Aujourd'hui, le marché du HPC est dominé par les entreprises américaines notamment HP, IBM, Cray et Dell. Sur la récente liste du Top500, 39% des supercalculateurs étaient équipés par HP, 33% par IBM et 10% par Cray. Pour autant dans l'optique du développement d'un supercalculateur exascale (un milliard de milliard d'opérations par seconde ou 10 puissance 18), l'Europe, la Chine et le Japon sont des concurrents sérieux aux ambitions américaines.
Les Etats-Unis n'ont pour l'instant pas de budget précis, ni de date sur ce projet. A l'inverse, les européens travaillent dès maintenant sur un système exascale utilisant des puces ARM et vise un résultat d'ici 2020. L'objectif pour les européens est de créer un consortium similaire à Airbus qui défie Boeing, sur le marché des avions de transport. Selon Alex Ramirez, directeur de recherche auprès du Barcelona Supercomputing Center, « l'Europe ne veut pas juste un système exaflopique, mais elle veut être en mesure de le construire et ne pas l'acheter auprès d'un fournisseur ». Les pays du vieux continent se sont engagés à dépenser l'équivalent de 1,6 milliard de dollars.
L'Asie en embuscade
L'Asie est en embuscade et la Chine pourrait se doter d'un système exascale en 2020. En matière de HPC, le Tianhe-2 a conservé sa place dans le Top500 en affichant une capacité de calcul de 34 pétaflops. La Chine prévoit la création de deux systèmes de 100 pétaflops d'ici 2015 avec des composants nationaux. Earl Joseph, analyste chez IDC, prévoit que « les chinois auront deux ans d'avance sur les Etats-Unis pour parvenir à l'exascale ».
Pour le Japon, le directeur de l'Institut de recherches avancées en informatique Riken, Kimihiko Hirao a indiqué que des discussions sont en cours pour créer un système exascale en 2020 utilisant moins de 30 mégawatt de puissance. Il admet qu'il s'agit d'une course entre les Etats et que le Japon peut espérer la gagner. Un avis partagé par Jack Dongarra, professeur d'informatique à l'Université de Tennessee et caution académique du Top500, « quand les japonais ont décidé d'un plan pour créer ces systèmes, ils vont jusqu'au bout ». Il reste par contre sceptique sur l'avancée de la Chine, « elle n'est pas en avance sur les logiciels, ni en termes d'application ». Il ajoute cependant que « la Chine a montré sa volonté d'investir dans le HPC à un niveau supérieur à celui des Etats-Unis »
Quelques obstacles à lever
Plusieurs obstacles doivent être levés pour aboutir à des systèmes exaflopiques. Les considérations techniques existent comme la mémoire vive. La DRAM actuelle est trop lente et trop coûteuse. Des travaux s'orientent vers des mémoires à changement de phase, 100 fois plus performantes que la technologie flash. Par ailleurs, les coûts énergétiques sont aussi à prendre en considération avec des systèmes nécessitant au moins 20 mégawatt, certains pensent même atteindre les 50 à 100 mégawatt pour ce type de supercalculateur. Enfin, il faut une volonté politique et des investissements. Or aux Etats-Unis, le Congrès bloque pour l'instant les financements de ces travaux. M. Dongarra reste néanmoins optimiste sur le déblocage de la situation, car il s'agit d'un sujet soutenu par les républicains et les démocrates.
Pourquoi les Etats-Unis pourraient perdre la course à l'exascale ?
Dans la course mondiale aux supercalculateurs exaflopiques, il n'est pas certain que les Etats-Unis y arrivent les premiers. L'Asie et l'Europe pourraient créer la surprise.