En direct de Las Vegas. Si une grande partie du discours d’ouverture d’Andy Jassy lors de la conférence Re :Invent était orientée sur le machine learning, le CEO d’AWS n’a pas fait impasse sur le cœur de métier du groupe : l’infrastructure as a service. Et tout commence par le compute. Parodiant Microsoft qui annoncer aimer Linux, Andy Jassy clame que AWS aime le compute sous toutes ses formes, instances et conteneurs.
AWS pousse les puces serveurs ARM dans ses datacenters
Sur le premier point, l’annonce majeure est la confirmation de la rumeur portant sur la seconde génération des puces serveurs nommées Graviton. Depuis quelques années, AWS travaille avec la société Annapurna Labs rachetée en 2015 sur la création de ses propres puces serveurs sous architecture ARM. Chose faite en 2018 avec le lancement des instances A1. Avec Graviton 2, AWS passe un autre cap et affiche l’ambition de pousser l’environnement ARM au sein du datacenter aujourd’hui dominé par Intel et les puces x86. Même si Andy Jassy rassure sur les relations au beau fixe avec Intel (Xeon) et même AMD (Epyc), il explique pourquoi AWS joue sa propre partition : « Il y a trois raisons : la première qui nous a surpris est que les clients [NDLR : Samsung, CBS, LG Electronics ou Nielsen] ont répondu présent sur l’offre Graviton, la seconde est qu’il existe un écosystème pour développer des applications et des outils sur ARM, la troisième est que nous avons besoin d’innover ».
Côté performance, le processeur Graviton 2 est fabriqué en 7 nm (contre 16 nm pour son prédécesseur). L’architecture choisie est la plateforme Neoverse N1 designée par ARM avec les équipes d’Annapurna Labs. La puce peut comprendre jusqu’à 64 cœurs et jusqu’à 256 Go de mémoire. Concernant les instances dédiées à cette deuxième itération de Graviton, AWS n’a pas choisi la dénomination A2 mais une déclinaison en trois instances M6g, C6g et R6g (une version bare metal est aussi disponible) au sein d’EC2. Une reconnaissance en somme. La première est l’offre basique pour des charges de travail de type serveurs d’application, microservices, etc. La seconde se concentre sur le compute pour adresser des besoins comme le HPC, l’encodage vidéo, le jeu, ... Enfin la troisième proposition renforce les capacités mémoire pouvant monter à 512 Go et ainsi se focaliser sur les bases de données. Pour les workloads les plus exigeants, il est possible d’avoir du stockage local en NVMe. A noter que sur la partie réseau, les puces Graviton 2 pourront avoir jusqu’à 25 Gbt/s de bande passante et jusqu’à 18 Gbt/s de bande passante optimisée pour EBS (stockage bloc). Enfin sur la disponibilité des instances, M6g est accessible en preview (comme indiqué sur le tableau ci-dessous), pour les autres aucune date n’a été donnée.
Mariage entre Kubernetes et Fargate
Dans son idylle avec le compute, AWS n’oublie pas le monde des conteneurs et annonce le support de EKS (Elastic Kubernetes Service) pour Fargate, l’offre serverless dédiée au conteneur sur AWS. Le constat est simple pour Andy Jassy, « 81% des conteneurs dans le cloud sont sur AWS » et ajoute « 84% de tous les Kubernetes tournent aussi sur AWS ». « Les clients ne veulent pas juste des conteneurs, mais ils souhaitent des conteneurs intégrés avec le reste d’AWS », observe le dirigeant. La combinaison EKS et Fargate supprime plusieurs tâches comme le provisioning et la gestion de l’infrastructure pour les pods, mais aussi la création et la gestion des instances EC2 pour les clusters Kubernetes. En matière de facturation, le client paye en fonction des ressources nécessaires pour le pod Fargate (vCPU et mémoire) et un prix de 0,20 dollars de l’heure par cluster Kubernetes. Ce service est disponible dans plusieurs régions dont en Europe (Irlande).
Andy Jassy reconnait que cette intégration s’est révélée être « un défi de taille », mais elle était nécessaire pour garder un temps d’avance par rapport à la concurrence. « Avec quatre offres sur la partie conteneurs, nous proposons différentes options aux développeurs en fonction des priorités de management des conteneurs. Certains souhaitent un plus grand contrôle, d’autres veulent une solution open source et d’autres veulent éliminer les tâches de gestion », conclut-il.