Alan Clark, président de la Fondation OpenStack - et accessoirement en charge des initiatives industrielles chez Suse - était de passage à Paris hier à l'initiative de Patrick Debus-Pesquet, le directeur technique de Numergy, la filiale cloud computing de SFR, Bull et la Caisse des dépôts et consignations. Le fournisseur de services cloud, qui a lancé ses premières offres cloud compute en juin dernier, utilisait à l'origine une architecture VMware développée en 2010 pour SFR Business Team par l'équipe de Sébastien Reister, senior architecte cloud chez HP. Si cette solution a permis de démarrer un peu plus vite qu'un concurrent également financé par des fonds publics, Numergy devait trouver le meilleur compromis entre le go-to-market et le très fort engagement sur le SLA, comme nous l'a expliqué le directeur technique. Une grosse pression a donc été mise sur les fournisseurs - HP et Bull R&D notamment - pour concevoir une plate-forme reposant sur OpenStack combinant méthode de gouvernance, indépendance du code vis-à -vis du matériel, élasticité pour supporter les pics de production et alignement sur les standards d'usages. Ce cloud v2 sera mis en service au premier trimestre 2014.
Philippe Tavernier, PDG de Numergy, peut compter sur une solide plate-forme technique pour accompagner le développement de ses services cloud.
Concomitamment, en début d'année plus exactement, HP commençait à travailler sur son projet CloudOS basé sur OpenStack. Une plate-forme combinant une version Open Source « stock » de la distribution cloud et un gros travail d'intégration réalisé par HP, comme nous l'a rappelé durant cette conférence de presse Xavier Poisson Gouyou Beauchamps, responsable cloud EMEA chez HP. C'était justement un des points abordés avec Alan Clark, à savoir comment travailler avec les différents composants et versions d'OpenStack. La Fondation, qui rassemble un grand nombre de fournisseurs IT (Rackspace, Red Hat, Suse, Intel, Dell, HP, IBM, VMware, Cisco, Juniper, Brocade, eNovance...) travaille en effet à un rythme soutenu. Une release est en effet proposée tous les six mois, la dernière en date se prénomme Havana, la huitième version en moins de trois ans. Pour stabiliser le produit proposé à ses clients, HP a décidé de verrouiller le coeur de son CloudOS et de supporter au moins les deux versions antérieures.
Eviter une fragmentation d'OpenStack
Conscient de ce problème qui complique le travail d'intégration et pourrait mener à une fragmentation d'OpenStack, Alan Clark estime pouvoir compter sur les partenaires qui adaptent et verrouillent les versions et les composants destinés aux clients. « Beaucoup d'entreprises se demandent si elles doivent rejoindre OpenStack ou investir leur temps et leur énergie dans une autre plate-forme. Chez nous tout est ouvert, ils peuvent savoir ce qui se passe. Beaucoup de talents nous ont rejoint et HP a réalisé un formidable travail d'intégration, ce sont des personnes indispensables qui apportent leur expertise sur un grand nombre de composants ».
Comme le dit souvent Xavier Poisson, responsable cloud EMEA chez HP, le cloud n'est à personne mais CloudOS est bien là pour accompagner les clients vers un catalogue de services découplé des délivrances.
Aujourd'hui près de 12 000 personnes sont membres de la Fondation OpenStack, mais seule 921 contribuent directement au code (1,3 million de lignes en Python). « 11 000 personnes n'écrivent pas de code, mais ils participent aux tests, écrivent les indispensables documentations et décrivent aux développeurs les fonctions dont ils sont besoin », a nuancé Alan Clark. En avril dernier OpenStack a réalisé une enquête auprès de ses utilisateurs dans le monde et les résultats sont particulièrement intéressants. 53% des déploiements OpenStack sont de type cloud privé, 8% hybrides et 19% seulement public. Une vraie surprise à la première lecture et un peu moins après réflexion : beaucoup de clouds privés servent de POC ou de plate-forme de tests dans les entreprises et les services publics. 20 000 initiatives ont été recensées par OpenStack un peu partout dans le monde.
Une ambition épaulée par une solide plate-forme technique
Un dernier mot pour finir sur la puissance invitante. Numergy poursuit son développement sous la direction de Philippe Tavernier qui affiche une belle ambition pour 2014 : tripler son chiffre d'affaires pour atteindre la dizaine de millions d'euros. On peut donc estimer à 3/4 millions environ le chiffre d'affaires attendu cette année. Sous la houlette de Patrick Debus-Pesquet, Numergy met en place les ressources techniques indispensables à ses ambitions, un Security Operation Center est par exemple opérationnel depuis peu avec une dizaine de personnes. Numergy compte aujourd'hui une centaine de salariés contre huit fin 2012. « 40 nouveaux utilisateurs nous rejoignent par semaine et nous en comptons 400 en direct aujourd'hui », nous a indiqué Philippe Tavernier. Le développement des partenariats européens se poursuit également - un projet baptisé CloudTeam - avec des discussions avec Portugal Telecom, SwissCom et un opérateur allemand. Enfin des accords de distribution portant sur la fourniture de services cloud publics ont été signés avec Altran et Capgemini.
Patrick Debus-Pesquet, le directeur technique de Numergy, a organisé cette réunion avec Alan Clark au siège de Numergy.