La crainte, fondée, de voir les défaillances d'entreprises fortement croître au premier trimestre ne s'est pas concrétisée. Les dernières statistiques livrées par le cabinet Altares traduisent même une situation opposée. Durant la première partie de l'année, seulement 10 9000 procédures collectives (sauvegarde, redressements, liquidations) ont en effet été ouvertes. Un chiffre en baisse de 23% (-2,9% pour les acteurs des logiciels et des services) par rapport à la même période en 2019 et qui s'avère être le plus bas de ces dernières années. Etonnant, d'autant plus que mars, mois du début du confinement, a été encore meilleur que les deux mois précédents. En janvier et février, le nombre de procédures a respectivement baissé de 21% et 14% pour se situer au-dessus de 4000. Ce volume est passé sous la barre de 3000 en mars, dont 90% sur les 17 premiers jours.
L'explication de cette situation déconnectée de la conjoncture économique globale (le PIB français a chuté de 6% au premier trimestre 2020) est avant tout technique. Depuis l'instauration de l'état d'urgence, les textes relatifs aux procédures collectives ont été modifiés. Grâce à ce changement, toutes les procédures qui auraient dû être ouvertes à partir du 12 mars ont été gelées jusqu'au 24 juin. L'impact de la mesure est encore plus visible sur le mois d'avril, au cours duquel le nombre de procédures est tombé à 679, soit 76% de moins qu'en avril 2019. Les entreprises ont également bénéficié des mesures de soutien mise en œuvre par le gouvernement, puisque lors de la réouverture des tribunaux par visioconférence début avril, aucun bond des ouvertures de procédures n'a été constaté.
+27% de défaillances chez les petites PME
La façon dont les choses ont évoluées jusqu'ici ne doit pas faire penser que la population des entreprises qui passeront par le tribunal de commerce en 2020 va baisser. Au contraire, Altares estime que l'on pourrait compter 4 000 à 5 000 défaillances de plus qu'en 2019. Le bât devrait notamment blesser au niveau des PME de 50 à 100 salariés qui sont fragilisées. Entre janvier et mars, le nombre de défaillances de ces structures a bondi de 27%.