Hier après-midi, le CEO d'Intel Bob Swan a déclaré que les questions de production ne pèseraient plus jamais sur l'activité de ses clients, contrairement à ce qui a pu se passer pendant plusieurs trimestres. En d'autres termes, Intel a déclaré qu'il augmenterait ses capacités de production de puces à 14 nm, alors même qu'il prévoyait d'offrir, pendant la période des fêtes de fin d'année 2019, un volume de produits 10 nm de nouvelle génération plus important que ce qu'il avait initialement prévu. Ces deux déclarations ont été faites en même temps que l'annonce des résultats d'un second trimestre tumultueux.

Le Client Computing Group (CCG) qui centralise depuis 2017 l'activité centrée autour du PC - un secteur qui a connu des difficultés historiques et dont Intel s'est progressivement éloigné - a enregistré une croissance positive de son chiffre d'affaires et de son résultat d'exploitation, tandis que le groupe Data Center, historiquement plus performant, a vu ses revenus et son résultat d'exploitation diminuer. Dans ce contexte, le chiffre d'affaires d'Intel est resté stable à 16,1 milliards de dollars, mais le fondeur rapporte une baisse de 11 % de son bénéfice à 4 milliards de dollars en année pleine. Il a aussi prudemment revu à la baisse ses prévisions de chiffre d'affaires sur l'année en cours.

Aperçu des recettes du Client Computing Group d'Intel au cours du premier trimestre 2019. (Crédit : Intel) 

M. Swan, qui a été confirmé au poste de CEO d'Intel en janvier, a déjà supervisé le retrait du marché des modems 5G pour smartphones décidé par le groupe californien. Selon lui, la cession de McAfee et la vente de Wind River marquent un retour à l'essentiel pour l'entreprise. Et pour ce qui est de l'utilisation de la technologie 5G que la société a mise au point, le CEO a dit qu'une réflexion était en cours. « En faisant moins de choses, nous réaliserons mieux ce qui compte le plus pour nous », a-t-il déclaré. Comme le dit l'adage, Intel se trouve à un moment intéressant de son histoire. Quelques analystes de Wall Street ont été contrariés par la fin de la série de bons et réguliers trimestres successifs. Bob Swan a même été qualifié à tort de CEO par intérim par son propre responsable des relations avec les investisseurs lors des présentations. Il semble que les projets 5G d'Intel ont encore une fois échoué, et personne ne sait à quelle vitesse le fondeur pourra augmenter sa capacité de production de puces à 14 nm. Eclaircie dans ce tableau un peu sombre : lors de l'annonce de ses propres résultats, Microsoft a signalé que la production d'Intel était de nouveau sur la bonne voie, aujourd'hui et pour les trimestres à venir. Espérons que les déclarations audacieuses du CEO en titre ne viennent trop vite le hanter.

Les processeurs pour PC sur la bonne voie

Les projets d'Intel pour le marché des PC semblent assez clair, et peu de choses semblent avoir changé. L'entreprise prévoit toujours de qualifier sa première puce Ice Lake à 10 nm, et de livrer ses clients au cours du second trimestre, de sorte que l'on devrait trouver des PC tournant avec des puces 10nm d'ici les fêtes de fin d'année. « Ce qui a changé, c'est qu'Intel a davantage confiance dans sa production de puces à 10 nm et que l'on prévoit d'expédier plus d'unités au cours du quatrième trimestre que ce que nous avions prévu précédemment », a déclaré M. Swan.

 

Intel fonde ses espoirs sur Ice Lake et compte livrer ses puces 10nm aux fabricants avant l'été. (Crédit : Intel)

Dans son ensemble, le marché des PC a souffert de la pénurie de puces Intel. Selon Gartner, les livraisons mondiales de PC ont chuté de 4,6 % à 58,5 millions d'unités au cours du premier trimestre 2019. Mais la pénurie a profité au rival AMD, puisque sa part sur le marché des ordinateurs desktop a grimpé à 15,8 % au quatrième trimestre 2018 et sa part sur le marché des ordinateurs portables à atteint 12,1 %, selon les rapports de Mercury Research. Hier, le CEO d'Intel s'est engagé à ce que cette pénurie de puces ne se reproduise plus. 

Les dirigeants d'Intel ont déclaré que la production des « big core » comme le Core i9 était une des priorités du fondeur. (Crédit : Intel)

Bob Swan a également déclaré que la satisfaction de la demande des clients et la livraison de sa gamme de produits 10nm étaient des priorités majeures de l'entreprise. « Et nous faisons des progrès. Nos contraintes d'approvisionnement ont perturbé les écosystèmes de conception de nos clients. Nous nous sommes engagés à ne plus jamais peser de manière négative sur leur activité. Nous avons augmenté notre capacité pour améliorer notre situation au second semestre, même si le mix de produits représentera un défi au troisième trimestre, car nos équipes harmonisent l'offre disponible à la demande des clients ». Plus précisément, a dit M. Swan, « l'entreprise accorde la priorité à la production de puces à « gros noyaux» ou multi-coeurs, plutôt qu'à des puces plus petites, moins chères et à « petits noyaux ». Cela signifie aussi que les prix des puces d'Intel se rapprochera davantage des prix récemment annoncés pour les puces Core desktop de 9ème génération, et que les prix des puces moins chères Pentium Gold et Celeron continuera à augmenter.

Cependant, il est difficile de prévoir la tendance des prochains trimestres pour Intel. Selon de précédentes fuites alimentées par une autre fuite de cette semaine, Intel va poursuivre la production de puces à 14 nm jusqu'en 2020 et pourrait lancer un nouveau processeur « Comet Lake » lors du prochain Computex. A l'origine, la puce « Ice Lake » devait être produite en petites quantités, ce qu'Intel semble nier aujourd'hui. L'année 2019 pourrait encore réserver pas mal de surprise !