Prospective : « il n'y a pas à craindre un nouveau contrat de mission »
La fédération Syntec pourrait-elle proposer un contrat de mission bis deux ans après ses premières propositions en ce sens qui avaient provoqué un tollé chez les partenaires sociaux ? Certains des propos tenus dans la nouvelle mouture de son document de position « Une vision prospective à 5 ans des métiers de la branche » peuvent faire planer un doute. La fédération patronale explique que « la flexibilité n'est pas synonyme de précarité et que la Branche soutiendra toute initiative qui desserera l'étau qui contraint la démarche d'entreprise et la création d'emploi ». Elle ajoute, « notre compétitivité (...) et notre capacité à développer l'emploi sont directement liées à la baisse du coût du travail ainsi qu'à la levée des freins à l'embauche et à la flexibilité ». Elle fait parallèlement deux propositions visant les conditions d'emploi dans le secteur : l'adaptation du « contrat Emploi Export » (loi de finance du 18 janvier 2005) pour permettre de recruter des collaborateurs pour des missions à l'exportation ; la réouverture du dialogue social pour d'adapter et d'assouplir l'accord sur la réduction du temps de travail.
Un contrat mortel pour les SSII
La CGT dénonce une vision régressive et visant à étendre la précarité dans les conditions d'emploi.« Si le Syntec pouvait bénéficier d'un CDD d'usage pour chaque type de fonction et de mission, il le ferait », indique Silvere Chabot, secrétaire fédérale de la Fédération CGT des sociétés d'études. La CFDT estime de son côté qu'il n'y a pas à craindre un nouveau contrat de mission. « On peut certes voir dans ces propos des reliquats de l'esprit qui a présidé à l'élaboration du contrat de mission, mais c'est surtout de la provocation », estime Ivan Béraud le secrétaire national de la F3C CFDTen charge du pôle conseil et publicité. « Le Syntec a compris que si un contrat de mission est intéressant pour les entreprises utilisatrices, il est au contraire mortel pour les SSII. Il donne en effet la possibilité aux entreprises d'embaucher des compétences informatiques pour des besoins ponctuels en se passant des services des SSII ».
Il ajoute que le Syntec est conscient qu'une forte stabilité d'emploi doit par ailleurs être proposée par les SSII à leurs salariés, même si les utilisateurs souhaitent de la flexibilité pour répondre à des besoins ponctuels ». Il en veut pour preuve le volet social du document prospectives du Syntec qui veut favoriser la gestion prévisionnelle des compétences - non plus une vision consommatrice de la formation-, la gestion de la diversité et l'emploi des seniors chez ses adhérents. « C'est bien la première fois qu'ils reconnaissent qu'il faut gérer les ressources humaines et font des propositions en ce sens, alors que nous nous battons pour cela depuis longtemps », salue-t-il. « Notre crainte est surtout que ces v?ux restent lettre morte »
Comme la CGT, ce dernier n'est pas du tout favorable, en revanche, à l'adaptation du contrat Emploi Export évoqué plus haut. Ces syndicats croient peu par ailleurs à une modification de l'accord sur les 35 heures. « Les dispositions sur l'annualisation du temps de travail sont peu appliquées dans le secteur informatique parce qu'elles impliquent de prévoir le temps de travail à long terme, ce qui est difficile au vue des activités. Cela ne changera pas », estime Ivan Béraud. « Nous sommes prêts à renégocier mais alors pour avoir un vrai accord de réduction du temps de travail, ajoute Silvère Chabot. « Ce qui n'est pas possible avec un forfait jour pour les cadres tels qu'il existe aujourd'hui ».