuels, cadres/non cadres...) sont très faibles. A noter en revanche que les collaborateurs ayant plus de 35 ans et plus de 10 ans d'ancienneté se sentent très concernés par la situation. Le personnel perçoit une dévalorisation de ses compétences [[page]] Le personnel perçoit une dévalorisation de ses compétences En ce qui concerne le stress au travail, 52% des personnes interrogées ont reconnu qu'il leur arrivait (ou qu'il leur était arrivé au cours des 12 derniers mois) de se sentir "très fatigué(e) ou stressé(e) " par leur travail et 40% considèrent que "Cela arrive souvent." Les collaborateurs s'expriment également sur les effets du travail sur leur santé. 39% estiment qu'au cours des cinq dernières années, en raison de leur activité, leur santé s'est dégradée. Enfin, 55% du personnel se dit "pas du tout et plutôt pas satisfait de sa situation professionnelle prise dans sa globalité." C'est notamment le cas pour les métiers où les salariés sont en contact avec les clients, dans les boutiques, centres d'appel ou unités d'intervention. Tous ces résultats pointent vers des modes de fonctionnement où s'accumulent "conditions de travail difficile," "désajustement professionnel," "relations sociales dégradées," ayant engendrées "une fragilisation de la santé physique et mentale" de certains salariés, pour reprendre les éléments les plus significatifs de l'enquête. 67% sont "tout à fait d'accord" pour dire que "les exigences demandées sont trop fortes", 76% jugent que les "applicatifs sont devenus trop nombreux et/ou trop complexes," 78% jugent les "conditions de travail dégradées en raison de la dévalorisation des compétences," et 62% des personnes trouvent aussi que ces mauvaises conditions de travail sont dues à la "pression de [leur] responsable" qui "critique injustement [leur] travail." Le rapport issu des réponses à ce questionnaire ne constitue que l'une des quatre étapes de la mission confiée au cabinet Technologia, entre l'analyse des rapports d'enquête des CHSCT (comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) du groupe, les entretiens qualitatifs de collaborateurs et l'audit sur les suicides. C'est en mars 2010 que sera remis le dernier rapport du cabinet spécialisé en évaluation et en prévention des risques professionnels et de l'environnement.