Après avoir confirmé le 2 octobre qu'il étudiait l'acquisition de la société de services et éditeur O2i, Prologue est passé à la vitesse supérieure le 9 décembre dernier en déposant un projet d'OPE auprès de l'Autorité des Marchés Financiers (AMF). Pour allécher les actionnaires de sa cible, l'éditeur et intégrateur leur propose d'échanger deux de leurs actions O2i contre trois de ses titres. L'opération leur permettrait alors d'empocher une prime de 20,4% sur le cours de clôture d'O2i au 8 décembre. Elle valorise cette dernière 16,4 M€, un montant qui pourra monter aux alentours de 20 M€ en cas d'exercice des BSA.
«A l'heure actuelle, des actionnaires d'O2i détenant 16% de son capital ont déjà officiellement annoncé qu'ils soutiennent notre offre [Ndlr : Alterfi et Eric Rouvroy]. D'autres nous suivent mais ne souhaitent pas le faire savoir publiquement», indique Olivier Balva, le conseil de Georges Seban, le président du conseil d'administration de Prologue. Officieusement, Prologue disposerait déjà de l'assurance de disposer de 20% du capital d'O2i. L'entreprise espère que l'OPE lui permettra d'aller bien au-delà en ralliant à sa cause d'autres actionnaires importants d'O2i et de plus petits porteurs. Prologue se dit d'autant plus sûr de peser sur l'avenir d'O2i qu'il prendra quoi qu'il arrive des parts significatives dans la société de services et d'édition. En effet, même si son projet d'OPE n'aboutissait pas, l'éditeur intégrateur procéderait tout de même à un échange de titres avec les actionnaires d'O2i qui se sont déjà positionnés en sa faveur. « Notre but est de montrer que nous sommes dans une stratégie d'investissement à long terme », explique Olivier Blava.
Pour Prologue, les synergies avec O2i existent dans plusieurs domaines
En face de lui, le candidat acquéreur a un opposant déclaré, et pas des moindres, à son projet de croissance externe. Il s'agit de Jean-Thomas Olano, le PDG d'O2i, qui a récemment élargi sa prise de participation au capital de l'entreprise de 16 à 20%. L'homme assure lui aussi avoir le soutien d'importants actionnaires de la société qu'il dirige pour contrer l'OPE. Il exprime plusieurs arguments pour expliquer son refus. D'une part, le fait que l'offre de Prologue sous-valoriserait O2i. Non pas par rapport à la valeur actuelle de l'entreprise en bourse, mais au regard de son potentiel de croissance. Il argue en outre qu'aucune synergie n'existe entre Prologue et O2i. Faux ! Répond en substance Prologue par la voix d'Olivier Balva : « O2i a une importante activité de formation et Prologue en développe déjà une en Espagne, certes moins importante, à travers sa filiale Alhambra-Eidos. Cette entreprise avait été spécialement rachetée pour entrer dans ce secteur d'activité. Concernant l'édition de logicielle, où O2i vient tout juste de se positionner en lançant le logiciel ai.flow, c'est une des activités historiques de Prologue. Nous proposons notamment des solutions de portage d'applications dans le cloud qui nous confèrent un savoir-faire qui nous permettrait de proposer l'application de gestion des ressources marketing d'O2i en mode SaaS. »
A moins d'un revirement imprévu, cet exposé des synergies vues par Prologue ne devrait pas faire évoluer la position de Jean-Thomas Olano. Pour l'heure, la balle est dans son camp. Le dirigeant a un mois pour répondre au projet d'OPE, sans que son avis ne soit suspensif, et ouvrir ensuite la voie à une prise de décision de l'AMF. Chez Prologue, on ne cache pas anticiper le fait que le dirigeant d'O2i puisse tout entreprendre pour faire traîner les choses. Néanmoins, si les délais habituellement constatés entre le dépôt d'un projet d'OPE et sa réalisation étaient respectés, l'offre d'échange d'actions aux actionnaires pourrait être ouverte aux alentours entre les 15 et 20 janviers prochains.