En direct de Las Vegas. De « Notre vision est un monde entièrement flash » à « il est temps faire mordre la poussière aux disques durs » ou encore « l'avenir est au flash », « nous pensons que le temps est écoulé pour les HDD »... Les petites phrases prédisant la mort du célèbre disque dur dans les systèmes de stockage pour entreprises ont été enfilées comme des perles par les dirigeants de Pure Storage lors de son show Accelerate 2023 qui se déroule en ce moment à Las Vegas (14-16 juin). Tous les dirigeants et responsables du groupe se sont ainsi donnés le mot pour bien faire passer le message que la fin des disques durs est proche. Apparu en 1953 sous l'impulsion d'IBM, le hard disk drive serait ainsi prêt à être remisé dans le placard à antiquités, au même titre que les vinyles, cassettes audio, CD... Un discours qui rappelle celui d'EMC annonçant la fin de la bande - pour l'archivage - au profit des disques durs au début des années 2000 : en 2003 pour être plus précis, lors du lancement des baies Centera (Worm) à Londres en présence de Pat Gelsinger, alors numéro deux d'EMC.
« Le disque dur n'est pas une mauvaise chose que nous voulons éliminer de la planète », nous a indiqué Shawn Rosemarin, vice-président R&D ingénierie client de Pure Storage. « C'était une belle merveille mais ils ont atteint la fin de ce qu'ils pouvaient faire. La raison pour laquelle les disques durs ne peuvent plus grossir c'est qu'en agrandissant les plateaux de plus en plus, les performances deviennent nulles ». La « disparition » du HDD selon Pure reste toutefois à préciser : le groupe entend ainsi qu'à horizon 2030, plus aucun nouveau système de stockage pour entreprises vendu sur la planète ne devrait intégrer de disque dur. Un peu à l'image de ce qui se trame pour la fin des véhicules à moteurs thermiques en Europe, cela ne signifie donc pas qu'il n'existera plus aucun système HDD mais que leur déclin réel débuterait à cette date. Les disques durs ne sont pas seuls à ne pas être en odeur de sainteté pour Pure.
Pure Storage a mis a prix la tête des disques durs. (crédit : D.F.)
Le sort des SSD aussi jeté
Les SSD sont aussi mis dans le même panier, présentant à ses yeux de grosses lacunes en termes de performance, de fiabilité et d'efficience énergétique. « Il n'y a pas de véritable différence entre un disque dur et un SSD qui a de la puissance, de la fiabilité mais pas assez de densité », poursuit Shawn Rosemarin. Pour donner vie à sa prémonition, Pure Storage mise - sans surprise - sur sa technologie de carte DirectFlash Module (DFM) dont une capacité de 300 To est attendue également au tournant en 2030.
« Pure s'est engagé sur la voie du DFM parce que nous savions que nous devions fournir des performances de densité maximale et pour ce faire, nous devions assurer d'avoir la quantité de NAND brute nous pouvions apporter qu'il s'agisse aussi bien de SLC, de MLC, de TLC ou de QLC peu importe. Nous devions développer notre propre logiciel pour gérer la flash et nous avons aussi réfléchi sur la façon d'améliorer son efficacité en termes de cycles d'écriture en étant capable de gérer l'ensemble du cycle de vie d'une I/O », explique Shawn Rosemarin. « Notre DFM de 75 To est déjà conçu, ce sera facile d'aller vers les 150 To avec l'écriture d'une image miroir de l'autre côté de la carte. Mais pour atteindre 300 Po on aura besoin d'une flash plus dense, de plus de couches et de plus de cellules. Nous examinons les feuilles de route NAND et ne voyons aucune raison ou problème en ce qui concerne la densité de la NAND elle-même ».
Les disques durs font de la résistance et montent en capacité avec notamment la technologie HAMR chez Seagate. (Crédit Seagate)
Prix et quantité de production de ces mémoires devront cependant être surveillés comme le lait sur le feu au risque de rendre l'équation de Pure un peu plus complexe à résoudre... et donner par la même occasion un peu de vie supplémentaire aux vieux mais toujours vaillants disques durs. D'autant que Seagate avec le HAMR (Heat Assisted Magnetic Recording, un faisceau laser pour guider les têtes) et Western Digital avec le MAMR (Microwave Assisted Magnetic Recording, un oscillateur/amplificateur sur la tête d’écriture) travaillent à l'augmentation de la densité des plateaux et donc de la capacité de stockage des disques durs. Seagate vient d'ailleurs d'annoncer des disques durs 32 To (10 disques et 20 têtes) et entend rapidement passer à 40 To en 2024.