Celle qui n’était encore qu’une start-up couvée par l’Etat semble enfin prendre son envol. Quandela, la jeune pousse française qui fournit des ordinateurs quantiques photoniques modulaires accessibles à la fois sur le cloud et sur site vient d’ouvrir sa première usine à Massy, dans l’Essonne (91). La semaine dernière, elle a en effet inauguré ce site qui vient compléter la salle blanche dont disposait déjà l’équipe à Saclay, d’où sortent ses composants les plus critiques. Pour l’occasion, Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance et Alain Aspect, Prix Nobel de Physique 2022 et membre du conseil scientifique de Quandela étaient présents. Ce dernier soutient en effet la jeune pousse depuis ses débuts. Citée à de nombreuses reprises pour ses avancées en matière de quantique, elle fait d’ailleurs partie de la première promotion du programme DeepNum20 initié par la French Tech. Elle a remporté l’appel à projet « Première Usine » de France 2030, opéré par Bpifrance, lui donnant les moyens de passer du laboratoire vers l’usine. Elle a ainsi bénéficié d’un soutien financier de 9,5 millions d’euros.
Pour mémoire, Quandela a été fondé en en 2017 par Pascale Senellart-Mardon, Valérian Giesz ainsi que Niccolo Somaschi à la suite de recherches effectuées au sein du laboratoire C2N du CNRS. Elle a réalisé en novembre 2021 une levée de 15 millions d’euros et compte aujourd’hui une cinquantaine d’employés. Si l’on revient sur son parcours, il convient de rappeler qu’elle a publié son logiciel de programmation et de simulation d’ordinateur photonique, Perceval en 2022. Depuis l’automne dernier, elle propose l’accès via le cloud à Ascella, son premier système quantique à 6 qubits. Plus récemment, en mars 2023, Quandela a reçu sa première commande d’ordinateur quantique en propre, de la part d’OVHcloud, pour une livraison prévue à l’automne prochain. Multipliant les partenariats, il a su s’imposer auprès d’acteurs comme EDF, MBDA et l’ONERA pour les accompagner et les conseiller dans l’exploration et le développement des premiers cas d’usage utilisant les ordinateurs quantiques photoniques.
À chacun sa méthode pour concevoir un Qubit
Aujourd’hui, plusieurs technologies se disputent ce marché naissant. Il existe différentes méthodes pour concevoir un Qubit, dont le piégeage des atomes refroidis par laser, une technologie maîtrisée par le français Pasqal, les ions piégés (approche soutenue entre autres par Honeywell et la startup IonQ), la photonique (portée par Quandela), le spin sur électrons dans des semiconducteurs, une voie prise par le CNRS et le CEA/Leti ou encore, la plus médiatisée, les supraconducteurs, une technologie choisie par le finlandais IQM, le canadien D-Wave et les américains IBM et Google. In fine, tout ce qui compte derrière ce développement de technologies, c’est la rentabilité. Il s’agit en réalité d’identifier l’approche la plus rentable de la production de Qubits parfaits qui se prête le mieux à une industrialisation
Quandela qui travaille donc sur la photonique quantique propose plusieurs services, incluant le développement de sources de photons uniques, la création d’algorithmes pour les systèmes quantiques et la fourniture de solutions d'informatique quantique dans le cloud. Désormais installée dans le paysage français du quantique, elle est également citée parmi les initiatives européennes les plus prometteuses. Et dans un tel domaine, c’est d’autant plus impressionnant.
Un pied dans la phase industrielle
L’ouverture de cette usine représente une étape clé pour la société. Avec ses équipements dédiés à la production et des contrôles de qualité très rigoureux, l'entreprise entre pleinement dans sa première phase d’industrialisation. Considérée comme le premier acteur de l'Union européenne - et l'un des rares dans le monde - à rendre ses ordinateurs quantiques accessibles via le cloud, elle se positionne parmi les pionniers dans le développement du calcul quantique. Au cours des prochains mois, Quandela mettra en ligne deux autres systèmes quantiques, élargissant ainsi son offre de solutions dans le domaine.
Le site de Massy est un pas en avant dans l’augmentation de sa production, afin de fournir davantage de machines quantiques, tant pour les ventes sur site que pour la déclinaison cloud. Elle ambitionne ainsi de livrer trois systèmes tous les six mois, au lieu d’une seule auparavant. « Après avoir mis une première génération d'ordinateurs quantiques dans le cloud, la suite logique pour Quandela était d'avancer vers l'industrialisation des ordinateurs. Grâce à cette usine, située aux portes du plateau de Saclay, nous sommes sereins pour relever les prochains défis et continuer d'augmenter les capacités de calcul de ces ordinateurs et le nombre d'applications industrielles » Valérian Giesz, co-fondateur et directeur général de Quandela.