C’est une offre très spécifique de gestion de la facturation conçue pour les fournisseurs d’électricité et de gaz que l’éditeur Powercloud a développé et propose en mode SaaS. Elle s'adapte en particulier à la complexité de leur réseau de distribution. La société a été créée en 2012 en Allemagne par Marco Beicht, son CEO. Elle opère son logiciel sur les trois principaux clouds publics, principalement sur AWS, mais également sur Azure et Google, en le déployant sur la région choisie par le client. Son application se focalise « sur la chaîne de valeur de l’énergie qui va de la production jusqu’à la commercialisation aux clients, BtoC mais aussi BtoB, corporate et collectivités », nous a expliqué Pouya Jam Jam qui a été nommé en avril dernier pour développer les activités de la plateforme en France, au poste de general manager et vice-président Alliances EMEA. « Nous fournissons un service pour gérer la facturation des clients dans le monde de l’énergie qui est certainement l’un des sujets les plus compliqués au niveau mondial, tous secteurs confondus ».
La solution a été développée pour l’Allemagne qui présente un contexte très particulier puisque chaque land y a ses propres distributeurs d’énergie. « Il faut pouvoir se connecter à ces réseaux, comprendre les messages envoyés et les traduire ensuite en éléments de kilowatts ou de mètres cubes pour le gaz et les transformer en euros », remet en situation le responsable français de Powercloud. La solution couvre aussi le marché des installations thermiques, de l’eau et des eaux usées. Pour répondre à ces besoins métiers très verticaux, les grands fournisseurs comme SAP ou Oracle ont dû précédemment élaborer des solutions spécifiques en complément de leurs ERP traditionnels. Face à ces offres, powercloud joue à fond la carte du SaaS, à la manière d’un Salesforce avec lequel l’éditeur allemand a d’ailleurs noué un partenariat mondial pour gérer la partie front-office prise en charge par les téléconseillers des fournisseurs d’énergie.
Pouvoir créer des bundles d'offres
« Notre solution a été créée pour répondre uniquement aux entreprises du secteur des utilities, les processus définis permettent de traiter de manière industrielle des millions de données et de factures pour les clients en mode cloud », décrit Pouya Jam Jam. L’application permet aussi d’agréger différentes offres, internes ou externes, pour créer des bundles à proposer aux clients. En France, face aux deux gros opérateurs historiques, EDF et Engie, qui ont conservé un poids important sur le marché, la concurrence s’est accélérée et chacun s’appuie sur les nouvelles technologies pour mettre en place des solutions plus rapidement. « L’idée est d’aider les opérateurs, anciens et nouveaux, à entrer dans des logiques de plateformes », indique M. Jam Jam en ajoutant que les systèmes d’information historiques des fournisseurs d’énergie n’apportent pas cette capacité de constituer des bundles d’offres ou d’axer les équipes marketing sur la création de valeur pour les clients. L’association avec Salesforce permet aux téléconseillers de faire de la configuration d’offres, le back-office de Powercloud assurant derrière la partie facturation. « Le fournisseur définit une nouvelle offre ou stratégie commerciale et celle-ci est très rapidement mise en oeuvre dans notre système pour facturer aux clients les nouveaux services ». Le cloud apporte ses capacités de mise à l’échelle.
Un indicateur « cost to serve » situé entre 5 et 15 € par client par an
En Allemagne, Powercloud travaille depuis 2017 avec E.ON, le principal fournisseur d’énergie outre-Rhin qui compte 18 millions de clients. « Ils avaient vraiment une volonté de se transformer », souligne Pouya Jam Jam qui précise que 4,5 millions de clients sont déjà passés sur la plateforme powercloud, les autres devraient suivre d’ici fin 2023. Les fournisseurs d’énergie qui recourent à Powercloud paient uniquement pour leurs clients connectés et facturés par la plateforme. Pour certains grands acteurs du secteur de l’énergie qui ont réalisé d’énormes investissements sur leurs ERP classiques, la migration vers un nouveau système ne se fera pas du jour au lendemain. « Il faut regarder à quel moment il est pertinent de migrer en fonction des contraintes IT et métiers. Typiquement, cela se fait lors d’événements clients, par exemple des déménagements ou l’arrivée de nouveaux clients », indique M. Jam Jam.
Parmi ses utilisateurs, l'éditeur allemand compte aussi EnBW, EWE, Yippie, LichtBlick ou Sachsen Energie. Au total, sa plateforme facture 8 millions d'usagers.
L'application présente une structure modulaire couvrant les produits, l'acquisition de clients, le CRM et les services, le MDM, les partenaires marché, la facturation, la gestion des paiements et la comptabilité. Selon l'éditeur, elle s'adapte au services publics, aux groupes énergétiques et aux start-ups. (agrandir l'image)
Au nombre de ses actionnaires figure le fonds d’investissement General Atlantic qui a engagé plus de 100 M€ en 2019 pour lancer la société à l’international et adapter notamment la solution à un marché régulé comme la France. Comparant le coût de l’offre Powercloud face aux éditeurs traditionnels, le responsable français évoque l’indicateur Cost-to-serve (CtS) qui « parle au CEO et au directeur financier ». « C’est l’ensemble des coûts pour opérer le système, rapporté à un client par an. Avec un système traditionnel, il s’élève à 30 € par an et par client. Avec notre proposition de valeur qui ne facture pas une licence mais au nombre de clients connectés, nous sommes prédictifs. Nous voyons que pour la plupart des clients avec lesquels nous avons souscrits, le cost to serve se situe entre 5 et 15 € », pointe le vice-président Alliances EMEA.
En juillet, Powercloud a signé un partenariat avec IT-NewVision, une entreprise de services numériques française spécialisée dans les systèmes de facturation des secteurs de l’eau, de l’assainissement, de l’électricité et du gaz. Les deux sociétés vont combiner leurs offres et leurs expertises fonctionnelles et techniques pour s’adresser aux grands comptes en France.