Après les annonces de licenciement, les fonds activistes rentrent dans l'arène pour maintenir la pression sur les sociétés. C'est le cas de Salesforce, où Elliott Management a, selon le Wall Street Journal qui cite des sources proches du dossier, réalisé un investissement de plusieurs milliards de dollars. Les détails de la transaction n’ont pas été communiqués mais il semble que cette montée en puissance change la donne pour le fonds qui, jusqu’à présent, ne faisait pas partie des quinze plus gros actionnaires de Salesforce. Suite à cette participation, il pourrait désormais être en position d'être représenté au conseil d'administration du groupe. Dans une déclaration transmise à l’AFP, Jesse Cohn, directeur associé chez Elliott Management, indique : « Salesforce est l'une des plus grandes compagnies de logiciel au monde et nous l'avons soutenue depuis près de vingt ans, avec un profond respect pour (le CEO, NDLR) Marc Benioff et ce qu'il a réalisé. Nous souhaitons travailler de manière constructive avec Salesforce et lui donner la valeur qui convient à une entreprise de cette envergure ».
Jesse Cohn a siégé aux conseils d'administration de plusieurs sociétés technologiques, dont Twitter, eBay ou plus récemment Pinterest. Il s’agit d’une procédure plutôt classique pour prendre part aux décisions d’une entreprise. Ces investissements massifs offrent au fonds activiste la capacité d'influencer les orientations économiques des sociétés, notamment en ajoutant des personnes internes au sein des conseils d’administration. Elliott Management n’est pas le seul fonds qui agit ainsi. En novembre dernier, lorsque Salesforce a annoncé réduire la voilure de ses équipes, elle répondait en grande partie à la pression du fonds spéculatif Starboard Value. Ce dernier a pris une participation dans la société fin octobre et a immédiatement demandé à Salesforce d'augmenter ses marges, bien que Starboard Value n'ait pas explicitement appelé à une réduction des effectifs.
Une tendance observée ailleurs dans le secteur
La firme fait face à un fort ralentissement de son activité comme beaucoup d’autres entreprises IT – Google, Microsoft, Twitter, Tibco, Citrix, et bien d’autres – toutes touchées par le contexte économique. En début de mois, le groupe a même annoncé le licenciement de 10 % de ses effectifs, soit environ 8 000 salariés, en plus des coupes réalisées en fin d’année dernière. Les licenciements doivent être achevés d'ici à la fin de l'année comptable 2024, clôturée fin janvier 2024. Une mesure radicale qui devrait entraîner des charges d’environ 1,4 à 2,1 milliards de dollars, dont environ 800 millions et 1 milliard seront enregistrés au 4ème trimestre de l’exercice 2023. Interrogée sur l’impact de cette décision sur la filiale française, Salesforce n'a donné aucune réponse. Le groupe devrait publier ses résultats annuels à la fin du mois de février. Son titre avait terminé la semaine en hausse de 3,31 % à 151,25 dollars ce 20 janvier, à la clôture de Wall Street.