Comme l’a expliqué Pat Gelsinger, CEO de VMware lors de la communication des résultats financiers de l’entreprise, les produits de virtualisation qui ont fait le succès de l’éditeur « arrivent à maturité ». La part des recettes provenant de ces produits va décroître et ils ne seront plus au centre de l’activité future de l’entreprise. Cette semaine, VMware a également annoncé 800 licenciements et son directeur financier a quitté l'entreprise. Enfin, un projet de fusion de la société mère EMC avec Dell plane au-dessus de l’entreprise. Heureusement, une nouvelle fonctionnalité de mise en réseau dans le cloud évoquée par Pat Gelsinger pourrait donner un gros coup de pouce aux futurs projets clouds de VMware.
Dans le cadre de la restructuration, Pat Gelsinger a annoncé que VMware stabilisait ses investissements dans la plate-forme cloud publique vCloud Air (vCA). Le CEO a précisé à propos de vCA que VMware donnerait la priorité aux services que l’entreprise est en mesure de fournir. Pour comprendre ce que cela veut dire, un retour en arrière est nécessaire : l’an dernier, VMware avait montré que sa plate-forme de virtualisation de réseau NSX pouvait servir de connexion logicielle entre des clients sur site de datacenters et vCloud Air. Cette année, l'entreprise pourra élargir cette capacité afin que NSX puisse être utilisée comme plate-forme de connexion entre les sites des clients et de nombreux clouds publics, y compris Amazon Web Services et Microsoft Azure. Cela pourrait changer la donne sur le marché du cloud IaaS dans son ensemble.
Un marché de la virtualisation désormais mature
Il existe plusieurs façons de connecter des clients à un cloud public : une simple connexion Internet, une connexion directe entre le datacenter du client et le cloud, ou le passage par un fournisseur de colocalisation dans le genre d’Equinix, qui se charge de connecter ensuite le client au cloud. VMware espère que NSX peut faire office de canal d’échange sécurisé et chiffré entre les clients et le cloud. « Plus tard cette année, nous proposerons une nouvelle offre NSX, qui permettra aux clients de créer des réseaux de routage sécurisés et cryptés pour se connecter aux clouds publics, dont AWS et Azure, et à des datacenters sur site », a déclaré Pat Gelsinger lors de la présentation des résultats financiers.
NSX est donc peut-être la solution qui va sortir VMware de ses turbulences. L’éditeur veut montrer qu’il est capable d’exister au-delà de ses produits de gestion de la virtualisation. Le réseau et le stockage virtualisés constituent ce que VMware appelle le Software Defined Data Center. La plate-forme NSX – issue du rachat de Nicira Networks fondée par Martin Cassado - fait déjà figure d’actif positif dans le bilan de VMware puisque son chiffre d’affaires a doublé au cours de l’année dernière pour atteindre les 600 millions d’euros. Dans le même temps, le démarrage de vCA a été plus irrégulier. VMware a d’abord conclu un partenariat avec le cloud public IaaS de Google pour offrir aux clients « scale-out » les capacités de vCA. Ensuite, après le rachat du fournisseur de cloud concurrent Virtustream par EMC, l‘objectif était d’associer vCA à cette activité. Mais Pat Gelsinger a revu sa stratégie. De plus, le départ récent de deux dirigeants du cloud - Simone Brunozzi et Mathew Lodge, qui ont tous deux rejoint des startups – fait que l’avenir de vCA reste incertain.
Arrêter de concurrencer inutilement AWS
Peter Christy, directeur de recherche et spécialiste des réseaux chez 451 Research, pense que l’extension des capacités de NSX à d'autres clouds publics va de soi. Pat Gelsinger a peut-être estimé qu’il ne servait à rien à long terme d’investir des milliards de dollars pour concurrencer AWS. C’est pourquoi il veut se concentrer sur les outils de gestion et les logiciels de réseaux. Sur le plan positif, VMware dispose d'une base de clients d’entreprise très importante à laquelle il peut aussi vendre son produit. Selon Peter Christy, NSX pourrait intéresser les ingénieurs réseaux qui ont besoin de créer et de gérer de nombreux réseaux pour le compte des développeurs d'applications. Le problème, c’est qu’avec Azure Stack, qui offre du cloud privé en miroir de son cloud public IaaS aux entreprises qui privilégient une approche de cloud hybride, Microsoft cherche à adopter une stratégie similaire.