La réputation intraitable que s'est taillée Sony en matière de protection des droits de la propriété intellectuelle permet peut-être de donner quelques éléments de réponses à cette question. Gene Spafford, expert en sécurité à la Purdue University, qui a témoigné devant le Congrès pour expliquer les problèmes de sécurité auxquels était confronté Sony, estime que les motifs ne manquaient pas.
À commencer par le bannissement par Sony des utilisateurs qui ont modifié leurs PlayStation (pour installer une distribution Linux ou utiliser des jeux piratés), sans parler de l'installation de « rootkits » sur les PC des utilisateurs pour empêcher la copie de CD, et les poursuites intentées contre des gens comme Jammie Thomas ou George Hotz, un hacker qui s'est illustré par le déverrouillage de l'Phone. Il a aussi agacé Sony avec son blog dans lequel il a rendu compte de ses progrès pour pirater la PlayStation 3, considéré jusque-là comme un système totalement verrouillé et sécurisé, inviolable.
Une compagnie devenue une proie facile
Jammie Thomas s'est fait prendre dans une affaire de piratage de musique, accusé par l'industrie du disque de partager ses musiques en ligne via le site de partage de fichiers Kazaa. «L'image qui en résulte, c'est que Sony est une société motivée par le gain et sans coeur, » a déclaré Gene Spafford. Aussi, selon l'expert, « ce ne serait pas surprenant que le géant japonais soit une cible pour les pirates. »
Il y a aussi eu l'attaque contre le PlayStation Network, et le pillage de millions de comptes utilisateurs et de leurs données personnelles. Une fois que l'on a su que Sony ne faisait pas un si bon travail que ça sur le plan de la sécurité, les requins ont, pour ainsi dire, flairé l'odeur du sang. Sony s'est vue attaquée de manière constante sur tous les fronts, depuis les actions de phishing menées contre les serveurs de son site thaïlandais jusqu'aux attaques les plus récentes, menées par l'implacable groupe de hackers connu sous le nom de LulzSec.
Petite chronologie des dernières attaques contre Sony :
- Le 17 avril, le PlayStation Network (PSN) est piraté. Les hackers accèdent aux informations personnelles de plus de 77 millions de comptes utilisateurs.
- Le 2 mai, Sony reconnaît que plus de 12 000 numéros de cartes de crédit ont été volés lors des premières attaques contre le PSN.
- Les 19 et 20 mai, des jetons virtuels, d'une valeur de 1 200 dollars, sont volés à So-net, une filiale de Sony, et un site de phishing est démasqué sur le serveur thaïlandais de Sony.
- Le 23 mai, le serveur BMG de Sony hébergé en Grèce est piraté et les informations des comptes utilisateurs volés.
- Le 24 mai, Sony confirme que des pirates sont parvenus à voler 2 000 dossiers sur le site canadien de Sony Ericsson (eShop).
- Le 2 juin, le groupe Lulzsec attaque Sonypictures.com, et parvient à accéder aux données utilisateurs.
L'expert en sécurité informatique et ancien hacker, Gregory Evans suggère à Sony d'embaucher des anciens hackers plutôt que des responsables informatiques pour sécuriser ses réseaux. « N'importe qui peut configurer un pare-feu, mais cela ne signifie pas pour autant que vous êtes un expert en sécurité, » a-t-il déclaré.