Atos met un coup d’accélérateur sur ses recherches en informatique quantique avec le lancement de son programme Quantum revu par un aréopage de physiciens quantiques et mathématiciens. Cette initiative, qui a l’objectif de déboucher sur une intégration industrielle, va s’appuyer sur l’expertise et les forces du groupe français dans le calcul intensif et la cybersécurité depuis le rachat de Bull en 2014. Un laboratoire de R&D disposant d’une équipe dédiée à ce programme Quantum vient d’être créé dans la région parisienne. L’équipe travaillera au développement d’une plate-forme de simulation quantique destinée à tester les algorithmes et les logiciels des futurs ordinateurs quantiques. Un pôle se consacrera à la mise au point d’algorithmes destinés à la constitution d’un portefeuille d’applications quantiques pour le calcul intensif, le big data, l’intelligence artificielle et la cybersécurité. Dans ce dernier domaine, les recherches porteront en particulier sur des algorithmes de chiffrement capables de résister aux attaques quantiques.
De nombreux fournisseurs et états fourbissent leurs armes sur ce terrain. Cet été, la Chine avait créé l’événement en annonçant avoir lancé son satellite quantique Quess pour une mission de deux ans avec l’objectif de mettre en place des communications indéchiffrables. Google a également indiqué en juillet qu’il expérimentait un chiffrement capable de résister aux ordinateurs quantiques.
Bull Sequana pour simuler le calcul quantique
Les chercheurs du programme Quantum se pencheront aussi sur les architectures de calcul qui permettront aux applications d’exploiter la puissance de l’informatique quantique. En avril dernier, Atos avait présenté le supercalculateur exaflopique Sequana sur lequel il travaille depuis plusieurs années et qui, d’ici 2020, pourra calculer 1 milliard de milliards d’opérations par seconde d’ici 2020. Ce système exascale, produit dans l’usine d’Atos à Angers, est en cours d’installation au CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives). Il a bénéficié d’une large coopération internationale, avait expliqué Thierry Breton, PDG d’Atos, en avril dernier. Il permettra de simuler le calcul quantique.
A propos du programme Quantum, le dirigeant français a souligné que tous les secteurs d’activités allaient être bouleversés dans les décennies à venir par la « seconde révolution quantique (…), de la médecine à l’agriculture en passant par la finance ou l’industrie. C’est une véritable aventure collective, humaine et technologique qui s’ouvre devant nous », évoque-t-il dans un communiqué.
Un programme revu par six scientifiques de renom
Six physiciens quantiques et mathématiciens ont revu le programme Quantum. Il s’agit d’Alain Aspect, professeur à l’Institut d’Optique Graduate School et à l'Ecole Polytechnique, de David DiVincenzo, Professeur à la fondation Alexander von Humboldt, d’Artur Ekert, Professeur de Physique Quantique à l’Institut de Mathématiques de l’Université d’Oxford, de Daniel Estève, directeur de recherche au CEA Saclay, directeur de Quantronique, de Serge Haroche, prix Nobel de Physique et professeur honoraire au Collège, et de Cédric Villani, lauréat de la Médaille Fields, professeur de l’Université de Lyon Claude Bernard.
En juin dernier, sur le forum Teratec 2016, Thierry Mandon, secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur et à la recherche, avait présenté la technologie quantique comme une priorité de recherche pour la France. Au CEA, notamment, une équipe d’une vingtaine de chercheurs, sous la direction de Daniel Esteve, travaille depuis plusieurs années sur ces sujets. Dans le domaine de l'intelligence artificielle, le CEA et Atos ont par ailleurs annoncé en octobre la création d'une chaire sur le machine learning avec l'ENS Paris Saclay.