Le développement du numérique - c'est-à-dire l'utilisation d'Internet et de la technologie - par l'État et les administrations est jugé comme « avancé » par 59% des Français (dont 5% de « très avancé ») contre 41% d'un avis contraire (2% de « pas du tout avancé »). Ce satisfecit a été donné par les personnes interrogées en juin 2015 par Ipsos pour le compte de la SSII Sopra Steria. 75% des Français jugent que la transformation numérique de l'Etat est une priorité nationale.
Si le sexe, l'âge ou la classe sociale influent peu sur le jugement, d'autres critères ont un effet plus net. Ainsi, les provinciaux (59% d'« avancé ») sont plus enthousiastes que les parisiens (55%), les salariés du public (65%) davantage que ceux du privé (58%) et surtout que les indépendants (52%). Ipsos n'a pas vérifié que ce dernier chiffre était lié à l'amour porté au Régime Social des Indépendants (RSI) pas ses assujettis. Les hommes (78% contre 72% pour les femmes), les parisiens (79% contre 74% des provinciaux), les jeunes adultes 25-34 ans (85% contre 69% des plus de 65 ans) et les plus diplômés (80% pour les Bac+2 et plus contre 62% pour les non-bacheliers) jugent la transformation numérique de l'Etat prioritaire.
Jugement contrasté selon les secteurs
Surtout, le jugement varie nettement selon le secteur des administrations. Ainsi, le fisc (84% d'« avancé ») et la sécurité sociale (60%) sont nettement plébiscités. La police et la justice sont autant nettement en queue de peloton (30%), derrière l'éducation et l'enseignement supérieur (41%) et la santé (42%).
De plus, le secteur privé est globalement jugé plutôt en avance sur le secteur public. C'est notamment le cas du commerce et de la grande distribution (58% de « en retard sur ce secteur ») mais aussi des télécommunications (57%) et des banques (55%).
La simplification de la relation administration-citoyen est la première attente (74% de « prioritaire »), juste devant le « dites le moi une seule fois » (64%). A l'inverse, l'administration sur mobile n'est prioritaire que pour 12% des Français. 89% des personnes interrogées sont, en toute logique, prête à changer leurs habitudes pour utiliser de nouveaux services en ligne (93% des CSP+ et 97% des indépendants !).
Le premier bénéfice attendu est le moindre nombre de déplacements (54% des répondants), juste devant le gain de temps (50%). Le moindre coût du fonctionnement des administrations (25%) et la transparence (12%) ne séduisent pas, sans doute par manque d'impact concret et immédiat. Cependant, 52% des répondants craignent que les données renseignées par Internet ne soient compromises. Les craintes relatives aux usages mêmes du numérique sont marginales : 6% estiment que le papier était plus simple, 9% ne maîtrisent pas l'outil.
Si l'Etat Civil devrait être la priorité des futurs développements pour 43% des Français, les services en relation avec l'emploi passent en première place chez les chômeurs (48% contre 37% pour la population générale). Santé (31%) et Police-Justice (26%) suivent. Curieusement, l'enseignement n'est prioritaire que pour 19% (mais 26% des parents d'enfants de moins de 18 ans). Aujourd'hui, déclarer ses revenus n'est plus vu comme quelque chose de compliqué (sauf par 28% des répondants). Mais, à l'inverse, la transformation numérique est attendue pour simplifier des événements de vie précis : la longue maladie (85%), la recherche d'emploi (82%), le décès d'un proche (81%), le départ en retraite (76%)...