Toutes les entreprises industrielles - ou presque - ont aujourd'hui une feuille de route ou à minima un ou plusieurs projets reliés à l'Industrie 4.0. Mais, selon le dernier baromètre du cabinet Wavestone, seules 7% d'entre elles parviennent à déployer ces solutions au rythme planifié, en raison d'infrastructures industrielles obsolètes et d'un manque de compétences sur le sujet. Vus avant tout comme un levier d'efficacité opérationnelle (27% des répondants les associent à l'amélioration de la productivité et 19% à une agilité renforcée de la production), les projets d'Industrie 4.0 nécessitent, en effet, une infrastructure industrielle au niveau.
Selon Wavestone, seules 37% des répondants estiment que leur entreprise possède un socle technologique prêt à accueillir ce type de déploiement. Une proportion encore limitée, mais en nette croissance (+18 points) par rapport à l'édition précédente de l'étude, il y a un an. « La transformation est plus coûteuse pour les grands groupes, logiquement freinés par la complexité des infrastructures et la disponibilité des ressources en volume et en compétences. Les PME sont plus agiles (chez ces dernières, 44% des répondants estiment les infrastructures prêtes, NDLR), mais peuvent parfois sous-estimer la difficulté de mise en place des projets », commente Wavestone. Pour Vincent Champain, vice-président en charge de la performance digitale et de la DSI de Framatome, « les projets digitaux ambitieux vont souvent dévoiler des faiblesses sur les fondamentaux informatiques. Or s'il y a une dette technique non résolue, il sera impossible d'avancer sur sa transformation industrielle ».
L'analyse prédictive ou prescriptive pour un industriel sur trois
Au sein des grands groupes industriels, la structuration de la stratégie Industrie 4.0 s'articule souvent autour de la mise en oeuvre de SI d'exploitation (comme les MES), un domaine où Wavestone constate un grand nombre de projets de renouvellement ou de premier déploiement. L'étude souligne également une amélioration de la maturité des industriels français sur la connectivité et l'exploitation de la donnée. Un tiers des répondants considèrent que leur organisation est aujourd'hui pleinement opérationnelle sur ces sujets et 40% supplémentaires les estiment partiellement maîtrisés. Soit des progressions de 15 et 7 points en un an, respectivement. Des bonds qui résultent des investissements consentis par les entreprises industrielles : 88% des répondants indiquent que leur entreprise a lancé des initiatives dans les domaines de la data et de l'IA. Sur la production et la maintenance, un industriel sur trois a ainsi déjà déployé de l'analyse prédictive (anticipation des événements futurs) ou prescriptive (recommandation des ajustements nécessaires), même si elles sont plus nombreuses à en rester aux stades de l'analyse descriptive ou diagnostique.
Pour près de 8 répondants sur 10, approfondir les usages de la data et de l'IA se heurte au manque de compétences et de culture des équipes sur ces sujets. La difficulté à démontrer un ROI, une mauvaise connaissance des données disponibles et la difficulté à y accéder apparaissent également comme des freins significatifs. Notons que ces difficultés sont bien plus prégnantes dans les grands groupes (plus de 5000 personnes) qu'en PME (moins de 250). Seuls 6% des répondants en PME considèrent ainsi la difficulté d'accès aux données comme un frein à leurs projets d'IA, contre 54% des décideurs dans les grands groupes. « La différence peut s'expliquer par de plus fortes contraintes au sein des grands groupes : une architecture SI plus tentaculaire, des systèmes de gestion de données plus divers, une volumétrie et une variabilité des données plus importante », commente Wavestone.
Optimiser la consommation énergétique
L'enquête du cabinet de conseil établit également un lien entre les plans de décarbonation de l'activité et les projets d'Industrie 4.0. Pour un industriel sur deux, il s'agit même d'un enjeu principal des initiatives en la matière. Le principal levier identifié par les industriels pour réduire l'impact de leurs activités réside dans la réduction de la non-qualité. Suivent l'intégration de composants recyclés et le recours à un nouvel outil de production. Notons que la capture et le stockage du carbone restent faiblement déployés à ce jour (uniquement dans 7% des entreprises, même si 27% supplémentaires l'étudient). Enfin, dans le sillage de la crise énergétique, une vague de projets d'amélioration de l'efficacité énergétique (91% des industriels) et de sobriété en la matière (85%) a vu le jour, portés très souvent par des mécanismes de collecte et d'exploitation de la donnée.