Les prétendants à la fonction de président l'ont bien compris, pour une campagne réussie, les moyens mis en oeuvre sur le net sont devenus primordiaux. Les Français passent en moyen 2h17 chaque jour sur la toile, considérée depuis quelques d'années comme le média le plus influent devant la TV, la radio, les magazines et les quotidiens. Devant une telle opportunité de séduire, 9 des 10 candidats à la présidentielle se sont ainsi implantés sur les réseaux sociaux, Facebook et Twitter en tête. Une manière nouvelle de renforcer le sentiment de proximité avec les militants et de convaincre les indécis. Si le jeu n'en valait pas forcément la peine en 2007 lorsque le nombre d'utilisateurs français sur Facebook ne dépassait pas les 200 000; 5 ans plus tard, avec plus de 20 millions d'inscrits, nul doute que l'opportunité n'est pas négligeable.

Grand gagnant, en France, de la course aux nombres de « fans » sur Facebook, Nicolas Sarkozy. Le président sortant réunit pas moins de 650 000 personnes sur sa page ; il faut dire que ce dernier est présent de longue date sur le réseau social préféré des Français et qu'il a pu jouir durant 5 ans de son statut de chef d'État pour développer sa notoriété. Deuxième sur le podium : François Hollande. Le président-élu réunit près de 156 000 fans. Bon dernier, Philippe Poutou s'en tire de son côté avec un peu plus de 5 400 utilisateurs.
Du côté de Twitter, la tendance s'inverse puisque c'est François Hollande qui a su rassembler le plus de followers. Le président-élu est suivi par plus de 320 000 abonnés contre seulement 230 000 pour Nicolas Sarkozy. Seule résistante à l'hégémonie des réseaux sociaux, Nathalie Arthaud, candidate de Force Ouvrière n'est présente que sur Google+, la plateforme sociale de Google.

Aux États-Unis, Mitt Romney à la peine sur le web

Mais la guerre pour la conquête des réseaux sociaux ne fait pas rage qu'en France. Outre-Atlantique, aux États-Unis, le candidat républicain à l'élection présidentielle Mitt Romney craint le cyber-KO face à un Barack Obama rodé par la campagne présidentielle de 2008 qui lui avait permis de battre John McCain. Le mormon tente tant bien que mal de mettre un terme au gouffre abyssal séparant les deux candidats sur la toile. Face à lui, une véritable armée d'internautes démocrates répandant la parole de leur candidat jusque dans les villages les plus reculés.

Si Mitt Romney a plus ou moins comblé l'écart concernant l'utilisation massive de Youtube pour diffuser les conférences de presse, les discours et les spots de campagne des candidats, le républicain se bat toujours pour renforcer sa présence sur Facebook. Aux États-Unis, le réseau social compte plus de 160 millions d'utilisateurs, dont un pan important de l'électorat américain. Sur sa page, le président Barack Obama compte 26 millions de « J'aime » alors que Mitt Romney n'en compte que 1,6 million : un signe fort de la faible présence des républicains sur la toile. Sur Twitter, l'écart est moins important, mais reste de taille, 14 millions de followers pour Barack Obama ; 1,4 pour Mitt Romney. Toujours aux États-Unis, selon un rapport de comScore sur le rôle des outils de campagne en ligne dans la campagne électorale de 2012, les démocrates obtiennent un rapport de 10 contre un, un coup dur pour Mitt Romney et le parti conservateur qui ne baisse pas les bras et vient de lancer le Social Victory Center. L'outil devrait permettre aux républicains de centraliser via une application sur le réseau social Facebook toutes les idées et propositions de bénévolat pour convaincre le plus d'électeurs possible.

Un arsenal numérique de pointe

Mais la grande nouveauté de cette campagne 2.0, c'est  aussi le côté participatif. En effet, tous les candidats ont redoublé d'inventivité pour mettre à disposition des militants du matériel de campagne, de la simple impression de tracts à la géolocalisation des évènements à venir, en passant par un système de récompense des actions militantes du côté de Nicolas Sarkozy. L'innovation a été le maître mot.

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Le relais des évènements de campagne semble lui aussi avoir été un impératif pour tous les candidats. Web radio pour François Hollande, magazine vidéo pour Jean Luc Mélenchon et même timeline multi formats pour François Bayrou, la communication des évènements a été l'un des points chauds de cette campagne qui n'a décidément pas à rougir de son homologue américaine.

 Variant de 100 000 euros pour le budget le plus faible* (Jean Luc Mélenchon) à 2 millions d'euros pour les plus élevés (François Hollande et Nicolas Sarkoz ), les budgets de campagne Internet ont considérablement augmenté par rapport à 2007.
Alors que les petits partis semblent investir dans sur la toile pour donner une meilleure visibilité à leurs idées et à leurs programmes, les plus gros candidats, eux, cherchent à mobiliser et à stimuler l'activité des sympathisants et des militants afin de créer un véritable sentiment d'appartenance à une communauté.

10 ans plus tard

Alors qu'en 2002 le web n'était encore utilisé que comme un simple moyen de relais de l'information descendante ; en 2007, celui-ci a entamé sa mutation en exploitant les premiers usages 2.0, notamment lors de la campagne de Ségolène Royal qui avait alors introduit une dimension participative jusque-là inexistante et reprise à l'heure actuelle par tous les candidats. De son côté, Nicolas Sarkozy s'était appuyé sur une plateforme communautaire afin de fédérer son réseau de supporters et avait utilisé massivement la vidéo et les blogueurs afin de relayer ses propositions sur la toile.

En 2012, le web semble enfin s'être complètement intégré dans les dispositifs de campagne, et la bataille y est aussi rude que sur le terrain. Internet n'est plus un outil « en plus » de la campagne, mais bel et bien une arme de communication massive, une articulation entre les partis et les militants présents sur le terrain. On retiendra notamment l'organisation depuis le web de la campagne de porte-à-porte effectuée durant la campagne de François Hollande ou le Google Agenda de Jean Luc Mélenchon.

Pari réussi pour les personnalités politiques françaises qui ont donc su tirer le meilleur de toutes les possibilités offertes par le net.

*  les budgets numériques de Philippe Poutou, Nathalie Arthaud, Jacques Cheminade et Nicolas Dupont-Aignan n'ont pas été communiqués lors de l'enquête

 

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