Particulièrement prisées par les clients (avec Infinidat et Pure Storage) selon la dernière étude du Gartner sur le sujet - Voice of the Customer for Primary Storage publiée en avril dernier - les solutions de stockage de Huawei se renouvellent en mettant l’accent sur le data management, un meilleur support des environnements Kubernetes et la sécurité. Lors de son événement Innovate Data Infrastructure Forum 2023, les 23 et 24 mai à Munich, le fournisseur chinois a accueilli près de 600 personnes (clients, partenaires et employés) pour présenter sa feuille de route pour les années à venir : l’ère du yottabyte (un yottabyte est égal à un quadrillion de gigabyte).
Plus concrètement, l’entreprise renforce sa famille de stockage flash OceanStor Dorado avec un outil de protection contre les ransomwares baptisé OceanCyber, qui se présente sous la forme d’une appliance physique optionnelle pour les baies milieu de gamme et d’un logiciel embarqué pour les modèles haut de gamme, nous a expliqué lors d’un entretien à Munich Guobin Zhang, chief scientist storage chez Huawei. Cet outil prend en charge la gestion de la configuration des politiques de sécurité, la détection, l'analyse et la défense contre les tentatives de chiffrement malveillant afin de protéger les données de l’entreprise. Selon Huawei, le moteur d’OceanCyber affiche un taux d’identification des rançongiciels de 99,9 % et traite jusqu’à 50 To/heure. La protection est opérée en temps réel avec une sorte d'analyse de tout ce qui s'est passé avant de réaliser la première sauvegarde, puis des instantanés pour revenir à un état précédent si des données ont été compromises. Huawei n'est toutefois pas le premier fournisseur à proposer une protection contre les ransomwares, un concurrent comme NetApp le fait depuis longtemps, dans Ontap et via des partenaires comme Prolion ou Cleandris.
L'appliance OceanCyber vient assurer la protection contre les ransomwares dans la gamme OceanStor Dorado midrange. (Crédit Huawei)
Un plug-in CDR pour Kubernetes
Autre axe de développement pour Huawei, un meilleur support des environnements Kubernetes sur les baies Dorado en passant par le pilote CSI générique et le plug-in CDR (Container Disaster Recover) du fournisseur chinois. « Cela signifie que nous pouvons prendre en charge le clonage, la sauvegarde et la restauration des applications conteneurisées pour assurer leur protection », nous a indiqué Guobin Zhang. Le service de back-up s'exécutant en arrière-plan, les données sont disponibles dès le début de la restauration. Une fonctionnalité intéressante pour faciliter le travail des opérateurs dans les environnements de production. Huawei travaille avec les principales distributions K8’s du marché, à savoir Red Hat OpenShift, Suse Rancher, VMware Tanzu, ainsi que des acteurs chinois comme DaoCloud ou Alauda.
Chief scientist storage chez Huawei, Guobin Zhang travaille à Gandzhou au sein du centre assurant le développement des produits de stockage. (Crédit S.L.)
Lors de sa keynote du 23 mai à Munich, Yuefeng « Peter » Zhou, président de Huawei IT, a dévoilé la plateforme de data management du fournisseur baptisé Global File System (GFS), « un environnement de type cross domain data collaboration ». « GFS travaille avec les baies de stockage de Huawei, mais également avec des produits concurrents. C’est comme une passerelle qui assure la réorganisation virtuelle des données non structurées à l’aide des metadata. Il faut tout d’abord ingérer toutes les métadonnées des différents produits pour obtenir une vue globale, puis – à l’aide de l'index des métadonnées - effectuer des recherches pour identifier le cœur et mettre en place une politique de migration des données en local et dans le cloud », nous a expliqué Guobin Zhang. Huawei vient ici concurrencer des solutions spécialisées développées par des start-up comme Alation, Data Dynamics ou Komprise. À la différence de concurrents comme Dell, HPE ou NetApp qui ont toujours réalisé des acquisitions pour renforcer leur assise technologique, Huawei a procédé comme à son habitude en favorisant les développements internes. Interrogé sur le contrôle plane de cette plateforme de data management, Guobin Zhang, nous a répondu qu’il pouvait être assuré en local ou dans le cloud selon les scénarios de déploiements retenus par le client. Le cloud public est toutefois le parent pauvre du fournisseur chinois en France, qui met surtout en avant son partenariat avec Orange Business (ex OBS) autour de Flexible Engine. Mais nous reviendrons en fin de semaine sur ce sujet suite à un entretien que nous avons réalisé à Munich avec Weilliang Shi, le président de Huawei France.
Fortes ambitions dans le big data
Terminons avec la gamme full flash OceanStor Pacific, particulièrement importante pour l’avenir de Huawei, qui affiche de grandes ambitions sur les marchés du HPC et des médias, sans oublier les big data et l’analytique. « Nous proposons une solution de stockage avec un mode turbo haute performance orienté charge de travail », nous a précisé Guobin Zhang. De type scale-out, les baies Pacific travaille en mode fichiers, objets et HDFS. Et pour augmenter la capacité exploitable et réduire le coût de possession, le fournisseur introduit des accélérateurs baptisés Superencoding Adapter pour accélérer la compression des données de 2 à 3 suivant le type de fichier. La baie n’assure toutefois pas de déduplication, que Guobin Zhang trouve plus intéressante avec les VM qu’avec les données non structurées comme les vidéos. Sur ce marché, Huawei vient concurrencer les leaders Dell, HPE, NetApp, IBM ou encore Pure, sans oublier DDN ou Vast Data.