PTC affiche de bons résultats et s'ouvre les portes d'EADS
Fort d'un CA dépassant le milliard de dollars, le numéro 3 du PLM peut aussi s'enorgueillir d'avoir raflé la mise chez EADS, au grand dam de Dassault Systèmes.
Le numéro 3 du PLM (Product Lifecycle Management), PTC se porte bien malgré la crise. Il vient de clôturer son année fiscale avec un chiffre d'affaires de 1,075 Md$ en augmentation de 14% et un bénéfice de 160 M$. Il affiche par ailleurs le meilleur trimestre de toute son histoire avec un CA de 299,5 M$ (+12%). En ces temps difficiles, on comprend que l'éditeur se soit réjoui à l'occasion de son PTC World 2008 au Stade de France le 13 novembre dernier. A l'heure où l'industrie automobile, cliente traditionnelle des logiciels de gestion du cycle de vie des produits, bat sérieusement de l'aile, l'Américain rappelle ainsi qu'il a, lui, pris la précaution de ne pas placer tous ses oeufs dans le même panier. Son CA se répartit entre les secteurs aéronautique (20%), high-tech (25%), automobile (15%), équipement industriel (20%), produits de grande consommation (10%) et sciences de la vie (10%).
Pour tenir face à la crise, PTC compte aussi sur ses revenus récurrents (la maintenance représente 47% de ses revenus et les services 25%). En revanche, 42% de son CA est européen. La baisse de l'euro par rapport au dollar devient donc un handicap pour l'éditeur, qui lui imposera de revoir quelque peu ses prévisions à la baisse. « Nous espérons un premier trimestre situé entre 250 et 260 M$ avec une croissance de seulement 3 à 4% », estime Richard Harrison, président et CEO de PTC. Ce qui n'empêche pas cet adepte de la croissance externe d'envisager de nouvelles acquisitions avant la fin de l'année.
PTC équipera EADS et la plupart de ses filiales
Mais ses revenus ne sont pas le seul motif de satisfaction de l'entreprise. Cet été, l'éditeur a en effet raflé un imposant contrat chez EADS au nez et à la barbe de SAP, Siemens PLM (ex-UGS) et surtout Dassault Systèmes, le rival de toujours. Après les déboires de l'Airbus A380, le géant industriel a décidé d'harmoniser l'ensemble de ses environnements de PLM. Le prestigieux avion avait en effet accusé de lourds retards et pertes financières à la suite d'erreurs de conception des circuits électriques. En cause, entre autres, des systèmes de gestion des données techniques disparates et pas forcément compatibles. Aujourd'hui, pour son projet d'harmonisation Phenix, EADS a donc choisi PTC.
Un coup historique à plusieurs titres
[[page]]Il s'agit d'un coup historique à plusieurs titres. Pour commencer, quand on est américain comme PTC, pas facile de déloger Dassault Systèmes d'un grand compte européen. EADS reste néanmoins équipé de la CAO Catia du Français. Mais, PTC va bel et bien équiper le géant de l'aéronautique et la plupart de ses filiales, en particulier Airbus, Eurocopter et Astrium, de son SGDT (système de gestion de données techniques) collaboratif Windchill.
« Nous parlons de 65 000 utilisateurs, s'enthousiasme Marc Diouane, vice-président Europe de l'Ouest pour PTC, sans oublier toute la chaîne de sous-traitance. » Dans son projet d'harmonisation, Airbus devrait en effet, au minimum, inciter ses prestataires à travailler dans les mêmes environnements que lui. « Pour chaque utilisateur Airbus, on peut en compter trois ou quatre chez les sous-traitants. »
Une version de Windchill native pour Sharepoint
Côté produits, PTC a rappelé la sortie de son offre de PLM en mode natif au dessus de l'environnement collaboratif Sharepoint de Microsoft, Windchill ProductPoint. Il a également présenté sa modélisation humaine numérique en 3D Pro/Engineer Manikin et ses extensions. Cet outil permet de concevoir des mannequins 3D virtuels réalistes pour effectuer, par exemple, des tests ergonomiques de produits encore à l'état de prototype numérique.
Enfin, interrogé sur la nouvelle rumeur de vente de son entreprise cet été, Richard Harrison a fait une réponse aussi cinglante que surprenante : « Demandez à Bernard Charlès (NDLR : patron de Dassault Systèmes), a-t-il asséné. A ce moment-là , nous avions passé avec succès plusieurs phases de tests de l'appel d'offre EADS, alors que Dassault Systèmes, lui, n'y arrivait pas. Voyant qu'il allait perdre le marché, Bernard Charlès a glissé à des journalistes à Londres que nous étions à vendre, alors que ce n'était pas du tout fondé. » Dassault Systèmes ne souhaite pas commenter pour l'instant. Gageons qu'il n'en sera pas longtemps ainsi. C'est au tour du Français d'organiser sa grand messe annuelle, l'ECF, les 26 et 27 novembre prochains à Disneyland Paris.